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Mise en service du plus gros paquebot de son histoire et premier d’une série de quatre unités, réflexion autour d’une nouvelle classe de navires dotés d’une propulsion au GNL, montée en gamme de son produit, développement sur le marché chinois et résultats en hausse… La compagnie américaine Norwegian Cruise Line a le vent en poupe. Avec 14 paquebots (38.764 lits en base double), il s’agit de la principale filiale du groupe NCL Holdings, qui a connu un fin 2014 un développement majeur en reprenant Prestige Cruises, regroupant deux compagnies : Oceania Cruises (5 navires et 4552 lits) et Regent Seven Seas Cruises (3 navires et 1890 lits). La première est positionnée sur le segment « premium + » alors que la seconde est considérée comme l’une des meilleures sur le marché des croisières de luxe. L’ensemble représente 8 navires (6442 lits) soit, avec la flotte de NCL, 22 bateaux pour une capacité totale de 45.206 lits, auxquels s’ajouteront en 2016 deux nouvelles unités, le Sirena pour Oceania et le Seven Seas Explorer pour RSSC « L’alliance de Prestige et NCL offre une combinaison de marques de premier plan qui gardent leur autonomie mais forment un groupe incroyable. Regent est leader sur le marché du luxe et va mettre en service l’an prochain le plus luxueux navire construit jusqu’ici. Oceania, pour sa part, propose une approche unique sur un segment haut premium, avec la meilleure cuisine en mer. Les standards de ces compagnies bénéficient d’ailleurs à NCL, où l’on retrouve par exemple des similitudes avec Oceania, par exemple en matière de présentation et de qualité », explique Franck del Rio, fondateur d’Oceania en 2002, ancien président de Prestige et, depuis janvier dernier, patron de NCLH.

 

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© MEYER WERFT

Bernard Meyer et Franck del Rio lors de la livraison de l'Escape (© MEYER WERFT)

 

Montée en gamme

La formation du nouveau groupe a entrainé un repositionnement de NCL. Traditionnellement, la compagnie, fondée en 1966 et qui a été sérieusement restructurée entre 2007 et 2012, a toujours été réputée pour sa qualité et se situe parmi les meilleures sur le marché des grands paquebots. Mais, alors que certains armateurs, sous la pression de la concurrence et de la baisse des prix, voient leurs standards baisser, NCL fait l’inverse. La qualité de la nourriture, déjà élevée, s’est par exemple encore accrue, alors que les options de restauration sont au nombre de 28 sur le tout nouveau Norwegian Escape, du jamais vu dans la croisière. Inauguré le week-end dernier à Hambourg, ce géant est, avec ses 326 mètres de long, 164.600 GT de jauge et 2174 cabines et suites, le plus gros paquebot de l’histoire de NCL. Version agrandie et améliorée des Norwegian Breakaway et Norwegian Getaway, entrés en service en 2013 et 2014, il confirme la nouvelle approche de l’armateur américain. Ce dernier cesse la course aux innovations spectaculaires pour se concentrer sur la montée en gamme du produit, avec des bateaux particulièrement élégants et bien finis. « Il y a énormément de travail sur le design, la décoration, la qualité des matériaux ». Et le service est également au rendez-vous, avec un personnel très professionnel et agréable, sans oublier une programmation de très haut niveau en matière de spectacles. C’est pourquoi NCL se présente désormais comme une compagnie tendant vers le haut de gamme. « La marque a évolué et nous proposons aujourd’hui une expérience premium alliant des standards très élevés avec la flexibilité et la diversité de notre produit en matière de restauration et de divertissements. C’est unique sur le marché », précise Andy Stuart, président de NCL.

 

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© MEYER WERFT

Le Norwegian Escape (© MEYER WERFT)

 

Conserver un bon niveau de prix

Un positionnement très clair qui constitue le cœur de la stratégie de l’armateur américain, misant justement sur la qualité pour ne pas être obligé, à l’image d’autres opérateurs, de casser les prix afin de remplir ses bateaux. « Je pense que l’industrie devrait mieux gérer les prix. Concernant NCL, nous sommes supérieurs à tout ce qui se fait sur le marché et nos revenus à bord sont les plus élevés, les tarifs étant revenus au niveau de ce que nous connaissions avant la crise économique. Nous croyons que le public est prêt à payer un produit premium pour son excellence et nous développons dans cette perspective un produit qui est meilleur du matin au soir », assure Franck del Rio. Le concept Freestyle de la compagnie, avec la démultiplication des options de restauration, la fin des horaires fixes et tables attribuées au dîner, ainsi qu’un code vestimentaire plus décontracté, participe également au succès. « Cette flexibilité et cette liberté plaisent énormément, y compris en Europe, où 70% de notre clientèle est internationale », note Harry Sommer, vice-président en charge du Développement International.

 

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© MEYER WERFT

Le Norwegian Escape (© MEYER WERFT)

 

Un capacité qui va croître de près de 30% d’ici 2019

Le développement de la flotte va se poursuivre puisque le Norwegian Escape est donc le premier d’une série de quatre paquebots de la classe Breakaway Plus. Le second sera livré au printemps 2017, le troisième au printemps 2018 et le quatrième fin 2019, permettant à NCL d’accueillir 2.8 millions de passagers par an, contre 2 millions cette année. Une croissance qui va s’effectuer sur ses marchés traditionnels : Les Etats-Unis avec les Caraïbes et l’Alaska notamment, l’Europe du nord et la Méditerranée (où le Norwegian Epic reprendra ses embarquements à Marseille en 2016). Mais aussi via un élargissement de l’offre en Amérique latine, au retour de la compagnie en Australie et en Asie, ainsi qu’à de nouvelles destinations vers le Golfe Persique et l’Inde. Avec une programmation diversifiée comprenant des itinéraires de 3 à 21 nuits permettant de combiner différentes croisières. « NCL va proposer 29 ports d’embarquement, avec 8 nouveaux ports en 2016/2017 et 63 nouvelles escales, en particulier en Asie et en Australie, où nous ne sommes pas allés depuis l’hiver 2001/2002, ou encore le Golfe et l’Inde, qui constitueront une première pour nous. L’océan Indien et l’Asie représenteront 7 itinéraires. Aux Etats-Unis, nous aurons 24 itinéraires et 9 navires positionnés vers les Caraïbes, les Bahamas et les Bermudes, 3 en Alaska et il ne faut pas oublier Hawaii, où nous sommes les seuls à exploiter un navire. Nous allons en outre proposer 7 itinéraires en Amérique latine et disposerons de 4 navires en Europe pour 5 ports d’embarquement  », explique Harry Sommer.

 

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© NCL

Le futur paquebot chinois de NCL (© NCL)

 

Cap sur la Chine

Et NCL attend beaucoup de la Chine, où elle a décidé de se lancer en 2017. « Notre programme d’expansion est important et la Chine en est un élément clé car le potentiel y est énorme. Nous voulons entrer rapidement sur ce marché avec le plus gros et le meilleur de nos navires », souligne Franck del Rio. Dans cette perspective, la compagnie a décidé d’y affecter la seconde unité du type Breakaway Plus, qui devait initialement s’appeler Norwegian Bliss et naviguer dans les Caraïbes en Hiver et en Alaska l’été. Mais le bateau, en construction aux chantiers allemands Meyer Werft, va changer de nom et de concept. « Ce navire sera d’une taille similaire au Norwegian Escape mais va bénéficier de modifications majeures pour répondre aux attentes du marché local. Ce ne sera pas une réinterprétation de ce que nous connaissons mais un nouveau produit authentique spécialement conçu pour la Chine ». En dehors des bateaux neufs, ce nouveau marché peut également constituer une belle opportunité, reconnaissent les dirigeants de NCL, pour repositionner à l’avenir la partie la plus ancienne de la flotte. Alors que les unités de classe Star/Jewel auront plus de 20 ans au cours de la prochaine décennie, un déploiement vers la Chine à l’issue d’une refonte et d’une adaptation aux spécificités de ce marché semble être une option.  

 

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© NCL

Le Norwegian Jewel (© NCL)

 

Rénovation prochaine des unités de la classe Jewel

NCL va d’ailleurs entreprendre un important programme de modernisation des Jewel, mis en service dans les années 2000 et dont le détail des futurs travaux sera prochainement annoncé. Cinq ans après ses débuts, le Norwegian Epic vient quant à lui d’achever trois semaines de cale sèche à Brest, où ses espaces publics ont été rénovés, alors que des nouveautés ont été intégrées, à l’image du Cavern Club.

 

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© MER ET MARINE - KEVIN IZORCE

Le Norwegian Epic (© MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)

 

Une nouvelle génération de géants à l’étude

Pour la suite, le groupe américain réfléchit déjà aux navires qui suivront les Breakaway Plus. Alors que, depuis 15 ans, toute la flotte de NCL (à l’exception du Norwegian Epic, sorti en 2010 des chantiers de Saint-Nazaire) est née chez Meyer Werft, le site historique du constructeur allemand, à Papenburg, arrive désormais aux limites de ses capacités en termes de taille de navires. Or, on prête à NCL l’intention de commander des paquebots encore plus imposants, ce qui disqualifierait de facto Papenburg pour leur réalisation. « Les Breakaway Plus font partie des bateaux les plus longs, les plus larges et les plus hauts que Papenburg est capable de construire. Mais il faut rappeler que Meyer Werft a racheté le chantier finlandais de Turku, qui n’a pour ainsi dire pas de limitation. Si nous décidons de faire construire des paquebots plus grands que le Norwegian Escape, il sera donc possible d’aller à Turku », précise Franck del Rio. L’arrivée d’une nouvelle classe de paquebots géants suivant les Breakaway Plus n’est, toutefois, pas pour tout de suite. Il faut d’abord achever le programme en cours et il aussi tenir compte de l’allongement des délais de livraison liés au regain d’activité des chantiers européens, dont les cales sont pleines. « Le temps d’attente est aujourd’hui de 5 à 6 ans, c’est-à-dire que si nous commandions aujourd’hui, nous n’aurions pas de livraison avant 2021 ». Une problématique qui peut aussi inciter l’armateur, comme ses concurrents, à anticiper l’avenir, ne serait-ce que pour réserver des slots disponibles dans les chantiers.

Un passage probable à la propulsion GNL

En dehors du gabarit et du concept de sa future génération de paquebots, NCL réfléchit aussi à l’adoption d’une propulsion fonctionnant au gaz naturel liquéfié. Une technologie qui répond parfaitement aux enjeux environnementaux et au durcissement de la règlementation sur les émissions polluantes, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Ainsi, le GNL présente l’avantage d’éliminer les émissions d’oxydes de soufre (SOx), de réduire à leur portion congrue les rejets d’oxyde d’azote (NOx) et de particules fines, tout en diminuant de 20 à 25% les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Alors que le Costa et AIDA ont été cette année les premières compagnies de croisière à commander des bateaux équipés d’une propulsion au GNL (ils seront réalisés à Turku et Papenburg pour des livraisons à partir de la fin 2018), NCL se montre très intéressée. « Les trois prochains Breakaway Plus seront dotés d’une propulsion traditionnelle avec des scrubbers (systèmes de lavage des fumées traitant les rejets de SOx, ndlr). Mais nous discutons sérieusement avec les ingénieurs de Meyer Werft sur la propulsion au GNL pour notre prochaine génération de navires, qui verrait le jour à partir de 2021 ». 

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