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70 mètres de moins et une capacité quasiment réduite de moitié… C’est un peu le retour aux sources en termes de gabarit pour le projet de Nouveau paquebot France, que son promoteur, Didier Spade, a remis à plat depuis la fin 2015.  A cette époque, le navire, qui avait grossi progressivement depuis sa première présentation en 2009, atteignait 260 mètres de long pour 32 mètres de large, avec une jauge de 67.000 GT et une capacité de 790 passagers. « Nous avons repris le projet pour suivre l’évolution du marché de la croisière sur le segment haut de gamme, mais aussi tenir compte des capacités des chantiers navals, dont les cales n’ont aujourd’hui que très peu de place pour les années qui viennent. Pendant plus d’un an, nous avons travaillé sur un nouveau bateau, avec sa modélisation 3D, la réorganisation de ses aménagements… Il a aussi fallu adapter le business model, que l’on construit notamment à partir de l’expérience que nous avons accumulée en découvrant les produits proposés par une quinzaine de compagnies de croisière », explique Didier Spade.

37.000 GT pour 450 passagers

Il en ressort désormais un paquebot de 190 mètres de long, 26 mètres de large, 37.000 GT et 450 passagers. « C’est une version plus réaliste et, en fait, plus conforme à ce que nous avions imaginé au tout début, avant que différents experts nous incitent à faire grossir le navire pour des raisons économiques ». Il faut dire que depuis huit ans, le paysage de la croisière a largement évolué. Surfant sur une insolente croissance que ni la crise économique ni les problèmes sécuritaires dans de nombreux pays n’ont pu arrêter, l’industrie s’est lancée dans une véritable frénésie de commandes. Rien que pour les croisières maritimes, plus de 70 nouvelles unités doivent être livrées d’ici 2024, avec une capacité équivalente à environ 40% de la flotte actuellement en service. Et il y a là de nombreux bateaux dont le gabarit est voisin de celui envisagé précédemment pour le Nouveau France.

Composer avec les plans de charge des chantiers

Didier Spade a donc choisi de s’orienter vers un bateau plus petit, là où la concurrence est un peu moins forte. « En réduisant sa taille, nous pourrons aussi accéder à un plus grand nombre de ports, y compris en France, à Bordeaux ou encore Nice, cela nous ouvre de nouvelles perspectives », explique celui qui veut toujours faire de ce successeur de l’ancien France un produit de grand luxe et une vitrine de la culture, de l’art de vivre et de la gastronomie tricolores. Alors que Saint-Nazaire est rempli de paquebots géants, la construction du navire dans l’Hexagone parait en tous cas de plus en plus compliquée. « Pour la réalisation de la coque, nous verrons en fonction de la disponibilité des différents chantiers capables de produire un tel bateau mais nous aimerions au moins que le lead du projet soit français ». Alors que les visuels de la nouvelle version du navire devraient être rapidement dévoilés, côté planning, une commande n’est aujourd’hui guère espérée avant 2018 pour une découpe de première tôle au plus tôt fin 2019 et une livraison vers 2021/2022. 

La course aux investisseurs

Avant cela, il faudra bien évidemment lever les fonds nécessaires, ce qui constitue depuis le début de l'aventure le principal challenge. « Nous attendons prochainement le nouveau business model complètement refait pour disposer d’un bateau rentable et, dès lors, nous allons relancer la machine auprès des investisseurs et partenaires, sachant que certains attendent cette évolution », précise Didier Spade, qui présentait son projet en bonne place au salon Euromaritime, la semaine dernière à Paris. Son idée suscite toujours beaucoup d’intérêt mais forcément, avec les années qui passent, il y a aussi des doutes compte tenu du retard pris par le projet. Pas de quoi cependant déstabiliser le père du Nouveau France. Affichant toujours le même enthousiasme, il balaye les scepticismes d’un revers de main : « C’est beaucoup d’énergie mais on se bat et on va y arriver ». 

En attendant, via sa société Seine Alliance, Didier Spade doit lancer cette année la construction de YESS, acronyme de « Yacht Electrique Sur la Seine », un navire innovant de 33 mètres et 50 passagers fonctionnant uniquement sur un parc de batteries. Sa mise en service à Paris est prévue à l’été 2018.

 

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