En annonçant mardi la signature d’une lettre d’intention avec le constructeur italien Fincantieri pour la réalisation de ses premiers navires de croisière, le groupe de Richard Branson a créé la surprise, mais pas comme on s’y attendait. Exit le projet de paquebots géants de plus de 170.000 GT de jauge et 2400 cabines qui avait fuité à l’occasion du litige opposant Virgin à Collin Veitch, l’ancien patron de NCL (voir notre article sur le sujet). Le groupe britannique se lancera finalement sur le marché de la croisière avec des unités de taille moyenne : 110.000 GT et 1430 cabines « seulement ». Au lieu des deux géants envisagés, trois navires ont été commandés à Fincantieri, les livraisons étant prévues en 2020, 2021 et 2022. Plus tard donc que la mise en exploitation commerciale prévue, à l’origine, avant la fin de la décennie.
« Nous allons faire des vagues dans l’industrie de la croisière »
Alors que le bouclage du montage financier est prévu d’ici la fin de l’année, Virgin Cruises compte baser ses paquebots à Miami. « Nous avons maintenant les bons partenaires pour construire une compagnie de classe mondiale qui redéfinira pour de bon l’expérience de la croisière », a affirmé Richard Branson. Embauché par le milliardaire britannique pour prendre les commandes de sa nouvelle filiale, Tom McAlpine, ancien patron de Disney Cruise Line puis président de la société d’exploitation du paquebot résidentiel The Word, n’y est quant à lui pas allé par quatre chemins : « Nous allons faire des vagues dans l’industrie de la croisière », a-t-il prévenu.
Positionnement sur le mass-market
Reste qu’avec des navires de seulement 110.000 GT, les possibilités seront moins importantes que sur des paquebots plus gros. Cela, alors que toutes les majors du secteur, comme Carnival, RCCL, NCL ou encore MSC, construisent ou ont commandé des unités de 160.000 à 227.000 GT. On notera par ailleurs qu’avec plus de 2800 passagers et 1150 membres d’équipage, les ratios volume/passager et passager/personnel placeront en termes d’espaces et de service les futurs navires de Virgin Cruises dans la catégorie du mass-market et non du premium/haut de gamme.

Le design imaginé il y a quelques années par Collin Veitch (© : DR)
Un standard qui va donc placer ce nouvel opérateur en concurrence frontale avec les grandes compagnies dominant le marché américain. Même s’il est très peu probable que le design des futurs bateaux soit aussi innovant que celui à étrave inversée dévoilé il y a quelques mois et que le petit gabarit limitera les équipements proposés à bord, on peut néanmoins faire confiance à Virgin pour se démarquer. C’est en effet dans l’ADN d’un groupe qui n’a cessé, ces dernières décennies, de bouleversé les codes et réussir, contre les pronostics, des entreprises pour le moins originales et audacieuses.
Plus de 20 navires pour les chantiers italiens
Quant à Fincantieri, le groupe italien devrait donc, une fois le contrat financé et signé, garnir encore son carnet de commandes qui le replace au premier mondial de la construction de paquebots. Fincantieri, qui doit procéder aujourd’hui à la mise à flot du Carnival Vista et a lancé lundi la construction du MSC Seaside, voit son plan de charge compter à ce jour 15 navires de 99.500 à 154.000 GT livrables d’ici la fin 2018. S’y ajoute le projet en attente de confirmation du groupe Carnival, avec cinq paquebots géants livrables entre 2019 et 2022. MSC dispose également d’une option pour un troisième Seaside en 2020. Le carnet de commandes des chantiers italiens pourrait donc, très rapidement, dépasser les 20 unités.