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Huit ans après avoir racheté Pullmantur, avec lequel il a lancé en 2008 Croisières de France, le groupe américain Royal Caribbean Cruises Ltd a annoncé hier sa décision d’en céder le contrôle. Un accord a été conclu avec le fonds d’investissement Springwater Capital, qui doit acquérir 51% de la société espagnole, incluant sa marque française. RCCL précise qu’il conservera 49% de la structure, ainsi que la pleine propriété des navires et leur management. L’opération va donc aboutir à la formation, comme c’est le cas en Allemagne avec TUI Cruises, d’une joint-venture.

Le projet est porté par les dirigeants de Wamos, qui appartient à Springwater et est née de la reprise, en 2014, d’anciens actifs de Pullmantur (Pullmantur Air, le réseau de distribution Nautalia et du tour operating), cédés par RCCL suite à l’effondrement du marché ibérique du tourisme après la crise de 2008. Leur idée est de s’appuyer sur l’ensemble des activités, comme c’était le cas auparavant. « Compte tenu des signes de reprise que nous avons vu dans l’économie espagnole, ainsi que l’intérêt accru pour les croisières en France, nous pensons que c’est le bon moment pour réunir l’expérience des équipes de Pullmantur et Croisières de France avec l’expertise locale dans le voyage et le tourisme de celles de Springwater », a déclaré Richard Fain, président de RCCL et considéré comme le « père » de CDF.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

L'Horizon de CDF (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

La marque française de Pullmantur est donc maintenue mais son avenir, comme son positionnement et celui de sa maison-mère, restent à définir. Il conviendra rapidement de voir si l’activité de CDF sera réduite ou non à un navire avec l’éventuel départ de l’Horizon en fin d’année, si les croisières au départ de Marseille seront ou non arrêtées en 2017 au profit d’embarquements à Toulon sur le Sovereign de Pullmantur et, plus globalement, comment se déroulera la mutualisation récemment annoncée d’une flotte réduite, au mieux, à quatre paquebots. Et, de là, comment faire vivre les spécificités de Croisières de France et continuer de rendre la marque attractive pour les passagers français, sans les noyer dans un produit à prédominance espagnole.

Alors que RCCL et Springwater espèrent finaliser la création de leur société commune dans le courant de l’année, cette évolution du capital de Pullmantur présente certains avantages. D’abord, le groupe américain va reprendre le management technique et opérationnel des navires, dont la gestion par Pullmantur ces dernières années n’a semble-t-il pas été une réussite. Pendant ce temps, la compagnie espagnole et son nouvel actionnaire se concentreront sur leur cœur de métier : le voyage. Pour Croisières de France, qui emploie une quarantaine de personnes à Paris, au-delà de possible évolutions structurelles, on peut imaginer que ce changement apporte une clarification dans la stratégie de la marque et une vision à long terme. Ce qui ne serait pas un luxe après une longue période de flou artistique et une organisation qui a clairement manqué d’efficacité, avec une société française gérée par les Espagnols sous le contrôle de plus en plus corsetant des Américains.

Enfin, pour Royal Caribbean, l’arrivée de Springwater est une excellente nouvelle alors que Pullmantur, qui a rencontré de sérieuses difficultés ces dernières années, était considérée au sein du groupe comme un problème. Ce désengagement partiel, tout en reprenant la main sur la gestion des navires pour en garantir la valeur patrimoniale, devrait plaire aux actionnaires. 

 

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