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C’est le dernier paquebot de la compagnie italienne Costa Croisières comptant encore des passagers à son bord. Des passagers pour lesquels un long voyage, débuté en janvier dans le cadre d’une croisière autour du monde, se termine. Après un moment de tension en fin de semaine dernière, la suspicion de coronavirus à bord du navire a été levée. Le passager qui avait été débarqué en Sicile jeudi 16 avril suite à des problèmes pulmonaires a été testé trois fois au Covid-19. Et les résultats sont négatifs. Quant aux trois autres évacuations médicales récemment intervenues à bord, et qui avaient fait l’objet de rumeurs autour du coronavirus, elles ne sont pas liées à l’épidémie. Deux, intervenues à Djeddah, en Arabie Saoudite, l’ont été pour une personne concernant des problèmes rénaux et pour la seconde pour des soucis gastro-intestinaux, toutes les deux « sans Covid-19 », assure-t-on chez Costa. Quant au troisième débarquement, intervenu à Hurghada, en Egypte, il concernait un problème de dialyse, précise-t-on chez l’armateur. « La situation sanitaire à bord du navire, qui comprend 1814 passagers et 898 membres d'équipage, ne présente aucun problème de santé publique et aucun cas de Covid-19 n'est à signaler », confirme Costa Croisières. Une situation rassurante car l’éventuel développement d’une épidémie à bord aurait posé d’énormes questions alors que l’équipage et les passagers sont restés à bord depuis le 14 mars, lorsque le paquebot était en Australie, les escales réalisées depuis ayant été uniquement dédiées aux impératifs liés aux avitaillements en vivre et en combustible. Des opérations menées avec mille précautions, notamment à Maurice et à La Réunion les 24 et 25 mars.

Le Costa Deliziosa va finalement débarquer ses passagers en deux étapes. Il doit d’abord faire escale à Barcelone, où les autorités locales ont accepté le débarquement de 168 ressortissants espagnols présents à bord. Son arrivée est prévue ce lundi 20 avril. Puis le navire va reprendre la mer afin de rallier le port italien de Gênes, où il est attendu dans la soirée du 21 avril. « Le lendemain, les autres passagers devraient débarquer du navire. Étant donné que les autorités françaises n'ont pas accordé de dérogation pour le débarquement à Marseille pour les passagers français et d'autres passagers des nations limitrophes de la France, Costa Croisières - malgré les complexités actuelles dues aux restrictions de voyage imposées par différents gouvernements visant à contrer la propagation du virus Covid-19 - organisera le transport de ses passagers restants, vers leur destination finale au départ de Gênes. La compagnie souhaite remercier les autorités espagnoles, le ministère italien des transports, les garde-côtes et toutes les autorités locales impliquées, pour la collaboration constructive qui a débuté ces derniers jours, en permettant le retour du Costa Deliziosa, de ses passagers et des membres de l'équipage ».  

Les autorités françaises n’ont donc pas accepté que le Costa Deliziosa fasse ne serait-ce qu’une courte escale à Marseille afin d’y débarquer ses 423 passagers et 3 membres d’équipage de nationalité française, la demande de la compagnie comprenant aussi 4 autres passagers monégasque. Alors que Marseille doit déjà accueillir ce lundi le MSC Magnifica, qui avant d’y être désarmé à quai doit débarquer dans le port phocéen ses 1771 passagers, dont 692 Français, ainsi que la plupart de ses 928 membres d’équipage, le préfet des Bouches-du-Rhône a expliqué son refus dans un communiqué, relayé notamment par nos confrères de Corse Matin :

« En application du décret du 23 mars 2020, il est interdit jusqu’au 11 mai 2020, à tout navire de croisière, avec ou sans passagers, de faire escale, de s’arrêter ou de mouiller dans les eaux intérieures et la mer territoriale françaises, sauf dérogation du représentant de l’État.

Depuis le 15 mars dernier, la préfecture a déjà autorisé des dérogations pour l’accostage au grand port maritime de Marseille de six navires de croisière, ayant permis le rapatriement de plus de 2 200 passagers français et européens.

Depuis le 15 mars dernier, la préfecture a déjà autorisé des dérogations pour l’accostage au grand port maritime de Marseille de six navires de croisière, ayant permis le rapatriement de plus de 2 200 passagers français et européens.

Deux navires de la société Costa, le Costa Pacifica et Costa Luminosa, ont bénéficié de ces autorisations pour organiser ces rapatriements.

La société Costa Croisières sollicitait le débarquement de la totalité des passagers du Costa Deliziosa (N.DL.R. la destination finale de ce navire était prévue à Venise le 26 avril prochain), soit 1 400 personnes dont 426 français.

Or, trois navires de croisière arrivés avant le 15 mars sont toujours accueillis au port de Marseille. Deux d’entre eux appartiennent à l’armateur Costa : l’Aida Sol (500 membres d’équipages à bord) et le Costa Smeralda (1 600 membres d’équipages à bord).

Ces opérations mobilisent déjà très fortement les forces de sécurité (police aux frontières, gendarmerie maritime) et les autorités sanitaires.

Celles-ci seront également mobilisées en début de semaine prochaine par le débarquement du MSC Magnifica, navire dont la destination finale était Marseille et auquel il avait été préalablement accordé une dérogation pour organiser le débarquement de plus de 1 700 passagers de toutes nationalités, dont 700 Français mais aussi de nombreux Allemands, Italiens et Espagnols.

Le centre de crise du ministère de l’Europe et des affaires étrangères est pleinement mobilisé pour trouver une solution de débarquement rapide des passagers français dans les conditions de sécurité sanitaire qu’impose le contexte de la pandémie de Covid-19. »

Il est intéressant de noter que le préfet ne mentionne que l’option d’un débarquement intégral des passagers, pas celle, plus logique, consistant à accueillir uniquement les ressortissants français, que l’Italie va donc (une nouvelle fois) récupérer et prendre en charge à la place de la France. Le fait que le groupe Costa, avec sa marque éponyme mais aussi sa filiale AIDA Cruises, pèse lourd dans l’économie locale n’a pas non plus emporté l’accord des autorités françaises. En 2018, les paquebots de l’armateur, premier client croisière du port de Marseille, ont pour mémoire réalisé 173 escales dans les bassins phocéens, pour un trafic total de plus de 662.000 passagers, avec de nombreuses croisières en tête de ligne. L’impact économique des activités marseillaises de Costa, qui est propriétaire de la moitié du terminal croisière (avec MSC) et détient un tiers du capital des chantiers de réparation navale phocéens, était estimé à 163 millions d’euros et 850 emplois en 2018.

Mais MSC, dont les navires sont immatriculés à Malte, pèse encore plus lourd, disputant non seulement la place de leader du marché français de la croisière à Costa, mais faisant également réaliser la plupart de ses paquebots à Saint-Nazaire, à coups de milliards d’euros, sans oublier l’activité de ses porte-conteneurs et des terminaux portuaires que le groupe italo-suisse exploite à Fos-sur-Mer et au Havre. 

Face à la polémique qui a enflé ces derniers jours via les témoignages de passagers français, Paris a cependant, après concertation avec Madrid, décidé dimanche de proposer une solution alternative, en organisant pour les ressortissants qui le souhaitent une possibilité de transfert entre Barcelone et Montpellier. Les autres seront comme prévus pris en charge par Costa, qui se chargera de leur rapatriement depuis Gênes. 

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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