Actualisation à 15h20 : Attentat de Tunis : Costa Croisières vient de communiquer un premier bilan suite à l’attentat perpétré hier au musée du Bardo, à Tunis, où le paquebot Costa Fascinosa était en escale. La compagnie italienne compte parmi ses passagers 3 morts et 8 blessés. Elle précise que deux personnes sont, par ailleurs, portées disparues. Les recherches se poursuivent pour les retrouver.
Actualisation à 9h40 : Ce jeudi matin, MSC Cruises a communiqué un premier bilan faisant état, parmi les passagers du MSC Splendida, de 9 morts (trois Japonais, deux Français, deux Espagnols et deux Colombiens), 12 blessés (sept Français, trois Japonais, un Belge et un Sud-africain) et 6 disparus (deux Espagnols, un Britannique, un Français, un Belge et un Japonais). Costa Croisières, de son côté, a indiqué que 13 passagers du Costa Fascinosa n'étaient pas revenus à bord du navire, qui a quitté Tunis peu avant 2 heures du matin pour mettre le cap sur Palma de Majorque, où il doit arriver demain. Le MSC Splendida a quant à lui appareillé à 6 heures du port de La Goulette et est attendu ce vendredi matin à Barcelone.
Alors que deux paquebots avec environ 6000 passagers étaient en escale hier à La Goulette, la Tunisie a été frappée par un attentat en plein cœur de sa capitale. Des hommes armés ont fait irruption à la mi-journée au Bardo, le plus grand musée du pays. Un lieu hautement touristique et contigu du parlement tunisien, qui était en session ce mercredi. Armés de fusils mitrailleurs, les assaillants ont ouvert le feu sur les nombreux touristes présents sur place. Un groupe arrivant en car a été pris pour cible, de même que des visiteurs sur l’esplanade du musée, où les terroristes sont ensuite entrés. Finalement abattus par les forces de l’ordre, les deux hommes ont fait un véritable carnage. Le bilan, qui a évolué au cours de la journée et demeurait encore incertain en fin de soirée, est d’une vingtaine de touristes tués. Peu avant 22h30, Salma Elloumi-Rekik, ministre tunisienne du Tourisme, évoquait sur France Info 17 morts : « Un Français, quatre Italiens, deux Espagnols, deux Colombiens, cinq Japonais, un Polonais, un Australien », disait-elle. A ce moment là, on parlait également d’une quarantaine de blessés, dont six Français, trois étant apparemment dans un état grave. Puis, à 23h30, l’Elysée annonçait la mort de deux Français et sept autres blessés.
Le Costa Fascinosa et le MSC Splendida à La Goulette
Au début de la nuit, on ne savait toujours pas si des passagers du Costa Fascinosa et du MSC Splendida, les deux paquebots présents à Tunis hier, étaient au nombre des victimes. Selon certains media, ce serait le cas mais les informations sont à prendre avec précaution, tant il y a de confusion depuis le drame. Reste que les images d'un car criblé de balles affrété par une compagnie de croisière font craindre le pire. A l'heure où nous mettions en ligne cet article (2h30), Costa et MSC, qui ont mis en place des cellules de crise, n’avaient avancé aucune information sur d’éventuels morts ou blessés parmi leurs clients, reconnaissant simplement que des passagers étaient présents sur le lieu de l’attentat. « Au moment des faits, certains passagers du MSC Splendida effectuaient des excursions, notamment au musée national du Bardo. Tous les bus de MSC Croisières ont immédiatement reçu l’ordre de faire demi-tour et de rentrer au port et toutes les autres excursions ont immédiatement été suspendues », a expliqué MSC Croisières. Du côté de chez Costa, on a également, dès l’annonce des attentats, pris des mesures d’urgence : « Dès qu'il en a été avisé, le commandant du navire a immédiatement ordonné le retour à bord de toutes les excursions ». 3161 passagers étaient à bord du Costa Fascinosa. Le navire, qui devait appareiller dans la soirée, a été retardé, alors que le MSC Splendida semblait lui aussi devoir passer tout ou partie de la nuit dans le port tunisien, où la sécurité a été renforcée autour des deux paquebots.

Image d'archives du Costa Fascinosa (© JACQUES THYEBAUT)
Gestion des passagers : Une opération longue et complexe
Dans le chaos régnant suite à l’attaque, la priorité des équipages fut de rapatrier les milliers de passagers partis visiter la ville. Une opération extrêmement délicate compte tenu de la situation et de la confusion ambiante. On peut facilement imaginer que des cars ont pu être bloqués dans des embouteillages et que les personnes parties visiter seules la ville ont rencontré des difficultés pour regagner leur bateau. Pour tout passager manquant, il faut mener des recherches : est-il en route mais en retard ? S’est-il perdu ou réfugié quelque part après avoir fui les attaques ? A-t-il été blessé et si, tel est le cas, dans quel hôpital peut-il se trouver ? Rechercher les personnes, collecter les informations, les vérifier, valider les identités et, en cas de drame, faire le nécessaire, notamment auprès des familles. Sans oublier tous les clients choqués revenus sur les navires et qu’il faut assister, ainsi que dans différents pays des proches inquiets qu'il faut informer... Alors que les autorités tunisiennes elles mêmes ont rectifié à plusieurs reprises le bilan de l’attentat, on imagine aisément la complexité des opérations pour les équipages et les compagnies.
Vers une suspension des escales ?
C’est la première fois que la Tunisie est frappée de la sorte par le terrorisme. Une attaque qui a, semble-t-il, clairement visé le tourisme, l’une des principales ressources économiques du pays. Malmenée suite à la révolution de Jasmin, au cours de l’hiver 2010/2011, cette activité reprenait doucement de la vigueur, les agents de voyage et vacanciers étant notamment rassurés par le bon déroulement des élections il y a trois mois. Toujours très sensibles aux questions sécuritaires et n’hésitant pas à annuler des escales si les conditions ne sont pas réunies, comme c’est actuellement le cas au Moyen-Orient, les compagnies de croisière avaient évité le pays en 2011. Puis, la situation se stabilisant, les paquebots, quoique moins nombreux qu’avant le printemps arabe, étaient de retour à Tunis depuis trois ans. Mais, après les attaques d’hier, il paraitrait logique que les armateurs décident de suspendre jusqu’à nouvel ordre leurs escales dans le pays. Une mesure qui n’aurait pas d’impact particulier pour les compagnies, habituées à repositionner leurs bateaux, mais qui contribuerait à faire rechuter l’industrie tunisienne du tourisme.
Un phénomène imprévisible qui peut frapper partout
Cela, même si, comme l’a rappelé hier soir Salma Elloumi-Rekik : « personne n’est épargné, ni l’Orient, ni l’Occident. Le terrorisme est imprévisible et peut frapper partout, comme l’ont montrés les attentats à Paris puis au Danemark (…) Le gouvernement est décidé à éradiquer ce phénomène et la réponse sera à la mesure de ce qui s’est passé ». Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, parle quant à lui de « crime odieux » et s’engage à combattre « sans pitié » le terrorisme. Alors que l’enquête est en cours pour connaitre les responsables de cette attaque et débusquer de possibles complices, l’attentat n’avait pas encore été revendiqué hier soir. Il peut s’agir d’un groupuscule tunisien mais les yeux se tournent surtout, pour le moment, vers la Libye. C’est là que prospèrent, dans un pays en proie à la guerre civile, de nombreux groupes islamistes, dont Aqmi et Daech, qui cherchent à déstabiliser les Etats voisins, comme l’Egypte et la Tunisie. La Libye devient en tous cas de plus en plus clairement une menace pour l’ensemble de la région mais aussi pour l’Europe, toute proche. C’est pourquoi certains pays, l’Italie en tête, réclament depuis des semaines une intervention militaire pour stopper l’avancée des djihadistes.