Après l’accident intervenu la veille dans le canal de la Giudecca, dont il a heurté un quai avant d’entrer en collision avec un bateau de croisière fluvial, le paquebot MSC Opera est resté hier à Venise. Les enregistreurs de données du navire (équivalents des « boites noires » des avions) ont été saisis par les autorités italiennes. Plusieurs officiers, dont le commandant, ont été entendus par les enquêteurs, qui cherchent à comprendre ce qui a conduit le navire de la compagnie italo-suisse MSC Cruises à devenir incontrôlable.
Cet accident, qui par chance n’a fait que quelques blessés légers parmi les passagers du River Countess, heurté par le paquebot, aurait pu avoir des conséquences autrement plus dramatiques. On imagine notamment ce qui aurait pu se produire si l’avarie était survenue quelques minutes plus tôt, lorsque le MSC Opera passait à hauteur de la place Saint-Marc et à l’ouvert du Grand Canal.
Un spectre qui a fait frémir les Vénitiens et relance plus que jamais le projet d’interdire le passage des grands paquebots dans la cité des Doges. Il en est question depuis plusieurs années mais les débats se sont éternisés quant aux solutions alternatives et au financement d’une telle mesure. L’accident du MSC Opera sera-t-il en mesure d’accélérer les choses ? L’affaire fait en tous cas grand bruit en Italie et, sur le plan politique, a tourné au pugilat entre le ministre de le l’Intérieur et vice-président du Conseil, Matteo Salvini, et le ministre des Transports, Danilo Toninelli, sur fond de rivalité entre la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles, obligés de former une coalition pour accéder au pouvoir l’an dernier. Le premier prône l’élargissement du canal conduisant au port de Maghera en évitant Venise, et accuse le second de bloquer ce projet, le M5S n’étant pas favorable au passage des paquebots dans la lagune.