Plus de deux ans après son retrait de Méditerranée occidentale et son départ de Marseille, dans le cadre d’un recentrage de son offre sur les îles grecques, Louis Cruises embarquera de nouveau des passagers dans le port phocéen le 2 décembre prochain. Pour le moment, il ne s’agit que d’une escale exceptionnelle, organisée à l’occasion de la traversée de repositionnement du Louis Cristal vers Cuba, où il sera encore exploité l’hiver prochain. Le navire, qui navigue cet été vers la Grèce et la Turquie, sera proposé aux passagers français sur une très belle traversée de 22 jours entre Marseille et La Havane, avec des escales à Barcelone, Tanger, Funchal, La Barbade, Sainte Lucie, Montego Bay, Cienfuegos et l’île de la Jeunesse. Il sera ensuite exploité du 22 décembre au 23 mars sur un itinéraire de huit jours au départ de La Havane le lundi et à destination d’Antilla (Bahia de Nipe), Santiago de Cuba, Montego Bay (Jamaïque), Cienfuegos et l’île de la Jeunesse, avant de revenir vers la capitale cubaine.
Réflexions en cours autour d’un marché stratégique
En dehors de l’embarquement proposé le 2 décembre, il reste maintenant à savoir si Louis Cruises entend, à l’avenir, proposer de nouveaux des départs réguliers de France. Il s’agit en effet du marché le plus dynamique d’Europe dans le secteur de la croisière. De plus, il ne faut pas oublier qu’il pesait auparavant très lourd pour la compagnie greco-chypriote puisque celle-ci comptabilisait 42.000 passagers français en 2011, soit l’équivalent de 40% de son activité globale actuelle (environ 100.000 passagers par an). La tentation d’un retour pourrait donc être grande, d’autant que Louis Cruises, qui a certes toujours maintenu une présence commerciale en France malgré son retrait de Marseille, a décidé fin 2013 de se renforcer en terres tricolores. Rivages du Monde, qui affrète par ailleurs le Louis Aura pour son propre compte, a été choisi comme agent général et une équipe entièrement dédiée à la vente de Louis Cruises mise en place. Un partenariat accompagné d’objectifs ambitieux puisque l’armateur pourrait viser quelques 20.000 passagers français avant la fin de la décennie, soit environ cinq fois plus qu’aujourd’hui. Et l’on parle bien uniquement de croisières vendues sous la marque Louis Cruises, c'est-à-dire hors affrètements effectués par Rivages du Monde (qui devraient représenter autour de 12.000 passagers en 2015 avec l’intégration de TAAJ).
Pour atteindre de tels chiffres, l’offre actuelle, axée sur les croisières en Grèce et complétée par le programme hivernal à Cuba, sera insuffisante. D’où l’idée de proposer de nouveau des embarquements en France. Au sein de la compagnie, les réflexions sont en cours et aucune décision n’est encore arrêtée. En fait, tout dépendra de l’évolution du marché et du succès de la reconquête lancée en France, mais aussi de l’émergence éventuelle d’opportunités que l’entreprise saura ou non saisir pour relancer sa croissance.

Le Louis Cristal (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Les grandes compagnies verrouillent la Méditerranée occidentale
Dans l’hypothèse où Louis Cruises déciderait de revenir à Marseille, on peut en tous cas imaginer que ce ne sera pas sous la même forme qu’autrefois. Elle n’est, en effet, pas en mesure d’affronter la concurrence des grands armateurs, comme Costa et MSC, dans la mesure où ses petits navires ne peuvent rivaliser avec les grands paquebots très modernes de ces compagnies. En fait, la seule stratégie paraissant pertinente pour Louis Cruises consisterait à s’appuyer sur sa principale force, à savoir sa spécialisation sur la Grèce, où son produit est de loin le plus complet et le plus intéressant. Alors que la compagnie se distingue désormais en développant un environnement hellénique à bord de ses navires (cuisine, spectacles, animations…), elle offre surtout une richesse d’escales inégalée sur le marché, cumulant les grands sites touristiques (comme Santorin, Mykonos et la Crète) et des îles confidentielles (Symi, Milos, Chios…).

Le Louis Cristal à Symi (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Santorin (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
De là, il y a peut être un coup à jouer au départ de Marseille, d’où il est possible de proposer des traversées vers la Grèce en une dizaine de jours. Le port français présente, de plus, l’avantage d’être géographiquement bien situé et, grâce à son réseau ferroviaire et aérien, il est capable de drainer non seulement la clientèle française, mais aussi des marchés frontaliers, par exemple l’Allemagne. Un transit vers la Grèce impliquerait aussi, là encore en toute logique, au moins une escale en Italie, ce qui permettrait au passage de toucher les croisiéristes transalpins et, au final, de mieux remplir le navire affecté à cette route.

Le Louis Olympia (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Nouveau navire en perspective
Les moyens navals sont d’ailleurs une clé de ce possible développement. Car la flotte de Louis Cruises, sérieusement réduite en 2012, ne compte plus aujourd’hui que cinq navires. Deux d’entre eux, les Thomson Spirit et Thomson Majesty, sont affrétés par Thomson Cruises, filiale de TUI Travel PLC, le géant du tourisme européen. Il n’en reste donc que trois à être exploités aux couleurs de l’armement gréco-chypriote : le Louis Olympia, le Louis Cristal et le Louis Aura. Mais ce dernier sera à compter de l’an prochain très occupé avec le doublement de son exploitation pour le compte de Rivages du Monde. En rachetant TAAJ, l’opérateur français va, en effet, affréter le navire sur plus de 200 jours pour ses croisières dédiées spécifiquement au marché français. C’est pourquoi Louis Cruises étudie apparemment l’acquisition d’au moins un nouveau navire, qui sera selon toute vraisemblance une unité de seconde main et non un bateau neuf. Afin d’assurer le développement de la compagnie, ce paquebot pourrait être mis en service d’ici 2016.