Alors que l’Europe - à l’exception notable de la France - commémorait jeudi dernier le bicentenaire de la bataille de Waterloo, la Marine nationale rendait discrètement hommage à Napoléon loin de la Belgique, à Sainte-Hélène. Réalisant actuellement son ultime mission avant d’être retiré du service le mois prochain, l’Albatros s’est arrêté les 16 et 17 juin dans l’île où fut exilé l’empereur des Français il y a deux siècles, mettant un terme définitif à l’histoire du premier empire. Le principal évènement de cette escale, nous a-t-on rapporté depuis Sainte-Hélène, fut une cérémonie militaire en hommage à Napoléon. En présence des autorités locales, l’équipage du patrouilleur français a rendu les honneurs à l’empereur devant la tombe où fut enterrée sa dépouille.

Cérémonie militaire devant la tombe de Napoléon (© : DR)
Alors que Bonaparte demeure un sujet sensible dans l’Hexagone, toujours mal à l’aise avec son héritage napoléonien, l’absence de la France aux commémorations organisées le 18 juin en Belgique a provoqué quelques remous et crispations au sein de ses partenaires européens. Dans cette perspective, la discrète cérémonie qui s’est déroulée la veille à Sainte-Hélène avait-elle lieu d’être ? Très probablement car, indépendamment de la probable erreur qu’a commise la France en ne venant pas à Waterloo, elle a permis de se souvenir d’un évènement important et plus largement d’une période extrêmement marquante pour la France et l’Europe. Cela, même si l’action du premier empire fut très controversée et à certains égards terribles, tout comme le furent aussi, au demeurant, les règnes de certains monarques français et les années de terreur ayant suivi la Révolution.
Ironie de l’histoire, ce sont donc des marins qui ont rendu hommage à un homme qui ne jurait que par l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie. Un génie militaire terrestre qui n’a jamais su appréhender la dimension navale, ce qui lui coûta probablement son empire puisque la France fut incapable, faute d’une flotte aussi puissante et bien organisée que la Grande Armée, de faire plier la Grande-Bretagne et ses alliés. Le désastre de Trafalgar en 1805 en est l’exemple le plus flagrant et ses conséquences furent irrémédiables. Neuf ans plus tard, l’empire français s’effondrait face à la coalition des monarchies européennes et, après le retour de Napoléon de l’île d’Elbe pour la campagne des 100 jours, la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815, mit un terme définitif aux ambitions de l’empereur. Celui-ci fut exilé en août de la même année à Sainte-Hélène, petite île perdue au milieu de l’Atlantique, à l’ouest des côtes africaines. Il y décéda en mai 1821.