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Construit en 1967 au Trait, en Normandie, le doyen de la flotte française fête ses trente ans de service dans les eaux du grand sud de l’océan Indien. Depuis 1984, l’Albatros, basé à La Réunion, enchaîne les missions dans la zone économique exclusive des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Des navigations longues et souvent éprouvantes pour l’équipage et le matériel, qui affrontent les caprices des quarantièmes rugissants, avec leur lot de tempêtes, de fortes mers et d’icebergs. Malgré ces conditions difficiles, la mission du patrouilleur austral est essentielle pour assurer la surveillance des pêches dans la ZEE française de Saint Paul et Amsterdam, Crozet et Kerguelen, soit 200 milles d’eaux françaises autour de chacune de ces îles. « La présence d’un bâtiment de surveillance dans ces eaux très riches permet de veiller à la pérennité d’une ressource halieutique (langouste et légine) dont le poids économique est très important pour l’île de la Réunion. Seuls huit navires de pêche français, tous basés à La Réunion, sont autorisés à exploiter cette ressource », souligne la Marine nationale, qui doit à présent gérer la fin de vie de son plus vieux patrouilleur et trouver une solution de rechange.

 

 

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© MARINE NATIONALE

L'Albatros en patrouille dans les TAAF (© MARINE NATIONALE)

 

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© MARINE NATIONALE

L'Albatros en patrouille dans les TAAF (© MARINE NATIONALE)

 

 

Car, si robuste qu’il soit, l’ancien chalutier congélateur de la Société Navale Caennaise, racheté par le ministère de la Défense en 1983 et remis en service un an plus tard en tant que patrouilleur, n’est pas éternel. Long de 85 mètres pour une largeur de 13.5 mètres, avec déplacement de 2800 tonnes en charge, l’Albatros, remotorisé en 1991, est à bout de souffle et ne peut plus être prolongé. Il doit donc prendre sa retraite fin 2015, au mieux début 2016. Cela alors qu’aucun remplaçant n’est prévu. Faute de crédits, la Marine nationale n’a pu financer la construction d’un nouveau patrouilleur. La piste aujourd’hui envisagée est une mutualisation des moyens des différentes administrations concernées autour d’un projet commun, le futur navire devant dans l’idéal faire l’objet d’un financement interministériel. Et l’on s’achemine droit vers la même approche pour le remplacement du bâtiment de transport léger La Grandière, lui aussi basé à La Réunion et dont le retrait du service est prévu en 2016. Ce sera également l’année où doit sortir de flotte le patrouilleur Osiris, propriété de l’administration des TAAF et armé par les Affaires maritimes pour le contrôle des pêches dans les eaux australes françaises. Son remplacement été à l’étude.

 

 

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© PATRICK SORBY

Le Batral La Grandière à La Réunion  (© PATRICK SORBY)

 

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© STEPHANE BOMMERT

L'Osiris (© STEPHANE BOMMERT)

 

 

Les réflexions portant sur les nouveaux moyens navals de l’Etat en océan Indien se poursuivent donc, sans qu’aucune décision ne soit encore prise. Dans les coursives de la marine, les projets liés à la succession de l’Albatros et du La Grandière sont connus sous les noms B3M et B4M. Si cette dénomination - peut être provisoire - rappelle le programme B2M (bâtiments multi-missions), dont trois unités seront livrées pour la Polynésie française, les Antilles et la Nouvelle-Calédonie en 2015 et 2016, il s’agit bien d’un projet différent. L’idée serait de disposer en océan Indien de deux bâtiments dits « multi-missions », mais optimisés pour des zones de déploiement spécifiques : l’une dans le canal du Mozambique, où la France doit renforcer la surveillance de ses possessions maritimes (via les îles Eparses) et l’autre vers les TAAF. Les futurs navires, unités neuves ou d’occasion (on parle par exemple pour la succession de l’Osiris d’un palangrier reconverti) pourraient donc être sensiblement différents. 

 

 

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© MARINE NATIONALE

L'Albatros  (© MARINE NATIONALE)

 

 

Quant au calendrier, rien n’est encore fixé. Cela dépendra essentiellement de la capacité des ministères concernés à trouver un financement commun, ce qui n’est pas gagné. Surtout que la Défense, généralement première contributrice des projets interministériels, doit composer avec une loi de programmation militaire 2014-2018 extrêmement tendues, où il n’est d’ailleurs pas fait mention des B3M et B4M. Il n’est donc pas impossible que l’on s’achemine droit vers une possible réduction temporaire de capacité. Car, même si deux frégates de surveillance sont basées à La Réunion, ces bâtiments sont déjà très sollicités pour d’autres missions, notamment la lutte contre la piraterie, et ne pourront en aucun cas absorber les départs de l’Albatros et du La Grandière. 

 

 

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© PATRICK SORBY

Le Floréal, l'une des frégates de surveillance basées à La Réunion  (© PATRICK SORBY)

 

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