MER ET MARINE : Comment a évolué la situation stratégique ces dernières années et l’activité de la flotte russe en Atlantique ?
AMIRAL LEBAS : On assiste depuis quelques années au retour de la compétition entre Etats puissances et au fait que certains cherchent à imposer leur volonté par la loi du plus fort. L’ordre mondial tel qu’on le connaissait et qui était basé sur le multilatéralisme est complètement bousculé. Or, cette compétition s’exerce beaucoup dans les espaces communs, le cyber, l’espace et la mer, qui sont lointains pour le grand public mais où les enjeux de souveraineté sont très importants. D’autant plus que certains acteurs s’y expriment de manière de plus en plus désinhibée et tentent d’imposer des faits accomplis.
On connaissait le problème en mer de Chine ou en Méditerranée autour par exemple des ressources en gaz dans la zone économique exclusive de Chypre. On voit désormais la même chose en Atlantique, même si cela se traduit de manière différente. Le déploiement de la puissance russe y est de plus en plus marqué, alors qu’elle avait pour ainsi dire disparu dans les années 90 et 2000.
On observe globalement un réarmement naval impressionnant à travers le monde, qui est aussi visible chez les Russes, en particulier dans le domaine des sous-marins, avec une activité qui vise à mettre en tension notre dispositif. Ils viennent tester nos défenses, voir comment on réagit. A chaque fois, il y a un message stratégique, qui consiste à dire « je peux venir imposer ma loi ». Notre réaction consiste alors à montrer que ce n’est
