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Plongée dans les archives de Mer et Marine avec la rediffusion aujourd'hui de ce reportage, réalisé il y a 11 ans à bord du Latouche-Tréville. La frégate de la Marine nationale, spécialisée dans la lutte anti-sous-marine, était alors en chasse pour débusquer un SNA au large des côtes françaises. 

 

Pour le grand public, la marine, c'est d'abord le porte-avions et les sous-marins. Ces merveilles de technologies, aussi imposantes que puissantes, attirent irrésistiblement le regard des media. Mais ces outils de pouvoir, de rayonnement et d'action, à eux-seuls, ne servirait à rien s'ils n'étaient accompagnés de leurs fidèles chiens de garde. L'amiral Oudot de Dainville, ancien chef d'état-major de la marine, n'avait de cesse de le marteler : « Les frégates sont l'épine dorsale de la flotte ». Et, de fait, sans elles, la Royale n'aurait sans doute plus qu'à mettre la clé sous la porte. Evidence pour les marins, la nécessité de ces bâtiments est beaucoup plus diffuse à l'extérieur. Car, même quand elle n'est pas furtive, la frégate est discrète, au point même de passer inaperçu. « En trois mois de mission, vous êtes les premiers journalistes à venir nous voir ! », nous avait ainsi confié, en mai 2006, un officier du Cassard. Postée à quelques nautiques du porte-avions Charles de Gaulle, la frégate antiaérienne n'était pas là pour la décoration, ni pour jouer les seconds rôles. En complément du Montcalm, qui assurait la protection anti-sous-marine du porte-avions, le Cassard était là pour veiller à ce qu'aucun missile ou avion ne s'en prenne au CDG. Malgré tout, la frégate n'avait pas suscité le moindre intérêt dans les rangs des dizaines de reporters embarqués sur le « PA » durant la mission Agapanthe. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous ? Dommage en tous cas. Car le Cassard, ses missions et la richesse de son équipage n'avaient rien à envier au grand Charles. Un an et demi après avoir emmené nos lecteurs à la découverte du Cassard, nous avons donc décidé de partir, cette fois, sur le Latouche-Tréville. Loin des eaux chaudes de la Méditerranée orientale, de la mer Rouge et de l'océan Indien, beaucoup plus proche de nos côtes. Si les deux bateaux ont un air de famille, puisque construits sur la même coque - économies obligent, leur vocation est très différente mais tout aussi stratégique. L'un protège le porte-avions et l'autre les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, fer de lance de la dissuasion nucléaire, arme grâce à laquelle la France, quoiqu'on en dise, fait encore aujourd'hui partie des « grands ».Le Cassard escortant le Charles de Gaulle (© : MER ET MARINE - V. GROIZELEAU )Le Latouche-Tréville et un SNLE (© : MARINE NATIONALE )Quarante ans de lutte ASMPour bien comprendre la lutte anti-sous-marine, il convient de remonter quelques années en arrière. Parallèlement à la constitution de sa force de dissuasion, articulée autour des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, la France a développé dès la fin des années 60 un savoir-faire très pointu en matière de lutte anti-sous-marine. Il s'agissait alors de se prémunir contre l'armada soviétique et, notamment, d'une incursion massive de ses bâtiments en Atlantique. S'appuyant sur quarante ans d'expérience, les Français sont aujourd'hui passés maîtres dans l'art de débusquer et de traquer les submersibles. Cette capacité de lutte sous la mer, mondialement reconnue, est le fruit d'une formation très poussée des personnels et de matériels performants, en grande partie mis au point par Thales. C'est aussi un domaine qui est resté, pendant longtemps, très secret, tant les « recettes » et les informations sur les capacités de l'adversaire étaient convoitées durant la guerre froide. Si la lutte ASM reste un domaine sensible, il est désormais possible de mieux l'appréhender et de comprendre que, contrairement à ce que laissent penser certains films hollywoodiens, il s'agit d'un savoir-faire redoutablement compliqué et nécessitant la mise en oeuvre de moyens très lourds. C'est ce que nous avons appris à l'occasion d'un embarquement sur le Latouche-Tréville, la plus récente frégate anti-sous-marine de la Marine nationale.Le Latouche-Tréville (© : FASM LATOUCHE-TREVILLE / CELLULE MEDIA)Le Latouche-Tréville (© : FASM LATOUCHE-TREVILLE / CELLULE MEDIA)Recherche, interdiction, dissuasion8 Heures du matin, quai des flottilles. La rade de Brest est baignée par un agréable soleil d'hiver. Depuis quelques heures, les moteurs du Latouche-Tréville ronronnent. Aidée de remorqueurs, la frégate se décolle du quai, puis défile devant les appontements de la base navale. Après avoir laissé, sur tribord, le vieux Clemenceau, les passes de la base navale sont bientôt franchies. Le phare du Petit Minou doublé, le bâtiment met le cap sur la haute mer pour rejoindre l'aviso Lieutenant de Vaisseau Le Hénaff. Les deux navires, qui participent à l'exercice Epaulard, vont se mesurer à un sous-marin nucléaire d'attaque. Pour l'occasion, le SNA français va jouer le rôle de l'ennemi invisible, embusqué quelque part sous la surface de l'Atlantique. « Les frégates anti-sous-marines ont trois grands types de missions. La première est la recherche de sous-marins notamment en protection de force navale, la seconde l'interdiction d'une zone ou d'un passage, par exemple un détroit, et la troisième la dissuasion », explique le lieutenant de vaisseau Servotte-Amouroux, chef du service Lutte sous la mer du Latouche-Tréville. Au nombre de neuf, dont six basées à Brest, les FASM assurent la protection d'une unité précieuse, comme un porte-avions, mais aussi la sécurité des SNLE basés à l'Ile Longue. C'est, d'ailleurs, la principale mission des navires affectés dans le port du Finistère. A chaque départ ou retour de patrouille d'un sous-marin stratégique, le « comité d'accueil » est toujours présent. Il s'agit de « blanchir » la zone où évolue le SNLE afin de s'assurer qu'aucun intrus ne puisse le détecter et le suivre. Les moyens employés sont alors considérables, regroupant frégates, avisos, avions de patrouille maritime, hélicoptères et chasseurs de mines, ces derniers vérifiant que le chenal d'accès à la base des SNLE n'est pas piégé. Le dispositif, impressionnant, semble des plus efficaces, constituant par sa seule présence un rideau dissuasif. « Il faudrait être sacrément culotté pour venir tenter d'espionner un SNLE avec de tels moyens. En effet, une intrusion serait détectée presque à coup sûr et la France demanderait immédiatement des comptes au pays auquel appartient ce sous-marin », estime un officier.Latouche-Tréville et Tourville à Brest (© : MER ET MARINE - V. GROIZELEAU )Latouche-Tréville et Tourville à Brest (© : MER ET MARINE - V. GROIZELEAU )Appareillage (© : MER ET MARINE - V. GROIZELEAU )Maîtriser l'environnementAfin de repérer un éventuel sous-marin, la

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