Dans le cadre de sa restructuration, Areva a entériné la cession de sa filiale dédiée à la conception, la réalisation et le maintien en condition opérationnelle des réacteurs nucléaires des bâtiments de la marine française, sous-marins et porte-avions, ainsi que des réacteurs et installations nucléaires de recherche.
Le groupe a annoncé hier avoir signé la vente des 83.6% du capital d’Areva TA qu’il détient à l’Agence des Participations de l’Etat, au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), ainsi qu’à DCNS.
Au terme de l’opération, qui doit entrer en vigueur au premier trimestre 2017, l’Etat prendra 50.3% de la société, alors que le CEA et DCNS en possèderont chacun 20.3%, le second ayant déjà une participation de 6.5% dans cette société stratégique pour l'activité du groupe naval. EDF, présent historiquement au capital d'Areva TA, conservera sa participation, à hauteur de 9 %.
Dans le domaine naval, on rappellera que 12 réacteurs nucléaires sont actuellement en service dans la flotte française, soit deux pour le porte-avions Charles de Gaulle et les 10 autres sur autant de sous-marins à propulsion nucléaire (4 SNLE et 6 SNA).
Pour les nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque du type Barracuda, dont la tête de série doit être livrée en 2019, 6 autres réacteurs seront produits. Dans le cadre de ce programme, DCNS est maître d’œuvre d’ensemble des SNA, Areva TA assurant la maîtrise d’œuvre de la chaufferie nucléaire embarquée par chaque bâtiment.
L'ex-Technicatome revient dans le giron étatique
On notera que ce changement de propriétaire et, de fait, cette nationalisation de la société constitue réalité un retour aux sources. Areva TA est en effet un ancien service du CEA, devenu Technicatome en 1972 pour les besoins du développement des chaufferies navales. La société, alors détenue par le CEA (90%) et EDF (10%), travaille étroitement avec les arsenaux de l’ex-Direction des Constructions Navales, en particulier les sites de Nantes-Indret (fabrication des chaufferies) et Cherbourg (construction de sous-marins) afin de développer la flotte sous-marine française, en particulier la Force océanique stratégique. En 1993, alors qu’Areva s’impose comme le tout puissant champion français du nucléaire, sa filiale Framatome fait l’acquisition de 25% de Technicatome. Puis le groupe rachète en 2001 le reste des parts du CEA, ce qui lui permet de filialiser l’entreprise dont il possède désormais 83.5%. Le reste du capital est détenu par EDF, toujours présent avec ses 10%, et DCNS (alors DCN) qui entre à hauteur de 6.5%. C’est en 2006 que Technicatome avait changé de nom pour devenir Areva TA.

Cuve de réacteur d'un SNLE (© DCNS)