Signé le 10 septembre dernier au Caire, le contrat d’achat par l’Egypte des deux bâtiments de projection et de commandement initialement réalisés pour la Russie doit entrer en vigueur dans les prochains jours. Un premier versement, correspondant à environ la moitié du coût total de l’opération (950 millions d’euros), permettra de mener à bien les travaux d’adaptation des deux BPC et commencer la formation des marins égyptiens.
Le premier équipage attendu à Saint-Nazaire fin janvier
Alors que le premier bâtiment doit partir pour l’Egypte au début de l’été, son futur équipage est attendu à Saint-Nazaire d’ici la fin janvier. Les 180 marins le constituant bénéficieront d’une formation à terre, à quai puis en mer. Cette prestation sera assurée par les industriels (DCNS et STX France) pour les aspects techniques et par DCI Navfco pour la partie opérationnelle. 180 autres Egyptiens arriveront au printemps pour constituer l’équipage du second BPC, qui ralliera Alexandrie trois mois après son aîné.

EDAR (L-CAT) et BPC français (© MARINE NATIONALE)
Formation sur les bâtiments et la batellerie
On notera que les équipages seront non seulement formés à la mise en œuvre des bâtiments, mais également de leur batellerie. Il s’agit de celle commandée initialement par la Russie. Constituée de quatre chalands de débarquement du type CTM NG (conçus par DCNS et réalisés par STX Lorient) et deux catamarans rapides du type L-CAT (conçus par CNIM et réalisés par Socarenam), cette batellerie très moderne a été incluse dans le contrat égyptien. Comme pour les BPC, certaines modifications seront opérées sur les engins de débarquement, notamment la signalétique et les interfaces homme/machines.

CTM NG (© DCNS/ STX FRANCE)
46 hélicoptères russes
Afin d’équiper ses futurs bâtiments, on rappellera par ailleurs que l’Egypte a fait l’acquisition auprès du fabricant russe Kamov de 46 hélicoptères de combat Ka-52K (Katran), version navalisée de l’Alligator. Des appareils qui avaient été initialement commandés par la marine russe pour équiper les ex-Vladivostok et Sevastopol.

Hélicoptère Ka-52 sur un BPC français fin 2009 (© MARINE NATIONALE)
Des bâtiments aux capacités imposantes
Pour mémoire, les deux ex-BPC russes sont dérivés des Mistral, Tonnerre et Dixmude, livrés entre 2006 et 2012 à la marine française. Ces bâtiments de 199 mètres de long, 32 mètres de large et plus de 21.000 tonnes de déplacement en charge sont conçus pour les opérations amphibies et aéromobiles. En plus de leur équipage, ils peuvent accueillir plus de 400 hommes de troupe, une centaine de véhicules (dont des chars lourds), ainsi qu’une vingtaine d’hélicoptères de combat et de manœuvre. Leur radier, qui abrite la batellerie, peut abriter quatre CTM, deux L-CAT ou un L-CAT et deux CTM. Dotés d’importantes infrastructures de commandement, leur permettant de diriger une force interarmées et interalliée, les BPC disposent aussi d’un vaste hôpital embarqué pour assurer le soutien santé d’une opération de projection militaire ou d’intervenir lors de missions humanitaires.

L'ex-Vladivostok lors de ses essais en 2014 (© MICHEL FLOCH)
DCNS attend toujours la fin de ses remboursements
Concernant la rupture du contrat initial signé en 2011 avec la Russie pour 1.2 milliard d’euros, suite à l’accord conclu début août entre Paris et Moscou, la France a accepté de rembourser 945 millions d’euros. Et le président Hollande a assuré que l’annulation de la commande russe ne coûterait rien aux entreprises tricolores, à commencer par DCNS, qui portait industriellement le contrat. Pour l’heure, le compte n’y est toujours pas, le groupe naval continuant de négocier avec Bercy, via la Coface, le remboursement d’une somme assez conséquente dont le montant serait compris entre 150 et 200 millions d’euros.

La FREMM Tahya Misr (© MICHEL FLOCH)
L’Egypte, nouveau partenaire majeur de l’industrie française
On rappellera enfin qu’en plus des BPC, l’Egypte a déjà acquis, auprès de la France, une frégate multi-missions (FREMM), la Tahya Misr, livrée par DCNS en juin 2015. Le groupe naval français a par ailleurs vendu à la marine égyptienne quatre de ses nouvelles corvettes lourdes du type Gowind 2500. La tête de série, mise sur cale à Lorient en septembre dernier, sera opérationnelle en 2017, les trois autres étant réalisées en transfert de technologie à Alexandrie. Et il y a toujours une option pour deux Gowind supplémentaires, que l’Egypte pourra affermir si elle le souhaite. Outre les constructions neuves, DCNS va également développer sa présence dans le pays puisque le groupe a été chargé d’assurer pour cinq ans le maintien en condition opérationnelle de la Tahya Misr et espère bien signer de nouveaux contrats de MCO pour les autres unités de la flotte égyptienne.

Gowind 2500 (© DCNS)