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La rencontre samedi entre François Hollande et Vladimir Poutine, à l’occasion du sommet du G20 qui s’est déroulé à Brisbane, en Australie, n’a rien donné sur le dossier des BPC russes. Officiellement, les deux chefs d’Etat n’ont pas parlé spécifiquement de ces bâtiments. Devant les caméras, le président russe, à côté de son homologue français, a néanmoins déclaré qu’il fallait « faire tout notre possible pour minimiser les risques et les conséquences négatives pour nos relations bilatérales ». Les deux hommes auraient échangé de manière approfondie sur la situation en Ukraine, à laquelle Paris conditionne la livraison du premier BPC russe, le Vladivostok. Vladimir Poutine aurait apporté un certain nombre de réponses aux interrogations françaises, sans pour autant parvenir à convaincre sur tous les points de friction.

A Brisbane, le climat était en tous cas très lourd, le président russe quittant l’Australie hier matin, avant la photo officielle et le déjeuner réunissant traditionnellement les dirigeants des 20 plus grandes puissances économiques de la planète.

 

Jusqu’à fin novembre pour livrer ?

 

Hier, François Hollande, qui a conditionné en septembre la livraison du Vladivostok à la mise en œuvre effective d’un cessez le feu en Ukraine et la mise en place d’une solution politique permettant de garantir la paix dans la région, a affirmé qu’il voulait prendre sa décision « en dehors de toute pression, d'où qu'elle vienne et en fonction de deux critères, les intérêts de la France et l'appréciation de la situation ». Le président français répond ainsi aux menaces venues vendredi du Kremlin. Citée par l’agence de presse RIA Novosti, une source présentée comme « haut placée » avait affirmé que la Russie donnait à la France jusqu’à la fin du mois de novembre pour livrer le Vladivostok, faut de quoi d’importantes compensations seraient réclamées.

Pour l’heure, François Hollande assure que la France n’est pas en défaut par rapport au contrat. Mais il est bien évident que si ce dernier est assorti de différentes conditions et marges de manœuvre, dont on ne connait pas le détail, il y a aussi des délais d’exécution au-delà desquels les industriels tricolores, et derrière eux l’Etat, s’exposeront à un recours de la part des Russes. Ceux-ci peuvent exiger des pénalités financières en cas de retard ou bien, si les bâtiments ne sont pas livrés, réclamer leur remboursement et des compensations, ce qui représenterait une facture de plusieurs milliards d’euros.

Alors qu’en 2011, lorsque le contrat de 1.2 milliard d’euros a été signé, il était question de livrer le Vladivostok fin octobre 2014, la France ne pourra probablement pas jouer très longtemps la montre. Une manière de « couvrir » un refus de livraison serait que l’Europe adopte un nouveau train de sanctions à l’encontre de Moscou, via par exemple un embargo sur les ventes d’armes. La situation en Ukraine, où des milliers de soldats, des chars et pièces d’artilleries, sont arrivés la semaine dernière de Russie en vue de soutenir les séparatistes de l’Est du pays, peut actuellement s’y prêter. Mais l’Allemagne semble maintenant s’opposer au durcissement des sanctions, Berlin redoutant les répercussions économiques sur ses importants échanges commerciaux avec la Russie.

 

Les chantiers russes capables de construire seuls des BPC

 

Autre scénario possible : que Moscou reprenne la main, au moment où les Français pourront être contractuellement pris en défaut, en abandonnant les bateaux et en exigent leur remboursement. Paris se retrouverait alors avec les deux BPC sur les bras, peu de perspectives de les revendre et un poids financier bien malvenu dans un contexte budgétaire très contraint. Et les Russes, s’ils le veulent, seraient même en mesure de ridiculiser les Français en construisant eux-mêmes de nouveaux BPC ou des unités dérivées. Car le contrat signé entre DCNS et Rosoboronexport comportait également un transfert de technologie vers les chantiers OSK de Saint-Pétersbourg, qui ont réalisé les moitiés arrières des deux BPC assemblés à Saint-Nazaire chez STX France. Nul doute qu'aujourd'hui, OSK serait capable de construire de tels bâtiments dans leur intégralité et sans aide extérieure. 

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