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Cinquante-trois ans après sa mise à flot dans l’arsenal de Brest, en septembre 1961, l’ancien porte-hélicoptère s’apprête à faire ses adieux au port qui l’a vu naître. D’ici la fin du mois, l’ex-Jeanne d’Arc devrait avoir quitté la Bretagne pour rejoindre Bordeaux afin d’y être démantelée. La vielle coque,  aujourd’hui connue sous le nom Q 860, a été remise début septembre aux industriels chargés de sa déconstruction. Il s’agit d’un groupement constitué de Bartin Recycling et Petrofer Société Nouvelle, deux entreprises françaises filiales du groupe Veolia. Embossée au fond de la base navale, la vielle Jeanne va d’abord être amenée à quai pour des travaux préparatoires en vue de son transit vers la Gironde. Des feux de position seront notamment installés, alors que la coque, significativement allégée depuis son désarmement en 2010, sera probablement ballastée pour mieux tenir la mer. Une fois ces opérations réalisées, le remorquage pourra débuter en fonction de la météo. Si tout va bien, le convoi pourrait ainsi s'ébranler sous une dizaine de jours.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

L'ex-Jeanne d'Arc embossée dans la base navale de Brest (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Environ un an de travaux à Bordeaux

 

A Bordeaux, l’ex-porte-hélicoptères sera mis à quai dans la zone de Bassens. Pendant quatre à six mois, la coque sera d’abord dépolluée, le gros des travaux portant sur son désamiantage. Le Q 860 sera ensuite mis en cale sèche afin d’être découpé. Les métaux seront recyclés et les déchets traités par des entreprises spécialisées. Cette phase de démantèlement devrait s’étaler sur un semestre et, avant qu’elle s’achève, c’est l’ancien croiseur Colbert (Q 683), aujourd’hui en attente au cimetière marin de Landévennec, qui rejoindra Bordeaux. Normalement, une fois le Q 860 au bassin, le Q 683 prendra sa place à quai pour être à son tour dépollué.

 

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© MARINE NATIONALE

L'ancien croiseur Colbert (© : MARINE NATIONALE)

 

Le dernier voyage d’un bâtiment mythique

 

Deux des plus célèbres bâtiments d’après guerre de la flotte française vont donc bientôt disparaitre, emportant avec eux les souvenirs de plusieurs générations de marins ayant servi à leur bord. Ce sera particulièrement vrai pour l’ex-Jeanne d’Arc, qui a oeuvré pendant 46 ans comme bâtiment école de la Marine nationale, partant depuis Brest chaque année (sauf en 1997 pour cause d’avarie) avec une nouvelle promotion de l’Ecole navale. C’était l’époque des demi-tours du monde aux escales exotiques, celle d’un premier grand voyage pour de jeunes enseignes qui, à bord d’un bateau ayant marqué tous ceux qui y ont embarqué, découvraient leur métier et, en quelques mois, gagnaient des années en maturité. La Jeanne, c’était tout simplement un monument, une école de vie qui a accédé au rang de mythe collectif et restera dans les mémoires bien après sa disparition.

 

La Jeanne d'Arc a servi de 1964 à 2010 (© : MARINE NATIONALE)

 

Le fier vaisseau d’autrefois n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Dépourvu de son mât et coque délavée par la pluie et l’eau salée, il fait peine à voir. Mais qu’importe, même si certains ne le considèrent plus que comme un tas de ferraille bon pour la casse, pour tous ceux qui ont eu la chance et le privilège de passer quelques heures, quelques jours ou quelques années à bord, c’est avec respect que l’on verra partir pour la dernière fois la vieille dame. Car,même si elle a officiellement perdu son nom, la Jeanne garde dans le cœur de beaucoup son esprit si singulier et inoubliable. 

 

- Voir notre reportage sur la longue carrière de la Jeanne d'Arc

 

Mai 2010 : le retour à Brest après une ultime campagne (© : MARINE NATIONALE)

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