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La Direction Générale de l’Armement va lancer un nouvel appel à projets dans le cadre des futurs bâtiments de soutien et d’assistance hauturiers (BSAH). Cette décision fait suite, comme nous l’évoquions le 6 décembre dernier, à la remise à plat du programme, qui n’a pu être mené comme prévu sous forme de partenariat public privé (PPP). L’échec de cette procédure a été entériné par un avis paru le 15 février au journal officiel : « Constatant que la comparaison du coût global de l'offre finale à celui d'un mode d'acquisition patrimoniale ne permet pas de démontrer un intérêt économique, le ministère de la Défense renonce à poursuivre la passation du contrat et déclare sans suite la procédure de consultation dudit contrat ».

 

Pour mémoire, les BSAH doivent permettre de remplacer les bâtiments de soutien de région (BSR) Chevreuil (1977), Elan et Gazelle (1978),  les remorqueurs de haute mer (RHM) Tenace (1973) et Malabar (1976), le remorqueur ravitailleur (RR) Revi (1985), ainsi que les bâtiments de soutien, d’assistance et de dépollution (BSAD) Alcyon (1981) et Ailette (1982), ces deux derniers étant affrétés depuis 1988 à Bourbon par la Marine nationale. Alors que le ministère de la Défense à évalué ses besoins à huit nouveaux navires, l’idée était de nouer un partenariat avec un armateur privé de manière à faire supporter le coût de l’investissement initial à cet opérateur privé, qui aurait ensuite loué les bateaux à la marine. Cela, au travers de la signature d'un contrat de service global de longue durée couvrant la réalisation, la mise à disposition et l'entretien des navires. La flotte aurait été armée pour moitié par la marine dans le cadre de missions purement militaires (remorquage de sous-marins nucléaires, récupération de cibles ou torpilles d’exercice…), les quatre autres bâtiments, dévolus à des missions civiles ou d’action de l’Etat en mer (comme le sauvetage, l'assistance aux navires, la lutte contre la pollution), étant opérés par des équipages civils.

 

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Le RHM Malabar (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

 

Seulement deux unités neuves au cours de la LPM ?

 

 

Nous ne reviendrons pas ici sur les raisons qui ont abouti à l’échec du PPP, puisque nous les avons déjà abordées en détail il y a deux mois (voir notre article du 6 décembre). Il est revanche intéressant de s’interroger sur la suite des évènements. Normalement, la DGA devrait lancer le nouvel appel à projets d’ici la fin du mois de mars. Sur la base, cette fois, d’une acquisition patrimoniale, c'est-à-dire un investissement supporté par le budget du ministère de la Défense. Cela nécessite donc de mobiliser des crédits qui n’étaient pas prévus initialement. Par chance, il est devenu clair, dès l’été dernier, que le PPP échouerait, ce qui a permis de prendre en compte cette dépense supplémentaire dans le projet de loi de programmation militaire, voté  en fin d’année par le parlement. Néanmoins, si la LPM conserve une cible finale de huit bâtiments pour le programme BSAH, il n’est fait mention que de la construction de deux unités sur la période (2014 – 2019), avec un objectif de mise en service en 2017. Le reste de la flotte risque donc de n'être construit qu’à partir de 2020, au mieux.

 

 

Des bâtiments à bout de souffle

 

 

En attendant, il va falloir faire avec les moyens du bord et probablement prolonger encore certaines unités, du moins celles qui le peuvent. Logiquement, les deux premiers BSAH devraient prioritairement remplacer les RHM Tenace et Malabar, chargés notamment d’assister les sous-marins nucléaires au cas où l’un de ces bâtiments souffrirait d’une avarie de propulsion. Une mission sensible qui nécessite quelques caractéristiques particulières. Agés de 41 et 38 ans, les RHM devaient être désarmés cette année mais, faute de solution, sont maintenus plus longtemps. Il conviendra de voir s’il en sera de même pour le RR Revi, basé en Polynésie française, alors que les BSR sont aussi à bout de souffle. Quant aux BSAD Alcyon et Ailette, bien entretenus et rendant encore de fiers service, le remplacement semble plus aisé puisqu’ils n’appartiennent pas à la marine mais à Bourbon dans le cadre d’un contrat d’affrètement. Il faudra voir ce que l’armateur peut éventuellement faire pour moderniser ces moyens et à quel prix. 

 

 

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© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE

Le BSR Chevreuil (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

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© MICHEL FLOCH

Le BSAD Alcyon (© : MICHEL FLOCH)

 

 

 

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