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Le constructeur cherbourgeois crée la surprise en développant une version dédiée à la guerre des mines de son patrouilleur à coque trimaran vendu au Mozambique. L’Ocean Eagle 43 Mine Hunter sera officiellement dévoilé à l’occasion du salon Euronaval, qui ouvrira ses portes au Bourget le 27 octobre. Il s’agit de la réponse de CMN à une tendance lourde observée sur le marché. D’un côté, de nombreuses marines veulent moderniser leur outil de guerre des mines ou développer une telle capacité, en s’équipant notamment de drones. De plus en plus performants, ces engins sous-marins offrent l’avantage de réduire au maximum l’intervention humaine et de positionner à distance de sécurité le bateau porteur.

 

Les marines face aux contraintes budgétaires

 

Un outil « idéal » que beaucoup de forces navales souhaitent s’offrir mais qui se trouve confrontés très souvent aux restrictions budgétaires, qui limitent les ambitions et contraignent les marins à faire des choix. Or, face au développement des besoins en matière de surveillance et de protection des espaces maritimes (par exemple contre les trafics, la piraterie ou encore la pollution), l’acquisition de navires uniquement spécialisés dans la guerre des mines n’apparait pas comme une priorité. De facto, si les programmes de patrouilleurs foisonnent dans le monde, ceux portant sur les chasseurs de mines sont devenus presque anecdotiques. L’intérêt est pourtant bien réel, la mine demeurant une arme redoutable offrant un rapport coût/efficacité phénoménal. Ainsi, pour une somme dérisoire, un Etat ou un groupe terroriste peut très bien paralyser, grâce à ces armes, un port, un détroit ou des approches côtières.

 

La solution de la plateforme polyvalente

 

Dans cette perspective, les industriels cherchent des solutions innovantes en proposant des plateformes simples d’emploi, modulaires et polyvalentes, auxquelles il est possible de confier les missions d’un patrouilleur comme celles dévolues à une unité de chasse aux mines. C’est dans cet esprit qu’est né l’Ocean Eagle 43 MH. Ce bâtiment reprend la même coque que celle des trois patrouilleurs qui seront livrés par CMN au Mozambique début 2015. Pour mémoire, ce concept de trimaran en composite a été développé par CMN avec Nigel Irens, l’une des grandes référence mondiales en matière de multicoques. L’avantage de cette architecture est qu’elle offre une grande largeur, permettant d’intégrer différentes capacités, dont une plateforme pour la mise en œuvre d’un drone aérien, tout en apportant une grande stabilité.

 

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© CMN

Le patrouilleur Ocean Eagle 43, modèle commandé par le Mozambique (© : CMN)

 

Sur la base du modèle adopté par le Mozambique, soit un patrouilleur long de 43.6 mètres pour une largeur de 15.7 mètres, les ingénieurs cherbourgeois ont intégré toute l’infrastructure et les équipements nécessaires à une opération de chasse aux mines. Après avoir ôté la plateforme, ils ont développé la superstructure afin que celle-ci puisse accueillir un module dédié à la mise en œuvre de drones spécialisés. La propulsion a également été adaptée puisqu’elle est électrique, avec des propulseurs azimutaux, pour les phases de chasse aux mines (à des vitesses de 0 à 8 nœuds). Pour les périodes de transit, le bâtiment s’appuie sur une propulsion classique, avec deux moteurs diesels et deux lignes d’arbres, l’allure maximale étant de 19 nœuds. L’Ocean Eagle 43 MH est donc moins rapide que les patrouilleurs mozambicains, plus puissamment motorisé (quatre diesels générateurs) et conçus pour atteindre 30 nœuds.

 

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© CMN

L'Ocean Eagle 43 MH avec un drone SeaCat (© : CMN)

 

Sept drones à bord

 

L’Ocean Eagle 43 MH, qui dispose d’un système de mission permettant aux marins d’assurer la conduite des opérations à distance, peut embarquer jusqu’à sept drones : un AUV (Autonomous Underwater Vehicle) doté d’un sonar latéral pour la détection, la classification et la localisation des mines, ainsi que six UUV (Unmanned Underwater Vehicle) de type Mine Killer pour la destruction des engins découverts. Le concept a été étudié avec l’Allemand Atlas Elektronik, dont deux produits peuvent être intégrés sur l’Ocean Eagle 43 MH : le SeaCat et le SeaFox. La modularité du bâtiment lui permet néanmoins, précise CMN, d’accueillir les drones d’autres fournisseurs suivant les préférences des marines utilisatrices.

En plus des AUV et UUV, l’Ocean Eagle conserve dans cette configuration, sur l’arrière de sa coque centrale, une rampe de mise à l’eau pour un semi-rigide. Cette embarcation de 6.5 mètres peut être utilisée par des plongeurs démineurs, qui disposent à bord de locaux pour leur matériel. Car, malgré l’emploi des drones, ces spécialistes ont encore de beaux jours devant eux, l’intervention humaine demeurant nécessaire dans un certain nombre de cas, par exemple pour récupérer un engin à des fins de renseignement.

 

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© CMN

L'Ocean Eagle 43 MH (© : CMN)

 

Les moyens d’un patrouilleur

 

En dehors de cette fonction, le semi-rigide peut également servir à une équipe de visite, voire à des forces spéciales. Car c’est bien l’avantage du concept : proposer une plateforme multifonctions capable, pour un coût d’acquisition et d’exploitation faible, d’effectuer des missions très variées. Ainsi, l’Ocean Eagle 43 MH, même gréé pour la guerre des mines, reste un patrouilleur. Armé par un équipage de 15 marins, il embarque un canon télé-opéré de 20mm au dessus de la passerelle et deux mitrailleuses de 12.7mm à l’arrière, qui offrent un champ de battage à 360°. En matière de guerre électronique, le bâtiment est équipé d’un radar de navigation et de surveillance, complété par un système électro-optique et des moyens de guerre électronique (C-ESM). L’ensemble est interfacé à un système de commande et de contrôle de type C2 ainsi qu’à un système de navigation intégré (INS).

 

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© CMN

L'Ocean Eagle 43 MH (© : CMN)

 

Grâce à son autonomie de 2500 milles à 14 nœuds, le nouveau concept de CMN, classé par le Bureau Veritas, peut donc non seulement être employé pour la guerre des mines, mais aussi pour toutes les missions de surveillance et d’intervention effectuées par des patrouilleurs classiques dans les eaux territoriales et la zone économique exclusive. On peut penser à la lutte contre la piraterie ou le terrorisme, au contrôle de l’immigration clandestine, à la police des pêches, au soutien à des opérations spéciales, au renseignement, à la protection d’installations offshore ou encore à des missions de recherche et de sauvetage. 

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Constructions Mécaniques de Normandie (CMN)