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Mis à l’eau en septembre 2018 au chantier Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering (DSME) d’Okpo, sur l’île de Geoje, le Dosan Ahn Chang-ho, premier des nouveaux sous-marins sud-coréens du type KSS III, a été officiellement mis en service le 14 août.

Long de 83.5 mètres pour un diamètre de 7.7 mètres (jusqu’à 9.6 mètres en largeur) et un déplacement de plus de 3700 tonnes en plongée, ce bâtiment est à ce jour le plus grand sous-marin de la flotte coréenne et le premier de conception nationale. Il est doté d’une propulsion diesel-électrique (avec des batteries lithium-ion fournies par Samsung), complétée par un système de propulsion anaérobie basé sur des piles à combustible produites par la société coréenne Buhman Industry.

 

Le Dosan Ahn Chang-ho, qui pourrait atteindre 20 nœuds en plongée et franchir au moins 10.000 nautiques, avec une autonomie allant jusqu’à 50 jours, est armé par une cinquantaine de marins. En plus de six tubes de 533 mm pour torpilles lourdes et missiles antinavire, il s’agit du premier sous-marin coréen équipé de silos verticaux, en l’occurrence six cellules pour missiles de croisière Cheong Ryong, ou des missiles balistiques du type Hyunmoo-2B d’une portée de 500 km. L’ajout de cette capacité a été décidé en 2016 par Séoul afin de répondre au programme de missiles de la Corée du nord. On notera que les mâts optroniques des KSS III sont livrés par le groupe français Safran, qui est par ailleurs un équipementier historique de la marine sud-coréenne en matière de centrales inertielles.

Le second sous-marin de ce type, l’Ahn Mu, a été mis à l’eau en novembre dernier par DSME en vue d’être réceptionné en 2022 par la marine sud-coréenne. Une troisième unité (Yi Dong-nyeong) est en cours de construction pour une livraison d’ici la fin 2023. Sa réalisation a été confiée à un autre constructeur coréen, Hyundai Heavy Industries, qui l’a mise sur cale en avril 2019.

 

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© ROK NAVY

Cérémonie de lancement de l’Ahn Mu le 10 novembre 2020 (© ROK NAVY / DSME)

 

Alors que ces trois sous-marins constituent le Batch I du programme KSS III, les trois suivants formeront le Batch II. Leur déplacement sera accru de 450 tonnes (soit près de 4200 tonnes en plongée) selon la marine sud-coréenne, ce qui permettra de passer le nombre de lanceurs verticaux à 10 et bénéficier d’améliorations technologiques en matière de propulsion et de système de combat. Trois autres sous-marins, le futur Batch III, complèteront la série, qui doit donc comprendre un total de neuf bâtiments d’ici la fin de cette décennie.

Initié en 2007 pour un montant de près de 3 milliards de dollars (pour le développement et la construction des trois premières unités), ce programme de sous-marins océaniques est stratégique pour la Corée du sud, qui finit avec eux d’acquérir sa souveraineté industrielle dans ce domaine. On notera par ailleurs que ce projet, malgré sa complexité, est pour le moment mené dans les délais prévus, malgré les modifications apportées. 

Pour y parvenir, les Coréens s’appuient sur l’expérience acquise avec les sous-marins des types KSS I et KSS II, de conception allemande et pour lesquels un transfert de technologie a été opéré à partir de 1987 par HDW. Ainsi, après la réalisation à Kiel du Chang Bogo (type 209/1200 de 56 mètres et 1290 tonnes en plongée), premier KSS I (livré en 1993), les huit autres bâtiments de cette classe ont été réalisés à Okpo par DSME, qui a achevé le dernier en 2001.

 

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© US NAVY

Sous-marin du type KSS I (© US NAVY)

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© DR

Sous-marin du type KSS III (© ROK NAVY)

 

DSME, mais aussi le chantier Hyundai Heayvy Industries (Ulsan), ont ensuite travaillé sur le programme KSS II. Là aussi, il s’agissait de reproduire des sous-marins conçus en Allemagne, en l’occurrence le type 214 (63 mètres, 1860 tonnes en plongée) équipé du système de propulsion anaérobie PERMASYN et de piles à combustible Siemens, comme le type 212 de la marine allemande. Alors que la première unité du type KSS II, le Sohn Won il, a été livrée en 2007, la neuvième et dernière a été mise en service en janvier 2020. Au fil des années, le pays a développé de nombreuses compétences locales en lien avec la réalisation des sous-marins et de leurs équipements, ce qui permet aussi à la Corée du sud, désormais autonome, de se placer sur le marché de l'export, où DSME a remporté son premier contrat en 2011 avec trois sous-marins du type 209/1400 pour l'Indonésie (livrés à partir de 2017) qui en a commandé trois autres en 2019. 

Pour la suite, des réflexions sont en cours pour une nouvelle série de sous-marins qui pourrait succéder aux KSS I.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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