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Le chantier girondin de Gujan-Mestras a remporté avec l’Arabie Saoudite l’une des plus grosses commandes de son histoire et espère rapidement doubler la mise avec un second contrat. Pour l’heure, celui portant sur 79 intercepteurs destinés aux garde-côtes saoudiens est déjà acquis pour Couach. Construites en matériaux composites, ces unités d'environ 15 mètres seront des versions dérivées et agrandies des 15 exemplaires du type 1300 FIC livrés en 2011 et 2012 à l’Inde (des modèles de 13 mètres capables de dépasser 50 noeuds). Les futurs intercepteurs saoudiens seront achevés à partir de la mi-2016, la production s’étalant sur trois ans.

En sous-traitance de l’Allemand Lürssen

Le chantier français ne travaille pas en direct avec Ryad mais agit en sous-traitance de Lürssen. Les 79 intercepteurs font en effet partie du contrat géant engrangé par le groupe allemand auprès du ministère saoudien de l’Intérieur. Un marché qui pourra comprendre jusqu’à 140 bateaux de 15 à 90 mètres (intercepteurs, vedettes, patrouilleurs, unités de soutien…) pour un montant estimé à plus de 1.5 milliard d’euros. Ce fameux contrat est en réalité l’un des volets du défunt projet géant Miksa (qui signifiait Ministry of Interior Kingdom of Saudi Arabia), au travers duquel les Français ont tenté pendant 20 ans de vendre aux Saoudiens un concept global de surveillance de leurs 9000 kilomètres de frontières terrestres et maritimes. Un contrat mirifique qui échappa finalement à Thales et dont le plus gros morceau est tombé en 2009 dans l’escarcelle d’EADS Allemagne.

 

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© MER ET MARINE

1300 FIC indien (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Ryad préfère les Français à un modèle italien

Six ans plus tard, une petite partie du volet naval de Miksa revient donc en France et va permettre de garnir le plan de charge de Couach, qui va pour le mener à bien accroître ses effectifs. Car le constructeur girondin n’entend pas sous-traiter une partie de ces bateaux mais  réaliser lui-même l’ensemble de la production. On notera que le choix du chantier français n’est pas celui de Lürssen, qui a d’abord proposé aux Saoudiens des intercepteurs conçus par l’Italien Fabio Buzzi Design.  Mais Ryad a préféré la solution tricolore et plus particulièrement Couach, qui a fait ses preuves auprès des garde-côtes saoudiens, auxquels il a déjà livré des patrouilleurs rapides de 15 mètres.

En lice pour le contrat des 35 patrouilleurs destinés à la marine

En dehors des intercepteurs, Couach est par ailleurs toujours en lice pour le projet de patrouilleurs rapides que souhaite acquérir la marine saoudienne. On parle ici de 35 unités de 28 mètres. Un projet complexe sur lequel les industriels français sont à couteaux tirés depuis des mois. Initialement, Ocea paraissait devoir emporter la partie. Le groupe vendéen est en effet positionné depuis l’origine sur ce projet, initié dans les années 2000 et dont le cahier des charges portait sur des unités en aluminium capables de dépasser 30 nœuds et déjà vendues à d’autres clients, donc éprouvées. Seul chantier français à répondre à ces contraintes, Ocea a été à deux reprises sélectionné par les Saoudiens. Mais le dossier a trainé tout en prenant une tournure très politique, d’autres industriels tricolores s’invitant à la table des négociations. DCNS, allié à Piriou, a tenté de rafler la mise, mais son offre aurait finalement été retoquée il y a quelques mois. Dans le même temps, le Cherbourgeois CMN s’est lancé dans la course, via ses propres réseaux, avec son HSI 32. Couach est, enfin, entré dans la compétition fin 2014.  Car, à l’occasion de la visite d’une délégation saoudienne au salon Euronaval, le chantier de Gujan-Mestras serait parvenu à convaincre que des coques en composite, sa spécialité, répondent aussi aux besoins de ce client. 

Alors que la mort du roi Abdallah fin janvier et les changements (notamment de ministre de la Défense) qui ont suivi avec son successeur, le roi Salmane, ont rebattu les cartes, les industriels français s’affrontent plus que jamais pour emporter la commande des nouveaux patrouilleurs de la marine saoudienne. Un contrat évalué à 600 millions de dollars. 

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