Plus de deux semaines après son annonce, l’opération de l’OTAN en mer Egée est à pied d’œuvre et franchit un nouveau cap dans la lutte contre le trafic de migrants depuis la Turquie. Alors que des bâtiments de l’Alliance ont dans un premier temps permis de renforcer les moyens de surveillance, l’Organisation a acté dimanche 6 mars une étape supplémentaire.
Intercepter les passeurs
Il s’agit, désormais, d’aider les autorités grecques et turques, ainsi que les moyens de l’agence européenne Frontex, à débusquer et intercepter les passeurs. Une action qui a nécessité de longues discussions avec Ankara et Athènes, afin notamment d’obtenir la possibilité de poursuivre les trafiquants dans les eaux territoriales des deux pays. « Nos commandants ont défini notre zone d’activité en concertation et en coordination étroites avec la Grèce et la Turquie. Les activités que nous mènerons dans les eaux territoriales s’effectueront en consultation et en coordination avec les deux Alliés. Le déploiement OTAN n’a pas pour but d’arrêter ni de refouler les bateaux de migrants, mais d’aider nos Alliés grec et turc, ainsi que l’UE, à faire face au problème de la traite des êtres humains et à l’activité des réseaux criminels qui alimente la crise », explique l’OTAN, dont le commandement maritime a arrêté des arrangements à caractère opérationnel et tactique avec Frontex. « L’OTAN et Frontex pourront échanger des officiers de liaison et partager des informations en temps réel, pour permettre à l’agence européenne ainsi qu’à la Grèce et à la Turquie de prendre des mesures en temps réel ».
Vers des problèmes juridiques sur les reconduites en Turquie
Concernant les migrants secourus en mer, un accord a semble-t-il été conclu pour pouvoir les ramener en Turquie. Mais cette solution pourrait poser des problèmes juridiques avec les réfugiés, le droit international excluant un raccompagnement des demandeurs d’asile dans le pays de départ, les demandes devant être enregistrées dans le pays d’arrivée.

Le Bonn vu de la frégate canadienne Fredericton (© OTAN)
Le SNMG 2 renforcé avec des bâtiments britanniques et français
Concernant les moyens navals, c’est le Standing Nato Maritime Group 2 (SNMG 2), déjà présent en Méditerranée, qui a été choisi fin février pour conduire la mission de l’OTAN en mer Egée. Ce groupe naval est actuellement composé du bâtiment de ravitaillement allemand Bonn (navire amiral), ainsi que des frégates Fredericton (Canada), Barbaros (Turquie) et Salamis (Grèce). Des moyens qui vont être renforcés, le Royaume-Uni ayant annoncé hier le déploiement sur zone du transport de chalands de débarquement RFA Mounts Bay, qui s’ajoutera à deux patrouilleurs de la Border Force britannique, dont le HMC Protector, qui a quitté Brest ce week-end après une brève escale pour rallier la Méditerranée. La France va également participer à cet effort, l’aviso Commandant Bouan devant appareiller de Toulon cette semaine afin de rejoindre le SNMG 2. Pour mémoire, ce bâtiment de la Marine nationale avait participé en septembre dernier à l'opération Triton (Frontex), sauvant au large des côtes italiennes plus de 400 personnes.

Le RFA Mounts Bay (© ROYAL NAVY)

Le Commandant Bouan (© MARINE NATIONALE)