Le premier déploiement du groupe aéronaval (GAN) français depuis la fin 2016 devrait débuter la semaine prochaine. Après Arromanches et Bois Belleau, la Marine nationale a de nouveau choisi une référence à l’un de ses anciens porte-avions et au nom qu’il portait pour cette mission. Elle est baptisée Clemenceau, en hommage au vainqueur de 1918 et parce que le « Tigre », comme on l’appelait, avait réalisé dans les années 1920 une tournée en Asie, où l’ancien homme d’état français est resté célèbre.
Une région où vont évoluer le porte-avions Charles de Gaulle et son escorte pour la première fois depuis 2002. Formant la Task Force 473, le groupe aéronaval français poussera en effet jusqu’à Singapour, où il fera escale en marge du prochain Dialogue de Shangri-La, qui se déroulera du 31 mai au 2 juin.
Avant cela, le GAN traversera la Méditerranée et, en cas de besoin lorsqu’il passera par la partie orientale de la Grande Bleue, pourra soutenir avec l’aviation embarquée les opérations de lutte contre le terrorisme au Levant. Après avoir franchi Suez et la mer Rouge, il rejoindra ensuite l’océan Indien. Au cours de ce déploiement, différentes manœuvres sont prévues avec des forces alliées, dont un important exercice dans le golfe du Bengale avec les marines américaine, japonaise et australienne, cette dernière venant d'ailleurs de déployer un groupe naval (avec le porte-hélicoptères d'assaut Canberra, la frégate Newcastle et le ravitailleur Success) dans le cadre de la mission Indo-Pacific Endeavour 2019. « Un des objectifs est d’entretenir nos partenariats stratégiques notamment avec l’Egypte, l’Inde et l’Australie tout en maintenant notre haut niveau d’interopérabilité en particulier avec les Américains », explique-t-on à l’état-major de la Marine nationale.
La présence du Charles de Gaulle à Singapour et en marge du Dialogue de Shangri-La, conférence internationale annuelle sur la sécurité dans la zone Asie-Pacifique, peut aussi être considérée comme un message de la France réaffirmant son statut de pays riverain de la région, sa capacité à projeter une puissante force aéronavale partout dans le monde et aussi sa volonté, maintes fois redite, de voir assurée la liberté de naviguer en mer de Chine méridionale, dans la partie sud de laquelle la TF 473 évoluera pour rejoindre Singapour.

Le BCR Marne avec le porte-avions Charles de Gaulle (© MARINE NATIONALE - YOANN LETOURNEAU)
Concernant la composition du groupe aéronaval français, en dehors du Charles de Gaulle, qui embarquera une trentaine d’avions et d’hélicoptères (Rafale Marine, Hawkeye, Caïman et Dauphin), le noyau de base de cette force sera constitué de la frégate de défense aérienne Forbin (dont le problème sur l'appareil propulsif a pu être réparé à temps), de la frégate multi-missions Provence, d’un sous-marin nucléaire d’attaque et du bâtiment de commandement et de ravitaillement Marne. D’autres unités de la flotte française viendront renforcer le GAN lorsque celui-ci passera dans les zones où ces bâtiments sont déjà déployés. Ce devrait être le cas de la FREMM Languedoc en Méditerranée et de la frégate anti-sous-marine Latouche-Tréville en océan Indien.
S’y ajouteront des navires alliés qui escorteront le Charles de Gaulle à différentes périodes au fil de son déploiement et des théâtres d’opération traversés. Sont notamment prévus une frégate danoise, une frégate portugaise, une ou plusieurs unités britanniques ainsi que différents destroyers américains.

Le Charles de Gaulle lors de l'exercice FANAL avant son déploiement (© MARINE NATIONALE - LISA BESSODES)