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On s’affronte ces dernières semaines dans les coulisses des ministères sur le choix du port base du premier des trois nouveaux bâtiments multi-missions (B2M) de la Marine nationale. En cours de construction chez Piriou, le futur D’Entrecasteaux, dont la mise en service est prévue début 2016, est annoncé depuis le lancement du programme comme devant être positionné en Nouvelle-Calédonie. Mais certains aimeraient plutôt le voir rejoindre à La Réunion. La situation des moyens navals  oeuvrant en océan Indien et dans les eaux des Terres australes et antarctiques françaises est en effet difficile. Alors que le patrouilleur Albatros de la Marine nationale vient d’achever son ultime mission et sera de retour à Brest en juillet pour être désarmé, l’Osiris, affrété à l'année auprès du GIE Protection Légine et Ressources Halieutiques, doit sortir de flotte en 2016. Puis ce sera au tour, en 2017, de l’Astrolabe, géré par l’Institut Polaire Paul-Emile Victor (IPEV) et chargé pour le compte de l’administration des TAAF de ravitailler la base Dumont d’Urville en Antarctique. La même année, la Marine nationale prévoit aussi de désarmer le bâtiment de transport léger (Batral) La Grandière.

La marine veut un bâtiment supplémentaire pour La Réunion

Face à cette situation, les TAAF et l’IPEV prévoient la commande cette année d’un nouveau navire appelé à succéder à l’Astrolabe et à l’Albatros.  Il doit entrer en service en octobre 2017 et sera armé par un équipage de la Marine nationale. Celle-ci souhaite également pourvoir au remplacement du La Grandière grâce à la commande d’un quatrième B2M. Sauf que le contrat ne porte pour le moment que sur trois bâtiments multi-missions, prévus pour être basés en Nouvelle-Calédonie, aux Antilles et en Polynésie française (les trois doivent être opérationnels en 2016). Et, même si le chef d’état-major de la marine se bat comme un beau diable pour obtenir la commande d’un B2M supplémentaire (qui fait l’objet d’une option au contrat ayant vu la notification des trois premiers), l’affaire n’est pas actée. Ce qui amène certains à vouloir jouer la prudence en tentant d’obtenir dès maintenant un B2M à La Réunion via la réaffectation du D’Entrecasteaux.

Un besoin encore plus criant à Nouméa

Une solution dont la Marine nationale ne veut apparemment pas entendre parler. Et pour cause : si la situation est délicate en océan Indien, elle est encore moins bonne à Nouméa. Les moyens navals des Forces Armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) ne comptent en effet plus que la frégate de surveillance Vendémiaire (du même type que le Floréal et le Nivôse basées à La Réunion) et le vieux patrouilleur La Glorieuse, mis en service en 1985 et qui va devoir probablement jouer les prolongations jusqu’en  2020. Les FANC disposaient auparavant d’un Batral, le Jacques Cartier, qui a été désarmé en 2013 et dont le remplacement, très attendu, doit justement être assuré par le D’Entrecasteaux. L’arrivée du B2M doit permettre de disposer de nouveau, dans la zone d’action calédonienne, d’un bâtiment pouvant mener des opérations de soutien logistique et capable d’intervenir pour des missions humanitaires grâce à ses capacités de transport et ses moyens nautiques (dont un chaland). Les ravages provoqués la semaine dernière par le cyclone Pam au Vanuatu sont d’ailleurs venus rappeler l’importance d’un tel moyen à Nouméa. A défaut de disposer encore d’un Batral et dans l’attente de l’arrivée du B2M, la Marine nationale a été contrainte de mobiliser son unique gros bâtiment basé à Nouméa, qui a été dépêché au Vanuatu pour venir en aide aux populations sinistrées. Une aide que la France n’aurait pu fournir à ce pays voisin si le Vendémiaire avait été en arrêt technique ou mobilisé sur une autre opération. 

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