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Les gouvernements français et britannique ont notifié hier le contrat d’étude visant à définir l’avion de combat de prochaine génération devant équiper les deux pays. Dans la lignée des accords de défense de Lancaster House (2010) et suite à la signature d’un accord politique au salon aéronautique de Farnborough en juillet dernier, Londres et Paris ont, en effet, décidé de coopérer en vue de développer un Système de combat aérien futur (SCAF), appelé par les Britanniques FCAS (Future Combat Air System).  

 

Porté par Dassault Aviation et BAE Systems, le premier contrat d’étude, d’une durée de deux ans et d’un montant de 150 millions d’euros (auxquels s’ajoutent des financements nationaux pour une valeur totale de 100 millions d’euros), vise à définir l’expression de besoin franco-britannique. Cette première phase préfigure ce qui pourrait aboutir à un programme de démonstration complet, avec la réalisation d’un prototype d’appareil furtif pouvant être piloté ou employé comme drone. « Nous sommes ravis d’entamer cette nouvelle phase qui préparera le futur des systèmes aériens de combat, avec et sans pilote. Elle assure aux entreprises françaises et britanniques de conserver leur excellence technologique qui est vitale pour leur compétitivité dans un environnement concurrentiel mondialisé. Elle montre surtout l’attachement de la France et de la Grande-Bretagne à leur ambition de rester des puissances aéronautiques de premier plan », se félicite Eric Trappier, président de Dassault Aviation. Un enthousiasme partagé par son homologue de BAE Systems, Ian King : « Ce contrat marque un jalon majeur dans le partenariat qui lie nos deux nations, gouvernements et industries. Cette Phase de Faisabilité permettra aux industriels britanniques et français de travailler en étroite collaboration et jettera de solides bases pour envisager à terme un programme potentiel de démonstration du Système de combat aérien futur, tout en soutenant de nombreux emplois hautement qualifiés ».

 

Objectif : Un engin opérationnel à l’horizon 2030

 

Concrètement, l’étude de deux ans posera les fondations sur lesquelles un programme conjoint à long terme sera bâti, en insistant sur deux points clés : Le développement de concepts pour un système opérationnel, ainsi que la maturation des principales technologies nécessaires à un futur système aérien de combat sans pilote à bord (UCAS) à vocation opérationnelle.  A l’issue de la phase d’étude, prévue fin 2016, des travaux pourraient débuter pour développer un démonstrateur technologique d’UCAS à même de répondre aux futurs besoins militaires des deux nations. Des besoins qui, à terme, concerneront non seulement l’armée de l’Air et la Royal Air Force, mais  également la Marine nationale et la Royal Navy, très intéressée pour disposer à l’avenir d’UCAS embarqués sur porte-avions. Le futur drone combat, qui pourra procurer de nouvelles capacités aux forces aériennes et aéronavales, est prévu pour entrer en service à l’horizon 2030.

Les industriels soulignent que la Phase de Faisabilité garantira des centaines d’emplois hautement qualifiés chez Dassault Aviation et BAE Systems, mais aussi chez leurs partenaires industriels comme Rolls-Royce, Selex ES, Snecma (Safran), Thales et de nombreuses PME associées au programme.

 

Snecma et Rolls-Royce au sein d’une société commune

 

Du côté des motoristes, depuis le lancement des études initiales, en septembre 2012, Snecma et Rolls-Royce ont combiné leurs expertises technologiques respectives et ont convenu d’un partage des tâches permettant de satisfaire les besoins techniques ambitieux du système de propulsion du futur drone. Les études se sont concentrées jusqu’à présent sur le développement de nouvelles technologies et l’évaluation de nouvelles architectures systèmes. La phase de faisabilité permettra à Rolls-Royce Snecma Ltd, société commune créée pour l’occasion par les deux groupes, de poursuivre de manière plus approfondie ses travaux basés sur des concepts innovants de systèmes de propulsion. Afin d’assurer une meilleure coordination au sein de cette joint venture, un directeur général, Philippe Loty, a été nommé le mois dernier. Une nomination qui permet, selon Rolls-Royce Snecma Ltd, de conforter la cohérence des activités conjointes des deux motoristes. « Snecma et Rolls-Royce confirment leur volonté de collaborer étroitement au sein de leur entité commune et de se donner les moyens d’atteindre leurs objectifs. Nos travaux techniques conjoints se sont très bien déroulés pendant ces deux dernières années et nos équipes sont heureuses de poursuivre les études sur de nouvelles technologies extrêmement prometteuses », précise Philippe Loty.

 

Thales et Finmeccanica-Selex ES pour les capteurs et communications

 

Dans le cadre de la phase de faisabilité, des contrats portant sur la spécification et la définition de la suite de capteurs multifonction dont sera doté le système FCAS, ainsi que des sous-systèmes de communication, ont été par ailleurs attribués à Thales et le groupe italien Finmeccanica–Selex ES (également implanté au Royaume-Uni), qui vont collaborer à parts égales. Outre la spécification des capteurs et des systèmes de communication du futur drone, ils établiront les feuilles de route relatives à ces systèmes, et identifieront les coûts associés à la production d’un FCAS opérationnel. Cette coopération inclut également des activités conjointes de maturation technologique qui soutiendront les activités de conception. Les deux entreprises indiquent qu’elles pourront faire appel à d’autres secteurs industriels français et britanniques, selon les nécessités. « Cet accord crée donc une force européenne sans équivalent dans l’électronique de défense, qui permettra à la France et à la Grande-Bretagne d’utiliser des drones de combat dans des environnements à haut risque. En fournissant des solutions innovantes en matière de capteurs, les deux partenaires soutiennent et développent des technologies souveraines et une base de compétences stratégique dans les deux pays, qui bénéficieront aux plateformes de combat avec ou sans pilotes », affirment les deux partenaires. Selon Pierre-Eric Pommellet, directeur général adjoint de Thales en charge des Systèmes de Mission de Défense : « Le soutien de la France et de la Grande-Bretagne est essentiel pour l’avenir des drones et des avions de combat en Europe. Avec ce contrat, Thales et Finmeccanica-Selex ES vont renforcer leur coopération dans l’électronique de défense et développer les capteurs embarqués répondant aux besoins des forces armées, pour leurs plateformes de nouvelle génération ». Quant à Norman Bone, directeur général en charge de la division Airborne and Space Systems de Finmeccanica-Selex ES, il rappelle que la coopération est aujourd’hui essentielle dans un environnement économique très contraint : « Avec la réduction des budgets militaires en Europe, les programmes collaboratifs comme le FCAS offrent à nos clients la haute technologie dont ils ont besoin pour répondre aux menaces modernes, tout en restant économiquement viables. Associant les leaders français et britannique de l’électronique de défense, ce contrat va permettre à nos deux nations de commencer à oeuvrer sur un système de combat de nouvelle génération ».

 

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© BAE SYSTEMS

Le Taranis (© : BAE SYSTEMS)

 

Une première expertise acquise avec le Neuron et le Taranis

 

Pour développer le SCAF/FCAS, les industriels pourront s’appuyer sur les travaux et le savoir-faire acquis lors du développement en France et au Royaume-Uni de deux démonstrateurs d’UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle) : le Taranis de BAE Systems et le Neuron de Dassault Aviation. Long de 12.4 mètres pour une envergure de 10 mètres, le drone britannique, conçu pour dépasser Mach 1, a réalisé son premier vol en 2013. Quant au Neuron, que l’avionneur français a développé au sein d’une coopération européenne avec l’Italien Alenia Aermacchi, le Suédois Saab, le Grec HAI, l’Espagnol Airbus-Casa et le Suisse RUAG, il fut en décembre 2012 le premier drone de combat européen à prendre son envol.

 

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© DASSAULT AVIATION - REMI MICHELIN

Le Neuron (© : DASSAULT AVIATION - REMI MICHELIN)

 

Long de 9.2 mètres pour une envergure de 12.5 mètres et un poids de 7 tonnes, le Neuron, capable de voler à Mach 1, est conçu pour embarquer deux bombes de 250 kg dans des soutes internes. Deux ans après son premier décollage et à l’issue d’une cinquantaine de vols, le démonstrateur technologique conçu par Dassault Aviation a achevé avec succès l’ouverture de son domaine de vol. La suite des essais, qui se déroulent jusqu’en 2015 en France, en Italie et en Suède, porte sur les démonstrations de furtivité, la détection autonome de cibles par le capteur embarqué, ainsi que le tir d’un armement (bombe Mk82) à partir de la soute interne. L'insertion d’un appareil non habités dans l'espace aérien est également l’une des clés du programme. 

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