Ils sont souvent considérés comme l’ultime rempart face à un missile. Depuis bientôt 50 ans et l’avènement de ce type d’armement dans le combat naval, les leurres évoluent au rythme des progrès technologiques des missiles face auxquels il est nécessaire de trouver de nouvelles parades. Comme dans d’autres compartiments de la guerre sur mer, on assiste au perpétuel affrontement de l’éperon et de la cuirasse.
Dans le domaine de la guerre électronique passive, la France est considérée comme un pays en pointe, avec un champion national, Etienne Lacroix, qui vend ses leurres dans le monde entier. Cette entreprise familiale, qui fête ses 168 ans, fut d’abord une affaire d’artificiers. Une histoire étonnante débutée avec son fondateur, Etienne Lacroix, jeune cuisinier toulousain qui décide, en 1848, de créer son atelier de pyrotechnie. Ce sera le début d’une grande aventure qui conduira la société à réaliser certains des plus beaux feux d’artifice de son temps et à poursuivre encore aujourd’hui cette activité. Ce savoir-faire, internationalement reconnu, s’est enrichi en 1997 de celui de Ruggieri, une autre famille d’artificiers français, encore plus ancienne puisque ses origines remontent à 1739. Des grands feux des rois de France et de l’empire, en passant par ceux des tsars de Russie jusqu’à aujourd’hui, avec les impressionnants shows pyrotechniques de Dubaï, ceux de la Coupe du monde de football ou encore le spectacle de Carcassonne, Lacroix continue de faire rêver le public avec des spectacles de plus en plus évolués et sophistiqués.

Spectacle conçu par le groupe Etienne Lacroix pour Dubaï (© : RUGGIERI)
L’activité navale débutée dans les années 80
C’est sur cette base historique, de cette maîtrise des feux d’artifice, que le groupe a commencé à travailler dans le secteur militaire. Après une première expérience aux environs des années 50 avec la pyrotechnie terrestre, c’est surtout dans les années 70 que l’entreprise, toujours basée à Toulouse, va définitivement s’engager dans cette voie, en se faisant dans un premier temps une spécialité des leurres navals.
A l’époque, la marine française souhaitait se doter d’un nouveau système de contre-mesures capable de leurrer les autodirecteurs de missiles antinavires de nouvelle génération.
Parallèlement, la destruction de la frégate britannique HMS Sheffield, le 10 mai 1982, par un missile AM39 Exocet tiré par les Argentins pendant la guerre des Malouines, a fortement imprégné les esprits. De nombreuses marines ont ainsi intégré la nécessité vitale de disposer de la meilleure parade possible face aux nouveaux missiles.
Cette période a en particulier été marquée par une prise de conscience de la limite d’efficacité de la première génération de leurres passifs : le déploiement d’un nuage rudimentaire de « chaffs » (paillettes métalliques) afin de générer un écho plus gros que celui du bateau est rapidement apparu comme insuffisant. Les missiliers s’étaient en effet rendu compte que les systèmes de guidage radar de leurs engins étaient assez faciles