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Être en mesure de surveiller les grands fonds marins et permettre à la Marine nationale d’intervenir jusqu’à 6000 mètres de profondeur pour protéger des infrastructures critiques, comme les câbles sous-marins, assurer la liberté d’action de la flotte ou encore récupérer des objets sensibles tombés au fond de l’océan. C’est l’objectif de la nouvelle stratégie ministérielle pour la maîtrise des grands fonds marins présentée hier soir par Florence Parly. Comme l’espace et le cyber, les grands fonds deviennent en effet un enjeu stratégique. « On observe clairement une montée en puissance dans la compétition stratégique et une contestation affirmée dans ce domaine commun. Les fonds marins deviennent des espaces de rapports de forces et de potentielle conflictualité, d’autant qu’il s’agit de zones largement inexplorées et méconnues. Ils ont longtemps été hors de portée mais aujourd’hui l’accessibilité aux grandes profondeurs se démocratise grâce aux progrès technologiques accomplis par l’industrie pétrolière offshore. Ces grandes profondeurs deviennent propices aux actions hybrides via lesquelles il est possible de déstabiliser un adversaire tout en permettant à l’auteur de l’action de se dissimuler », explique-t-on au ministère des Armées. Avec en ligne de mire, évidemment, la Russie, qui a depuis des années les moyens de telles actions et est soupçonnée d’en avoir déjà conduites. Mais aussi la Chine, avec son projet de « grande muraille sous-marine » qui voit Pékin développer ses capacités. Les Chinois atteignent désormais les zones les plus abyssales de la planète, comme ils l’ont démontré fin 2020 avec un submersible habité lancé avec succès au point connu le plus profond de la fosse des Mariannes, à 10.900 mètres sous la surface. Alors que les Américains sont solidement pourvus pour opérer dans les grands fonds et que les Britanniques affichent leurs ambitions dans ce domaine, ce nouveau terrain de jeu pourrait d’étendre au-delà des grandes puissances. Car l’essor des robots sous-marins, porté par les avancées techniques du secteur civil, peut aussi faciliter l’accession à de telles capacités à d’autres pays.

Les câbles sous-marins, talon d’Achille des sociétés modernes

Dans l’immédiat, la principale menace identifiée vise les câbles sous-marins, en particulier les câbles de télécommunication par lesquels transitent l’essentiel de l’Internet mondial et les flux de données vers et depuis des serveurs situés sur différents continents. Près de 450 câbles sillonnent aujourd’hui le monde via les océans (sur 1.3 million de kilomètres) et leur déploiement s’accélère avec la numérisation de la société et le développement des GAFAM, qui installent leurs propres câbles. Parfois évoqué, le risque d’espionnage des données transitant par les infrastructures sous-marines

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