D’ici deux ans, le programme des frégates de taille intermédiaire (FTI) devrait être, sinon sur les rails, du moins sérieusement dégrossi. Pour mémoire, ce nouveau projet, annoncé en juin 2013 par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, vise à remplacer les La Fayette. Mises en service entre 1996 et 2001, cinq frégates de ce type sont actuellement en service dans la Marine nationale.

Frégate du type La Fayette (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Alors que l’actuelle loi de programmation militaire (2014-2019) prévoit la notification des études portant sur les FTI en fin de période, ce projet va connaitre dès la fin 2016 une étape importante. C’est en effet à cette date que le ministère de la Défense a prévu de statuer sur le sort des trois dernières frégates multi-missions (FREMM). Pour l’heure, 11 bâtiments de ce type ont été commandés. La tête de série, l’Aquitaine, a été livrée en novembre 2012 par DCNS et les cinq suivantes doivent l’être d’ici la fin 2018. Suivront, en 2021 et 2022, deux FREMM DA, une version dérivée dotée de capacités de défense aérienne renforcées et destinée à remplacer les frégates antiaériennes Cassard et Jean Bart du type F70 AA (les FREMM succèdent aux 9 F70 ASM et F67).
Nombre de FTI encore indéterminé
Après les six premières FREMM et les deux FREMM DA, il reste donc, dans l’absolu, trois frégates multi-missions à construire pour atteindre, suivant le contrat signé en 2009 et toujours en vigueur, la cible de 11 unités. Sauf que le dernier Livre Blanc sur la Défense fixe à 15 le nombre de frégates de premier rang, y compris les La Fayette (et donc les FTI). En comptant les frégates de défense aérienne Forbin et Chevalier Paul, opérationnelles depuis 2010/2011, si 11 FREMM sont réalisées, la Marine nationale ne disposerait que de deux FTI. Un chiffre évidemment trop faible pour espérer un effet de série. La logique voudrait qu’au moins quatre frégates de taille intermédiaire soient produites, ce qui limiterait de facto le nombre de FREMM à 9 unités. Sauf, évidemment, si les objectifs du Livre Blanc sont revus à la hausse, ce qui se justifierait compte tenu des enjeux maritimes et du contexte international, mais qui parait peu plausible en raison de l’état des finances publiques.

Frégates du type FREMM (© MICHEL FLOCH)
Comme l'a rappelé l’amiral Rogel en février, lors d’un entretien avec des journalistes spécialisés auquel nous assistions, « nous choisirons fin 2016 si nous construisons une, deux ou trois FREMM supplémentaires et de quel type elles seront. De là, nous connaitrons le nombre de FTI à réaliser ». Le chef d’état-major de la Marine nationale en a profité pour rappeler les limites des La Fayette, qualifiées à leur mise en service de frégates légères furtives et reclassées frégates de premier rang à l’occasion du Livre Blanc de 2008 : « Bien qu’excellentes, ce ne sont pas tout à fait des frégates de premier rang puisqu’elles n’ont pas de capacité anti-sous-marine et leurs moyens antiaériens sont uniquement pour l’autodéfense ». De là, le CEMM a commencé à détailler les capacités qu’il souhaiterait pour les FTI, appelées à succéder aux FLF : « Nous visons des bâtiments de la classe 4000 tonnes avec des moyens ASM et sans doute des missiles Aster 15 pour la défense aérienne ».
Un air de FM 400
Compte tenu des besoins en plateformes de lutte anti-sous-marine, du fait de la limitation du nombre de FREMM et du retrait du service des avisos d’ici 2025, les FTI seront probablement dotées d’un sonar de coque et d’un sonar remorqué. Des moyens qui pourront être complétés par un hélicoptère embarqué de type Caïman (NH90). En plus des Aster 15 et de l’inévitable artillerie, la mise en œuvre de missiles antinavire et de torpilles est hautement probable. Un ensemble qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler la FM 400, frégate modulaire de 126 mètres et 4000 tonnes dévoilée par DCNS en 2008 (voir notre article de l'époque). Présenté comme le successeur des la Fayette, ce bâtiment avait notamment été proposé à l’Algérie. Si les travaux menés sur la FM 400 seront peut-être utilisés au profit de la FTI, celle-ci sera sans nul doute différente. Une bonne quinzaine d’années sépareront en effet les deux modèles et la technologie comme les besoins opérationnels évoluent.

Vue du Sea Fire 500 sur une frégate de 4000 tonnes (© : THALES)
Mâture intégrée
Les FTI devraient, d’ailleurs, être les premières frégates françaises à disposer d’une mâture intégrée. A cet effet, la direction générale de l’armement a lancé de nouveaux plans d’études en 2014. Concomitamment, Thales, qui planchait depuis trois ans sur les technologies relatives aux radars à faces planes, a annoncé en octobre dernier le lancement de la phase de développement du Sea Fire 500 (voir notre article détaillé). Il s’agit d’un nouveau radar multifonctions doté de quatre antennes actives fixes. Conçu aussi bien pour la défense aérienne étendue que pour la veille surface, en passant par la défense anti-missile balistique (y compris des engins balistiques antinavire) et l’autodéfense contre des attaques asymétriques, le SF 500 pourra équiper, à l’horizon 2020, des bâtiments de 3500 à 9000 tonnes. Une gamme dans laquelle entre la FTI, mais aussi la FREMM.
Calendrier et ambitions à l’export
Côté calendrier, si les études des FTI doivent être notifiées à la fin de la décennie, leur construction sera financée sur la LPM suivante. On ne s’attend en effet pas à une signature du contrat avant 2019/2020, l’objectif étant raisonnablement de disposer de la première frégate de taille intermédiaire vers 2025, année où le La Fayette aura 29 ans.
Il convient enfin de rappeler qu’outre la Marine nationale, c’est avant tout pour les besoins à l’export que la FTI va voir le jour. DCNS souhaite, en effet, proposer une nouvelle frégate sur le marché international. Un produit qui serait complémentaire à la FREMM et plus accessible aux flottes moyennes.