Trois ans après sa livraison par DCNS, la première frégate multi-missions française va être admise au service actif début décembre. Désormais parfaitement opérationnelle et ayant validé toutes ses capacités, y compris le tir du premier missile de croisière naval (MdCN) européen en mai dernier, l’Aquitaine va débuter « officiellement » sa carrière avec un déploiement de premier ordre. Elle quittera en effet rapidement Brest pour rallier le groupe aéronaval français, actuellement engagé au large de la Syrie contre le groupe terroriste Daech.
La FREMM assurera la protection anti-sous-marine du GAN et contribuera à la surveillance de l’espace aérien et maritime autour du porte-avions Charles de Gaulle, tout en réalisant des collectes de renseignement grâce à ses puissants senseurs. Pour cela, l’Aquitaine travaillera en coordination avec les autres bâtiments de la force, comme la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, mise en service en 2010. Ce sera d’ailleurs la première fois que le tandem FREMM / FDA, qui constitue la nouvelle génération d’escorte du Charles de Gaulle, opèrera ensemble.

L'Aquitaine et la Provence (© : MARINE NATIONALE)
En plus de l’Aquitaine, le groupe aéronaval français devrait comprendre en début d’année une seconde FREMM. Livrée en juin à la Marine nationale, la Provence, qui poursuit son entrainement, devrait en effet profiter de sa période de vérification des capacités opérationnelles en eaux chaudes (phase anciennement connue sous le nom de traversée de longue durée) pour se joindre au GAN.
Les nouvelles frégates ne pourront pas mettre en œuvre de MdCN contre Daech, les premiers lots de missiles n’étant pas encore livrés par MBDA. Ce sera le cas l’an prochain, la France disposant alors d’un nouvel outil très précieux, cette arme de grande précision étant conçue pour frapper des cibles terrestres durcies à grande distance (jusqu’à un millier de kilomètres).

Premier tir de MdCN en mai dernier (© : MARINE NATIONALE)
Longues de 142 mètres pour une largeur de 20 mètres et un déplacement de 6000 tonnes en charge, les FREMM sont armées par un équipage de plus de 100 marins. Elles peuvent atteindre la vitesse de 27 nœuds et disposent d’une propulsion hybride, avec des moteurs électriques de propulsion fonctionnant sur diesels jusqu’à 15/16 nœuds, une turbine à gaz permettant ensuite d’atteindre les hautes vitesses. Cette architecture permet au bâtiment d’être extrêmement silencieux lorsqu’il évolue à allure réduite, ce qui est un atout crucial dans le domaine de la lutte anti-sous-marine.

L'Aquitaine et un Caïman Marine (© : PHILIP PLISSON)
A cet effet, la FREMM française est considéré comme l’un des meilleurs bâtiments ASM du monde. Elle dispose d’un sonar de coque UMS 4110 CL et d'un sonar remorqué Captas 4, ainsi qu’un hélicoptère Caïman Marine (NH90 NFH) doté d’un sonar trempé FLASH. L’appareil, comme la frégate, mettent en œuvre des torpilles légères MU90, le bâtiment étant en outre équipé, pour son autoprotection, d’un système de leurres anti-torpille de nouvelle génération.
Toute une panoplie de contre-mesures passives et actives est également embarquée pour lutter contre les menaces aériennes et de surface (détecteur, intercepteur de communications, brouilleurs, lance-leurres), alors que la surveillance et la conduite de tir des missiles est assurée par un radar multifonctions Herakles. Côté armement, on l’a vu, la FREMM dispose de MU90 (19 torpilles) et de MdCN, 16 munitions de ce type pouvant être logées dans deux lanceurs verticaux situés sur la plage avant. Deux autres lanceurs abritent 16 missiles surface-air Aster 15.

Tir de missile Aster 15 depuis l'Aquitaine (© : MBDA)
La frégate dispose en outre de 8 missiles antinavire Exocet MM40 Block3. Côté artillerie, elle compte une tourelle de 76mm, deux canons télé-opérés de 20mm et des affûts légers. Enfin, deux embarcations commando peuvent être logées dans des niches de part et d’autre de la superstructure.
Construites par le site DCNS de Lorient, les FREMM ont été commandées à 8 exemplaires pour la Marine nationale. La troisième de la série, le Languedoc, a débuté ses essais en mer en octobre et sera livré au printemps 2016. Viendront ensuite l’Auvergne, mise à flot le 2 septembre dernier et livrable en 2017, puis la Bretagne, en cours de construction pour un achèvement en 2018. Un sixième bâtiment de ce type, qui prendra normalement le nom d’Alsace, rejoindra la Marine nationale avant la mi-2019. Deux autres FREMM bénéficiant de capacités de défense aérienne renforcées seront construites dans la foulée. Ces FREMM DA seront opérationnelles entre 2020 et 2022.
Par ailleurs, DCNS a pour le moment vendu deux FREMM à l’export. Le Mohammed VI a été livré début 2013 au Maroc et la Tahya Misr (ex-Normandie) l’a été en juin dernier à l’Egypte.

L'Aquitaine (© : DCNS)