Le chantier Gléhen de Douarnenez, dans le Finistère, a mis à flot cette semaine la Caouanne. Cet engin remonte filets (ERF) a été commandé par la Direction Générale de l’Armement pour le compte de la Marine nationale, qui l’utilisera en Guyane dans le cadre de la modernisation et du renforcement des moyens affectés à la lutte contre la pêche illicite.

La Caouanne à flot (© MARINE NATIONALE)
Long de 23 mètres et capable de naviguer à 12 noeuds, l’ERF, réalisé en aluminium, sera équipé d’une grue, d’un vire-filets et de conteneurs de stockage pour les filets récupérés. La Caouanne prend le nom d’une tortue de mer fréquentant les côtes de Guyane et qui est menacée de disparition, notamment à cause de la surpêche. Tout un symbole pour ce bateau spécialement conçu pour enlever les filets déployés sans autorisation dans les eaux françaises de cette région, notamment les fleuves et estuaires frontaliers. Du matériel de pêche qui provient des fameuses tapouilles, notamment brésiliennes et surinamiennes, contre lesquelles luttent différents services de l’Etat, à commencer par la Gendarmerie maritime et la Marine nationale. Celles-ci ne disposaient pas, jusqu’ici, de moyen permettant de remonter les filets. Du coup, à l’approche des vedettes et autres patrouilleurs français, les pêcheurs parvenaient la plupart du temps à couper leurs filets. Faute de preuve, beaucoup n’étaient pas poursuivis et, après coup, ils revenaient rechercher leur matériel resté au fond de l’eau.

Lutte contre la pêche illicite en Guyane (© MARINE NATIONALE)
Une future bête noire pour les tapouilles
Avec l’arrivée de l’ERF, les choses vont donc changer et la Caouanne devrait rapidement devenir la bête noire des pêcheurs surinamiens et brésiliens. Le matériel, et notamment les filets, représente en effet la moitié de la valeur des tapouilles se livrant à des activités de pêche illicite. En disposant d’un moyen permettant de les récupérer au fond de l’eau, la marine française va donc faire peser une très lourde menace économique sur les bateaux venant pêcher illégalement dans les eaux tricolores. Et les preuves, une fois collectées, permettront de lancer des poursuites judiciaires. De quoi dissuader sérieusement les contrevenants. S’y ajoute un avantage environnemental puisque les filets rejetés par les pêcheurs abîment les fonds marins et ont un impact très négatif sur certaines espèces, comme les poissons et tortues.

Lutte contre la pêche illicite en Guyane (© MARINE NATIONALE)
Mise en service en octobre
Désormais à l’eau, l’ERF va débuter une série d’essais qui doivent durer jusqu’en juillet. Le bâtiment sera ensuite embarqué sur un cargo et rejoindra la Guyane, où les tests avec l’équipage se poursuivront. La Caouanne doit être réceptionnée par la DGA et prise en compte par la Marine nationale en septembre, son admission au service actif étant prévue le mois suivant.
En dehors de l’ERF, on rappellera que les moyens guyanais de la marine vont bénéficier en 2016 et 2017 de l’arrivée de deux nouveaux patrouilleurs, les PLG. Commandées à Socarenam, ces unités de 60 mètres remplaceront les P400 La Capricieuse et La Gracieuse actuellement basés à Dégrad des Cannes.

Vue des futurs PLG (© BUREAU MAURIC - SOCARENAM)
Une Embarcation d'instruction à l'hélitreuillage pour 2016
Quant à Gléhen, après la Caouanne, le chantier breton va s’attaquer à un autre contrat au profit de la marine française. Il s’agit d'une Embarcation d'instruction à l'hélitreuillage dont la livraison est prévue pour l'été 2016. L’EIH sera basée à Lanvéoc-Poulmic, où se trouve l’Ecole navale.