Après plusieurs mois d’attente à Toulon, le patrouilleur de haute mer L’Adroit a repris du service au profit de la Marine nationale. A l’issue d’une mission en Méditerranée, le bâtiment sera bientôt déployé au large de la Somalie dans le cadre de la mission européenne Atalante de lutte contre la piraterie.
Propriété de DCNS, qui l’a construit sur fonds propres dans le cadre du programme Hermès, ceprototype de la nouvelle gamme d’OPV (Offshore Patrol Vessel) développée par le groupe naval a été mis le 21 octobre 2011 à la disposition de la marine française . D'une durée de trois ans, la convention a été prolongée.

L'Adroit (© : MARINE NATIONALE)
Un avenant jusqu'à l'été 2015
Un avenant a été signé le 2 décembre dernier entre DCNS et la Marine nationale, qui va continuer d’opérer L’Adroit jusqu’au 31 juillet 2015. Cette prolongation permet à la flotte française de continuer à utiliser le PHM, que DCNS n’est pas encore parvenu, malgré ses nombreuses prospections, à vendre à une marine étrangère. L’industriel français et son partenaire Piriou, réunis au sein de leur société commune Kership, continuent de travailler sur des projets permettant la vente à l’export du bâtiment et, si possible, la réalisation d’autres patrouilleurs de ce type. On a notamment évoqué, l’an dernier, la piste de l’Uruguay mais cette perspective n’a pas à ce jour abouti.
En attendant qu’un acheteur se décide, se posait donc le problème de savoir ce que L’Adroit allait devenir une fois arrivée à échéance la convention de mise à disposition au profit de la Marine nationale. Alors que le bâtiment est déjà resté cloué à quai plusieurs mois, la perspective de le voir désarmé à Toulon sur une longue période ne satisfaisait personne. Pas plus DCNS, qui redoutait que cette situation et l'image négative qui en aurait découlé ne facilitent pas les affaires, que la Marine nationale, soucieuse de disposer en cette période de forte activité, mais de disette budgétaire, de toute passerelle disponible, surtout dans le domaine des OPV. C’est donc pour le bien commun qu’il a été décidé de prolonger le partenariat jusqu’à l’été. Pour la suite, tout dépendra du résultat des efforts commerciaux déployés par Kership.

L'Adroit en PPSM ce mois-ci (© : MARINE NATIONALE)
La PPSM pendant plus de deux semaines
La marine française n’a, quant à elle, pas trainé pour renvoyer L’Adroit à la mer. Après les essais et entrainements consécutifs à une longue période à quai, le bâtiment et son équipage ont retrouvé leur qualification opérationnelle en décembre. Puis ils ont appareillé le 7 janvier de leur base varoise pour une mission de plus de deux semaines dans le cadre de la posture permanente de sauvegarde maritime (PPSM). Le patrouilleur a ainsi, comme le rappelle la Marine nationale, participé « au volet maritime de Vigipirate, par la surveillance du trafic commercial en haute mer - en complément des moyens aériens de la marine et des douanes - et par la surveillance des approches portuaires et côtières - en compléments de la chaîne sémaphorique et des moyens des administrations opérant en mer (gendarmerie maritime, douanes et affaires maritimes) ». Exerçant également les prérogatives de contrôle de l’Etat en mer dans les domaines de la surveillance de l’immigration, de la lutte anti-pollution, de la lutte contre les trafics illicites et de la police des pêches, L’Adroit a contrôlé plusieurs navires. Et, en lien avec le centre national de surveillance des pêches (CNSP) d’Etel, il a notamment, annonce l’état-major, dérouté sur Port de Bouc un palangrier espagnol « pêchant en haute mer, dans la box CGPM de la zone économique exclusive (ZEE) française, sans respecter les règlements européens sur la pêche ». Parmi les autres faits marquants de cette première mission de l’année pour le PHM français, il y a aussi eu une escale à Barcelone du 16 au 19 janvier ainsi qu’un entrainement à l’appontage avec un hélicoptère Super Puma de la base aérienne de Solenzara, en Corse.

Entrainement avec un Super Puma au large de la Corse (© : MARINE NATIONALE)

L'un des semi-rigides mis en oeuvre par L'Adroit (© : MARINE NATIONALE)
Le retour de la marine française dans Atalante
Rentré à Toulon il y a quelques jours, L’Adroit se prépare désormais pour un déploiement lointain. Le bâtiment doit en effet rejoindre au printemps l’océan Indien, où il sera intégré à l’EU-NAVFOR, force navale européenne déployée au large de la corne d’Afrique dans le cadre de la mission Atalante. Partie prenante de cette opération depuis son lancement par l’Union européenne en décembre 2008, la Marine nationale, après y avoir assuré une présence permanente pendant plus de cinq ans, n’y a pas affecté de bâtiment depuis un bon moment. Un choix résultant de la diminution des actes de piraterie au large de la Somalie, permettant de réduire l’effort militaire dans cette zone, mais aussi du fait que ses moyens, limités, ont été mobilisés prioritairement sur d’autres opérations. Non seulement sur mer, mais aussi dans les airs, puisque la dernière intervention de l’aéronautique navale remonte semble-t-il au mois de septembre, lorsqu’un avion de surveillance maritime Falcon 50 a travaillé au profit d’Atalante.
Avec L’Adroit, la France va donc faire son grand retour sous pavillon européen au large de la corne d’Afrique.On notera que le commandement à la mer de l’EU-NAVFOR est assuré depuis le 6 août 2014 par l’Italie, qui a succédé à l’Allemagne et est à la tête de la force aéromaritime européenne pour une période de six mois. Le contre-amiral italien Guido Rando est embarqué avec son état-major sur la frégate de défense aérienne Andrea Doria, qui œuvre actuellement avec la frégate allemande Lübeck et le patrouilleur espagnol Rayo.