La flotte espagnole vit à peu près la même situation opérationnelle que son homologue italienne, mais a été contrairement à elle très impactée dans ses moyens par les restrictions budgétaires. Les problèmes économiques rencontrés par le pays ont donné un coup d’arrêt à la montée en puissance de l’Armada et limité son activité. Le porte-aéronefs Principe de Asturias a été désarmé en 2013, l’aviation embarquée espagnole ne sert plus que sur le bâtiment de projection Juan Carlos I (2010) et les F-35B devant succéder aux vieux Matador (version espagnole de l’Harrier) n’ont toujours pas été commandés.

Le Juan Carlos I (© : ARMADA)
La construction de la sixième frégate lance-missiles du type F100 a été abandonnée et le projet de remplacement des six frégates du Santa Maria (classe O.H. Perry) par des unités du type F110/F111 retardé. Quant au programme des patrouilleurs océaniques du type BAM, dont dix exemplaires étaient prévus, seuls quatre ont pour le moment vu le jour. La construction de deux autres a néanmoins été lancée en 2014 en vue d’une livraison en 2018. Il devraient normalement assurer la succession des dernières ex-corvettes du type Descubierta, reclassées en patrouilleurs océaniques. Seules trois (Infanta Elena, Infanta Cristina et Cazadora) sont encore en service suite au désarmement du Vencedora le mois dernier.

Frégate du type F100 (© : NAVANTIA)

Futur sous-marin du type S80 (© : NAVANTIA)
L’Armada est, en outre, confrontée aux déboires du programme des quatre nouveaux sous-marins du type S80, les premiers conçus et réalisés intégralement en Espagne. Suite à des erreurs de conception, ils se sont révélés trop lourds, Navantia (avec l’aide américaine) devant procéder à leur allongement pour assurer leur flottabilité. Il en résulte d’importants surcoûts et un retard problématique, la mise en service de la tête de série, l’Isaac Peral, n’étant plus vraiment espérée avant 2021, soit six ans après la date prévisionnelle. De ce fait, pour conserver une capacité opérationnelle et le savoir-faire de ses sous-mariniers, il est envisagé de prolonger une dernière fois les vieux Agosta, dont les trois derniers exemplaires sont opérationnels depuis 1983-1986.
Enfin, alors que la flotte logistique espagnole s'est enrichie en 2010 du ravitailleur Cantabria, dans le domaine de la patrouille maritime, qui dépend de l’armée de l’air espagnole, les vieux P-3 Orion sont toujours en activité. Toutefois, malgré la rénovation d’une partie de ces appareils dans les années 2000, leur remplacement devra être assuré au début de la prochaine décennie.

L'un des deux TCD du type Galicia escorté par une Descubierta (© : ARMADA)
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