L’aide internationale se met en place pour venir au secours du Vanuatu, dévasté en fin de semaine dernière par le cyclone Pam. Pays riverain de cette partie de l’océan Pacifique et voisin de l’archipel sinistré avec la Nouvelle Calédonie, la France mobilise d’importants moyens militaires. Une contribution considérée comme majeure par les autorités du Vanuatu.

Un avion de transport Casa (© SIRPA AIR)
Rotations aériennes avec les Casa
Dès le week-end dernier, en lien avec la Sécurité civile, le Haut-commissariat de la République à Nouméa a initié une mission d’assistance aux sinistrés avec le soutien des Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC). Un avion de transport Casa de l’armée de l’Air s’est rendu à deux reprises à Port-Vila, capitale du Vanuatu, avec à son bord une équipe d’évaluation des dégâts et plusieurs équipements : un véhicule tout-terrain, une unité de traitement de l’eau et un groupe électrogène. Une seconde rotation a permis de transporter une équipe de techniciens spécialisés dans la réparation des réseaux électriques. Un autre Casa s’est par ailleurs envolé lundi de Polynésie française avec 3 tonnes de matériel et de l’outillage. Dans le cadre des partenariats « entreprises » du Centre de crise, deux appareils d’Airbus Helicopters vont renforcer le dispositif sur place au Vanuatu.

Un avion de surveillance maritime Gardian (© DASSAULT AVIATION)
Un Gardian en mission de reconnaissance
La Marine nationale est également engagée. L’un de ses avions de surveillance Gardian basés en Nouvelle-Calédonie a effectué des vols de reconnaissance. Cruciales pour la mise en œuvre des secours, ces missions visent à faire la cartographie du terrain et des dégâts, afin de mieux évaluer l’état des zones touchées et leur accessibilité. Des informations qui servent ensuite à la planification des opérations d’assistance et au choix des moyens à dépêcher.

La frégate Vendémiaire (© MARINE NATIONALE)
Le Vendémiaire arrive avec deux hélicoptères et du fret humanitaire
En plus du Gardian, la frégate de surveillance Vendémiaire a quitté hier matin sa base de Nouméa pour mettre le cap vers Tanna et Erromango, où le bâtiment doit arriver aujourd’hui. Comptant respectivement 30.000 et 2000 habitants, ces îles du sud du Vanuatu sont, en effet, peu accessibles et considérées comme les plus touchées par le passage de Pam. Une intervention par voie maritime est donc nécessaire pour porter secours aux populations locales. A cet effet, le Vendémiaire, qui a chargé 30 tonnes de fret humanitaire d’urgence fourni par la Croix Rouge et l'association Solidarité Tanna, a exceptionnellement embarqué deux hélicoptères. Il y a à bord une Alouette III de l’aéronautique navale et un Puma de l’armée de l’Air. Ces appareils vont mener des missions de reconnaissance et assurer le transport de personnel et de matériel vers les zones inaccessibles, où les militaires français ont notamment pour mission d'apporter un soutien médical à la population. En plus des 80 membres d'équipage du Vendémiaire et de la vingtaine de personnel destinés à la mise en oeuvre des moyens aéronautiques, un détachement d'une dizaines d'hommes du régiment d'infanterie de marine du Pacifique (RiMap) ont embarqué pour appuyer les opérations de secours aux populations (expertise des dégâts, appui à la coordination des opérations, livraison de fret). Un renfort médical, avec notamment médecin, est également présent sur la frégate.

Embarquement du fret humanitaire à Nouméa (© EMA)

Un Puma sur le Vendémiaire (© EMA)
Situation critique
Sur place, la situation est présentée comme critique. Dans l’archipel de 250.000 habitants, les dégâts sont considérables, « tout est à reconstruire » avait déclaré le week-end dernier le président du Vanuatu. Après le passage de Pam, il y a de nombreuses victimes et les trois quarts des habitants ont été déplacés par le cyclone. La famine guette également la population. « Les récoltes ont été détruites intégralement, ils n'ont plus rien à manger pour survivre. Dans les mêmes îles où il n'y a plus de nourriture, il n'y a pas non plus d'eau potable, d'électricité et les gens n'ont plus d'abris. La tempête a tout détruit. Avant tout, nous avons besoin d'eau, mais aussi de nourriture et d'assistance médicale. Les hôpitaux sont surchargés. Dans la plupart des 65 îles habitées, aucun avion ne peut se poser. Il faut utiliser un hélicoptère ou bien s'y rendre par bateau. Pour venir en aide aux gens qui en ont le plus besoin, il faut une logistique extrêmement complexe », a expliqué à RFI Alice Clements, coordinatrice de l'Unicef basée à Port-Vila.
De l’importance des moyens basés Outre-mer
Alors que l’on craint un développement des catastrophes naturelles en raison du réchauffement climatiques, on rappellera que ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, que l’armée française est engagée dans une opération humanitaire de ce type. Dans la région, les moyens navals et aériens des FANC (dont le Vendémiaire, un Puma et un Gardian) sont notamment intervenus en 2010 aux Fidji, ravagées par le cyclone Tomas. Des évènements qui viennent rappeler la nécessité pour la France de disposer de moyens pré-positionnés suffisamment importants pour non seulement assurer sa souveraineté sur les territoires ultramarins mais aussi être en mesure d’assister les pays voisins. A la lumière des évènements au Vanuatu, la décision de baser à Nouméa le premier des nouveaux bâtiments multi-missions (B2M) de la Marine nationale, qui sera livré en 2016, prend tout son sens. Le futur D’Entrecasteaux permettra de remplacer le bâtiment de transport léger Jacques Cartier, désarmé en 2013.