(Article publié le 10 octobre) Le contrat de vente des deux bâtiments de projection et de commandement initialement commandés par la Russie a été signé ce samedi 10 septembre au Caire, à l'occasion d'une visite de Manuel Valls, entre la France et l’Egypte. Celle-ci va débourser 950 millions d’euros pour acquérir les deux BPC, qui étaient en attente à Saint-Nazaire après la décision de l’Elysée de ne pas les livrer à la marine russe compte tenu de la situation en Ukraine.
Reprise éclair
Cet été, Paris et Moscou avaient trouvé un accord permettant de rompre le contrat signé en 2011, la France remboursant à la Russie les sommes déjà versées par celle-ci, ainsi que certains frais annexe, comme la formation des marins russes et des matériels spécifiquement développés, soit en tout 945 millions d’euros. Au lendemain de l’accord entériné le 5 août entre François Hollande et Vladimir Poutine, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, faisait part à son homologue français, en marge de l’inauguration de l’extension du canal de Suez, de sa volonté d’acquérir les ex-Vladivostok et Sevastopol. Dès lors, les choses ont été rondement menées. Paris et Le Caire sont rentrés dans le dur des négociations dès la fin août et, le 19 septembre, le périmètre de l’accord était déjà fixé. Rendu public le 23 septembre, il s’est donc traduit par la signature d’un contrat moins de trois semaines plus tard, ce qui est extrêmement rapide.
Livraison à la fin du premier semestre 2016
DCNS, qui gère industriellement cette commande, va désormais achever le démontage des quelques équipements russes encore présents à bord, assurer l’intégration de matériels égyptiens, mettre au point les interfaces nécessaires et refaire la signalétique des bâtiments, qui était en cyrillique. Début 2016, les futurs équipages égyptiens, soit quelques 400 marins, arriveront en France afin d’être formés à la mise en œuvre des BPC. Ces derniers ne devraient finalement pas rejoindre l’Egypte avant la fin du premier semestre 2016, c’est-à-dire autour du mois de juin. En plus des bâtiments, la batellerie initialement réalisée pour la Russie sera également livrée à la marine égyptienne, soit deux engins de débarquement amphibies rapides (EDAR) conçus par CNIM et construits par Socarenam, ainsi que quatre chalands de transport de matériel de nouvelle génération (CTM NG) dont la fabrication avait été sous-traitée comme celle des BPC à STX France.

EDAR (© : MARINE NATIONALE)
CTM NG (© : STX FRANCE)
7 bâtiments commandés en deux ans
Ce nouveau contrat renforce un peu plus les liens entre Paris et Le Caire, qui en plus des 24 Rafale commandés à Dassault Aviation a, en moins de deux ans, commandé par moins de 7 bâtiments de combat à l’industrie française pour un montant d’environ 3 milliards d’euros. DCNS a en effet livré à la marine égyptienne, en juin dernier, une frégate de premier rang du type FREEM, la Tahya Misr (ex-Normandie), alors que corvettes de 2500 tonnes de la famille Gowind seront livrées à la marine égyptienne entre 2017 et 2020. La tête de série est actuellement en cours d’assemblage sur le site DCNS de Lorient.

La FREMM Tahya Misr (© : MICHEL FLOCH)

Corvette du type Gowind 2500 (© : DCNS)
Grâce à ce partenariat stratégique, le groupe naval français entend développer sa présence à long terme en Egypte, où il va notamment assurer le soutien des nouveaux bâtiments et entend développer une importante coopération industrielle et soutenir son client pour ses futurs projets.
BPC : Des navires à tout faire
Dérivés des trois unités du type Mistral livrées à la Marine nationale entre 2006 et 2012, les deux futurs BPC égyptiens mesurent 199 mètres de long et affichent un déplacement de 21.000 tonnes en charge. Armés par un équipage d'environ 200 marins, ils pourront mener des opérations de projection de forces amphibies et aéromobiles, tout en pouvant servir pour des missions humanitaires grâce, notamment, à leur hôpital embarqué. Les capacités d'emport des BPC sont de 450 hommes de troupe, deux EDAR (ou un EDAR et deux CTM, ou quatre CTM), 70 véhicules blindés et camions, ainsi que 16 hélicoptères lourds. Concernant le groupe aérien, les ex-BPC russes avaient été optimisés pour la mise en oeuvre d'hélicoptères à double rotor du type Kamov, dont l'Egypte devrait acquérir 50 exemplaires auprès de la Russie.