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Une force navale internationale a été constituée afin protéger le transfert de l’arsenal chimique du régime de Bachar el-Assad hors de Syrie. Des bâtiments des marines danoise, norvégienne, britannique, russe et chinoise sont notamment mobilisés. Après avoir embarqué un premier chargement, le roulier danois Ark Futura a quitté Lattaquié le 7 janvier. Il a rejoint sous bonne escorte les eaux internationales, en attendant qu’une nouvelle cargaison d’armes chimiques arrive dans le port syrien et puisse être transférée à bord. Alors qu’un navire norvégien est également affrété pour cette mission, une fois leur chargement complété, les cargos rejoindront le port italien de Gioia Tauro afin que les éléments chimiques soient transbordés sur le Cape Ray. Ce navire roulier de 197 mètres de long et d’un déplacement de 35.000 tonnes en charge, appartenant à la Ready Reserve Force américaine, sera chargé de la destruction des stocks collectés.

 

 

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© COLLECTION FLOTTES DE COMBAT - M. PICHE

Le Cape Ride, sistership du Cap Ray (© COLLECTION FLOTTES DE COMBAT - M. PICHE)

 

 

Après un traitement destiné à neutraliser les molécules dangereuses, les armes seront détruites en mer. Un procédé qui inquiète de nombreuses associations de protection de l’environnement. « Le système mobile de prétraitement par hydrolyse des substances chimiques à vocation militaire mis au point par le ministère de la Défense des Etats-Unis en collaboration avec des industriels est une installation pilote. Sa mise au point a été terminée cet été. Elle n’a pas prouvé sa capacité à traiter en sécurité et en continuité 500 à 600 tonnes de substances toxiques. Elle est prévue pour un usage terrestre. Une première utilisation à l’échelle industrielle à bord d’un navire est une opération aventureuse et à risques multiples pour l’équipage, les techniciens et l’environnement. Un périmètre d’exclusion de la navigation maritime et aérienne autour et au dessus du Cape Ray sera possible mais rien ne pourra exclure le gros temps, les tempêtes ou autres évènements de mer susceptibles de nuire à la sûreté des manipulations, à la stabilité et à la fiabilité de l’installation et du procédé », estime, par exemple, Robin des Bois. Et l'association de s'inquiéter des conséquences règlementaires et environnementales de l'opération : « Neutraliser les munitions chimiques syriennes sur le Cape Ray, un cargo transformé en plateforme industrielle et positionné dans les eaux internationales permettra de s’affranchir des réglementations nationales. Cette première mondiale ferait de la haute mer une zone franche libérée de tout contrôle démocratique et des contraintes environnementales et sociales. L’OIAC et les Etats-Unis disent que 500 tonnes de munitions chimiques syriennes seront traitées en mer en quelques semaines alors que la fin du programme de destruction des munitions chimiques américaines est prévue pour 2023. Sur terre, les Etats-Unis espèrent traiter 3100 tonnes en 10 ans. En mer, ils sont sûrs d’en traiter 500 tonnes en 4 semaines ».

On notera que la boue issue du traitement sera, quant à elle, provisoirement conservée dans des cuves (on parle de 300 camions citernes) avant d’être confiée à une entreprise de retraitement spécialisée. Géré par les Nations Unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), le démantèlement de l’arsenal chimique syrien doit être achevé le 30 juin. La destruction des stocks en mer devrait prendre jusqu’à deux mois. 

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