La frégate de surveillance Nivôse sera-t-elle remise en service en 2015 ? C’est toute la question suite à l’incendie qui a sérieusement endommagé le bâtiment dans la nuit du 29 au 30 septembre au large de la Réunion. Privé de propulsion, le Nivôse avait été remorqué jusqu’à sa base de Port-des-Galets, où il se trouve depuis. « Les expertises sont toujours en cours », indique-t-on à l’état-major de la Marine nationale, où l’on ne s’avance pas sur la durée potentielle d’immobilisation du bâtiment. En fait, l’incendie qui s’est déclaré dans un compartiment machine, et que l’équipage a mis plusieurs heures à maîtriser, a fait de gros dégâts. D’après les informations collectées, le pont et la coque à bâbord ont été déformés par la chaleur, le parquet supérieur de la machine ayant été ravagé par le feu, dont l’origine, non encore confirmée officiellement, pourrait se situer dans un tableau électrique situé à proximité d’une station d’huile. Selon certaines sources, un dysfonctionnement du système d’extinction au halon aurait aggravé le sinistre. Par chance, les gros équipements de propulsion, les quatre moteurs diesels MAN Pielstick, le réducteur et les lignes d’arbres, n’auraient pas été touchés.
Trouver un chantier
Malgré cela, les travaux à réaliser pour remettre la frégate en état sont très importants et le Nivôse ne sera pas de retour en flotte avant de nombreux mois. Il faut en effet achever les expertises et, surtout, trouver un chantier disponible pour réparer le bâtiment. Faute d’infrastructure à La Réunion, le Nivôse pourrait passer en cale sèche à Maurice, si l’ancien chantier de Piriou a de la place, ou être envoyé vers les grands chantiers de réparation navale des émirats. Au pire, ce serait le retour vers la Métropole. Dans tous les cas, entre les prises de décisions, le choix du chantier et les délais nécessaires aux réparations, le bâtiment, dit-on, pourrait rester indisponible une bonne dizaine de mois, peut-être même plus.
Vers une rupture capacitaire
La Marine nationale se serait en tous cas bien passée de cet accident, qui risque au passage de plomber le budget, déjà très contraint, du Service de soutien de la flotte. D’un point de vue opérationnel, l’immobilisation du Nivôse va provoquer une rupture capacitaire des moyens maritimes français en océan Indien. Surtout qu’elle va se doubler du retrait du service actif du patrouilleur austral Albatros, dont le retour en France en vue de son désarmement est prévu l’été prochain. Sauf à ce que ce patrouilleur austral vieux de 47 ans et à bout de souffle soit encore prolongé de quelques mois, il ne restera plus à La Réunion, dans l’attente du retour du Nivôse, que la frégate de surveillance Floréal, le bâtiment de transport léger La Grandière, ainsi que les patrouilleurs Le Malin et Osiris. Une micro-flotte pour assurer la surveillance et la protection d’un espace maritime gigantesque, comprenant non seulement les eaux réunionnaises mais aussi les zones économiques exclusives françaises de Mayotte, des îles Eparses et des archipels des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF). Sans compter les missions que les unités basées à La Réunion sont appelées à remplir, comme la lutte contre la piraterie au nord de l’océan Indien.