(Article publié le 8 mai) Un bâtiment de projection, une unité logistique et dix grands patrouilleurs hauturiers s’apparentant plutôt à des frégates. C’est la cible du nouveau plan de construction de la marine italienne, pour lequel un premier contrat a été notifié ce 7 mai à Fincantieri et Finmeccanica. Gérée sous bannière européenne par l’Organisation conjointe de coopération sur l’armement (Occar), cette commande porte sur la construction d’un bâtiment logistique et de six patrouilleurs, ces derniers faisant l’objet d’une option pour quatre unités supplémentaires. Le montant des sept unités en commande ferme est de 3.5 milliards d’euros, dont 2.3 milliards pour Fincantieri. Si l’on y ajoute le bâtiment de projection et les patrouilleurs en option, le nouveau plan de renouvellement de la flotte italienne représentera un investissement de 5.4 milliards d’euros.

Le pétrolier-ravitailleur Stromboli (© : MARINA MILITARE)
Un nouveau bâtiment logistique
Réalisé dans le cadre du remplacement des pétroliers-ravitailleurs Stromboli (1975) et Vesuvio (1978), le bâtiment logistique (JSS) doit être livré en 2019. Long de 165 mètres et capable d’atteindre la vitesse de 20 nœuds, il pourra héberger 200 personnes. Cette unité polyvalente sera dotée d’un système de commande et de contrôle gérant les moyens d’autodéfense, les Italiens prévoyant aussi de pouvoir l’équiper de solides moyens de guerre électronique.
Doté de quatre postes de ravitaillement à couple et un en flèche, le JSS disposera d’ateliers afin de réaliser des opérations de maintenance et de réparation au profit des unités de combat qu’il soutiendra. Il y aura à bord d’importantes installations hospitalières, avec des salles d’opérations et 12 lits médicalisés pour des blessés graves. Le navire sera conçu pour pouvoir intervenir dans le cadre d’opérations humanitaires ou en soutien de forces déployées sur un littoral. Il pourra, par exemple, fournir du courant à terre (2500 kW de puissance) ainsi que de l’eau potable et embarquer une dizaine de modules résidentiels ou médicaux. Doté d’installations aéronautiques et d’une importante drome, ainsi qu’une grue stabilisée d’une capacité de levage de 30 tonnes, le JSS sera à même de servir de base mobile et être employé pour des opérations de protection civile et de sauvetage en mer.

Corvettes du type Minerva (© : MARINA MILITARE)
De grands patrouilleurs hauturiers
Il en sera de même pour les patrouilleurs hauturiers (PPA), de grandes unités de 129 mètres de long capables d’embarquer jusqu’à 171 personnes. Très rapides, ces bâtiments pourront atteindre la vitesse de 31 nœuds grâce à une propulsion de type CODAG (combined diesel and gas). A l’instar du JSS, les PPA pourront fournir de l’eau potable et du courant à terre (2000 kW), tout en ayant la capacité d’embarquer des modules résidentiels et sanitaires. Deux zones modulaires, l’une à l’arrière et l’autre au centre, offriront de larges espaces pour l’accueil de matériels et de conteneurs. Huit conteneurs de 20 pieds (EVP) pourront ainsi être logés sur la zone centrale et cinq sur la zone arrière. Les PPA pourront, en outre, mettre en œuvre de grands semi-rigides de 11 mètres, via une rampe à l’arrière et des niches latérales.

Patrouilleurs du type Cassiopea (© : MARINA MILITARE)
Ces grands OPV multi-missions, qui s’apparente plutôt à des frégates compte tenu de leur gabarit, permettront de remplacer les corvettes du type Minerva (1985 – 19990) et les patrouilleurs du type Cassiopea (1989 – 1990). Les PPA, grâce à leur conception modulaire, existeront en plusieurs versions. Le modèle de base, apte en particulier aux missions liées à la protection civile et à l’action de l’Etat en mer (sauvetage, assistance, surveillance, lutte contre les trafics illicites et la piraterie, police des pêches…), aura un armement léger centré sur l’autodéfense. Mais les PPA existeront aussi dans une variante nettement plus équipée, qui en fera une véritable plateforme de combat avec d’importantes capacités dans les différents domaines de lutte.
Prévus pour être construits par les chantiers de Riva Trigoso et Muggiano, les six futurs patrouilleurs doivent être livrés en 2021, 2022, 2023, 2024 (deux unités) et 2025. Ils permettront de prendre la relève des frégates du type FREMM qui assure aujourd’hui le gros du plan de charge des deux sites de Fincantieri.

FREMM au chantier de Riva Trigoso (© : FINCANTIERI)
Un bâtiment de projection
En dehors du LSS et des PPA, le nouveau plan pluriannuel de renouvellement de la flotte italienne comprend également la construction d’un grand bâtiment de projection (LHD) appelé à succéder au porte-hélicoptères Garibaldi (1985). Aucune caractéristique n’a été officialisée mais ce LHD devrait être inspiré du modèle proposé par Fincantieri à l’export, soit une plateforme de 190 mètres de long pour 20.000 tonnes de déplacement en charge, avec une capacité d’emport de 750 hommes de troupe (en plus de l’équipage de 200 marins) d’au moins 6 hélicoptères lourds et de quatre chalands de débarquement.

(© : COLLECTION FLOTTES DE COMBAT - M. NITZ)
Le programme global, qui se caractérise par la conception duales des plateformes, imaginées pour des emplois militaires comme civils, sera porté par le consortium RTI (Raggruppamento Temporaneo di Impresa), constitué de Fincantieri et de Selex ES. Cette filiale de Finmeccanica fournira de nombreux équipements aux bâtiments, dont un tout nouveau système de combat intégré qui fera appel à la réalité augmentée. De nombreux autres industriels seront concernés par la réalisation des nouveaux bâtiments, comme OTO Melara pour l’artillerie, MBDA pour les missiles, WASS pour les systèmes de lutte anti-sous-marine ou encore Elettronica pour les senseurs.
Les nouveaux bâtiments permettront de compléter la modernisation de la flotte italienne, qui a déjà lancé le renouvellement de son corps de bataille avec le porte-aéronefs Cavour, les frégates de défense aérienne Andrea Doria et Caio Duilio, 10 FREMM (dont quatre livrées ) et deux nouveaux sous-marins du type Todaro.