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Le coût d’une remise à niveau des quatre premiers Littoral Combat Ships (LCS) réceptionnés par la flotte américaine est trop élevé, mieux vaut les désarmer. C’est ce qu’a expliqué hier le directeur du budget de l’US Navy. Celle-ci devrait par conséquent assez rapidement se séparer des USS Freedom (LCS 1), USS Independence (LCS 2), USS Forth Worth (LCS 3) et USS Coronado (LCS 4), qui ont respectivement intégré la marine américaine en 2008, 2010, 2012 et 2014. Il s’agit donc de mettre au rebus des bateaux âgés de seulement 6 à 12 ans. Un choix qui en dit long sur l’étendue des problèmes rencontrés lors de la mise en route de ce programme, voulu au départ comme innovant et qui s’est transformé en véritable usine à gaz, aussi coûteuse qu’inadaptée à l’évolution des besoins opérationnels.  

Initialement, 55 LCS devaient être réalisés afin de succéder aux frégates du type O.H. Perry. L’US Navy souhaitait un nouveau concept de bâtiment, léger et très rapide pour pouvoir évoluer en zones littorales, avec une plateforme de base peu équipée (donc sensée être bon marché) mais pouvant être agrémentée de modules en fonction des missions : renforcement des capacités de lutte antinavire, anti-sous-marine et même des moyens de guerre des mines.

 

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© US NAVY

L'USS Freedom (© US NAVY)

 

Un programme, deux modèles

Deux consortiums ont participé à la compétition avec des modèles complètement différents. D’un coté Lockheed Martin, associé à Gibbs & Cox et au chantier Marinette Marine (Fincantieri) avec un bâtiment à coque planante en acier de 115 mètres, équipé de deux turbines Rolls-Royce MT30 afin d’atteindre plus de 45 nœuds. Cela a donné naissance à l’USS Freedom et à son premier sistership, l’USS Fort Worth. D’un autre côté, l’équipe emmenée par General Dynamics, BIW et Austal, a imaginé un trimaran furtif en aluminium de 127 mètres pouvant évoluer à plus de 40 nœuds avec des turbines GE LM 2500.

Deux prototypes de chaque modèle furent réalisés mais aucun choix entre ces deux approches n’intervint. L’administration américaine décida finalement de couper la poire en deux et de lancer la production en série, avec retour d’expérience des prototypes, pour chaque type LCS. Alors que les premiers bâtiments rencontrent rapidement des problèmes techniques, le programme, marqué par d’importants surcoûts et retards, ne donne pas satisfaction. D’autant que la situation géostratégique évolue, ce qui amène l’US Navy, dont la toute-puissance en haute mer est contestée, à repenser sa stratégie et l’utilité des LCS.

 

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© US NAVY

Les USS Freedom et USS Independence (© US NAVY)

 

Plusieurs remises à plat

C’est ainsi qu’en 2014, une remise à plat complète du programme est annoncée. Alors que le Pentagone décide en mars de réduire le nombre de LCS à seulement 32 unités, la marine parvient à sauver son format de 52 frégates quelques mois plus tard. Mais la Navy veut le développement d’une nouvelle variante des LCS, appelée Small Surface Combatant (SSC), qui doit avoir un meilleur niveau de survivabilité et être plus armée. Les négociations patinent et, fin 2015, la cible est de nouveau réduite, cette fois à 40 navires. L’année suivante, le programme est de nouveau réorganisé et il est décidé de classer les quatre premiers LCS comme des « navires d’essais », destinés à comprendre et traiter les défauts pour les corriger sur les unités de série. Mais ces plateformes, plus ou moins bien nées et qui ont essuyé les plâtres d’un programme bien compliqué, n’ont désormais plus grande valeur. D’où leur probable disparition.

35 LCS commandés

A ce jour, 35 LCS ont été commandés en tout. Il y a là 16 unités du type Freedom, les troisième à neuvième ayant été mises en service entre novembre 2015 et octobre 2019. Quant aux Independence, ils sont au nombre de 19, les troisième à dixième ayant été livrés entre décembre 2015 et octobre 2019. De nouvelles capacités commencent à voir le jour mais la variante SSC n’a toujours pas été commandée, sachant que la marine voudrait autant que possible une mise à niveau des bâtiments déjà construits.

Nouveau programme de frégates

Ce programme se télescope maintenant avec le projet FFG(X), né des déboires des LCS et qui porte sur une vingtaine de nouvelles frégates plus conventionnelles et assez lourdement armées. Initié en juillet 2017, il doit aboutir cette année à une commande. Quatre concurrents sont encore en lice : Austal avec une version agrandie de l’Independence, Fincantieri via sa filiale américaine FMG (dont fait partie Marinette Marine) avec une offre basée sur la FREMM italienne, General Dynamics allié à Navantia avec une solution issue de la F100 espagnole, et enfin Huntington Ingalls Industries qui a travaillé sur une évolution des cotres du type NSC produits pour l’US Coast Guard. Initialement en course avec une version agrandie des Freedom, Lockheed Martin a jeté l’éponge l’an dernier.

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