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La marine américaine est parvenue à sauver son format d’une cinquantaine de frégates après avoir convaincu le Pentagone, qui avait décidé en mars dernier de réduire le programme Littoral Combat Ship à 32 unités (au lieu de 52), de lancer un nouveau programme. Le secrétaire américain à la Défense a confirmé la nouvelle hier en donnant son accord pour la construction d’une nouvelle série de navires permettant de revenir à une cible de 52 unités, dont 32 LCS. Appelés Small Surface Combatant, les nouveaux bâtiments seront une version améliorée des LCS, présentée comme plus « létale » et bénéficiant d’une meilleure survivabilité.

 

Plus puissant et mieux protégé

 

En plus de l’armement de base des LCS actuels, réduit à un canon de 57mm, de l‘artillerie légère et un système surface-air à courte portée Sea RAM, les futurs SSC mettront notamment en œuvre des missiles antinavire Longbow Hellfire, deux canons télé-opérés de 30mm, un sonar remorqué à immersion variable et deux embarcations rapides de 11 mètres. L’US Navy annonce que ces bâtiments verront également leurs moyens antiaériens renforcés, tant dans le domaine de la détection que de l’armement. Ils seront, de plus, équipés de solides moyens de guerre électronique actifs et passifs, avec des contre-mesures antimissile et anti-torpille. Le détachement aérien embarqué sur les SSC comprendra un hélicoptère pouvant être doté de missiles Hellfire et de torpilles Mk 54, ainsi qu’un drone aérien Fire Scout pour la reconnaissance et le ciblage. La plateforme sera, pour sa part, améliorée, afin de réduire sa signature contre les mines, alors que la protection de certaines parties vitales sera renforcée pour mieux résister aux coups adverses.

 

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© US NAVY

Les deux premiers LCS du type Independence (© US NAVY)

 

Les errements des Littoral Combat Ship

 

Cette décision intervient après plusieurs années de troubles autour du programme LCS, lancé au début des années 2000 (la commande des prototypes a été notifiée en 2004). Deux modèles étaient initialement en compétition : le monocoque en acier de type Freedom avec superstructure en aluminium développé par Lockheed Martin et Marinette Marine, filiale de Fincantieri Marine Group ; et le trimaran en aluminium (type Independence) conçu par General Dynamic et Austal. L’administration américaine n’ayant pas tranché, le contrat de 52 bâtiments a été réparti entre les deux consortiums. Deux unités de chaque type ont été livrées depuis 2009, une douzaine d’autres bâtiments étant en essais ou à différents stades de construction. Après avoir connu différents problèmes techniques et d’importants dépassements de budgets (le Pentagone a estimé en 2012 le coût du Freedom à 637 millions de dollars et celui de l’Independence à 704 millions de dollars) les LCS font l’objet de sévères critiques. On leur reproche notamment d’être très chers pour des bâtiments aussi peu armés et protégés. Le coût des LCS est en effet au moins aussi élevé qu’une frégate de premier rang européenne, pour un armement réduit à celui d’un gros patrouilleur.  Il est vrai que dans le concept original prévoit une version de base plutôt dépouillée pouvant être agrémentée avec des modules de mission (capacités anti-sous-marine, antisurface ou anti-mine) facilement intégrables et permettant de renforcer certaines capacités. Mais cette approche modulaire se révèle plus complexe que ce que ses concepteurs imaginaient, tant d’un point de vue technique qu’opérationnel.

 

Le choix du compromis

 

Au final, le programme ne donne pas satisfaction à l’US Navy et au Pentagone. Même si les défauts de jeunesse des Freedom et Independence seront vraisemblablement corrigés dans les prochaines années avec la mise au point de leurs modules de combat et certaines modifications, l’administration américaine a finalement décidé de changer son fusil d’épaule. Car, face au recentrage des intérêts  américains dans la zone Asie/Pacifique et à la montée en puissance significative de la marine chinoise, l’US Navy va devoir, malgré les restrictions budgétaires, maintenir des effectifs conséquents basés sur des bâtiments taillés pour des conflits de haute intensité. Même si certains y étaient favorables, un abandon pur et simple des LCS pour repartir sur un nouveau concept n’a pas été acté. Le programme étant déjà trop engagé et la Navy ayant besoin au plus vite de nouveaux bateaux pour compenser le désarmement anticipé des frégates du type FFG 7, c’est la solution de compromis qui s’est imposée. « La nouvelle proposition de la marine, comme les LCS, continuera de faire l’objet de critiques mais, considérant les enjeux pour notre force de combat navale ainsi que l’environnement stratégique et budgétaire actuel, je crois que cela représente notre option la meilleure et la plus économique », reconnait le secrétaire à  la Défense.

 

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© LOCKHEED MARTIN

Variantes du Freedom proposées à l'export (© LOCKHEED MARTIN)

 

Des versions déjà musclées pour l’export

 

On notera que les industriels, conscients des faiblesses de leurs plateformes en matière d’équipements, planchent depuis plusieurs années sur des bâtiments plus musclés dans le cadre de ventes potentielles à l’export. Ainsi, Lockheed Martin propose plusieurs variantes du Freedom, avec par exemple des missiles antinavire dans la superstructure et sur la plage avant des cellules de lancement vertical pour missiles surface-air. L’une des versions est aussi équipée d’un radar à faces planes avec système de défense aérienne Aegis. Et l’Independence n’est pas en reste, les ingénieurs ayant notamment prévu de pouvoir installer des rampes pour missiles antinavire entre la passerelle et la tourelle de 57mm.

 

Quel design pour le futur SSC ?

 

Alors que la première commande de SSC doit intervenir d’ici l’année fiscale 2019, on ne sait pas, pour le moment, quelle base de design, Freedom ou Independence, sera retenu pour cette évolution. Sans compter qu’il n’est pas à exclure, même si ce n’est pas explicité, que le nouveau modèle commence à se substituer à une partie des 32 LCS. Pour le moment, seuls 14 exemplaires ont en effet été notifiés. 

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