La construction du premier des trois nouveaux patrouilleurs hauturiers commandés par l’Argentine, qui rachète par ailleurs L’Adroit du même type, a débuté au chantier Piriou de Concarneau. Un premier bloc est déjà produit en vue d’une livraison de ce bâtiment en mars 2020.
Le lancement officiel de la production est intervenu le 19 avril lors d’une cérémonie organisée à l’occasion de la visite de Florence Parly, ministre des Armées, dont l’implication a été selon les industriels déterminante pour permettre à cette commande d’aboutir. Un contrat qui fut d’ailleurs crucial pour maintenir le plan de charge du chantier concarnois de Piriou.

Florence Parly lors de la cérémonie de lancement de construction des OPV argentins (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Adroit a opéré au sein de la flotte française de 2011 à 2018 (© MARINE NATIONALE)
Entré en vigueur le 14 février dernier, le programme des OPV argentins est pour mémoire porté par Kership, société commune de Piriou et Naval Group dont le chantier de Lanester, mis sous cocon il y a un an et demi, va pouvoir être rapidement réactivé. Le site du Rohu va, en effet, produire la coque du second des trois patrouilleurs réalisés pour l’Argentine. Quant au troisième, le lieu où il sera construit n’est pas encore acté. Tout dépendra du plan de charge de Piriou, Kership et Naval Group, qui vont avoir sur leurs sites bretons de nombreux bâtiments à réaliser dans les années qui viennent.
D’une durée de 38 mois, le contrat verra la livraison des OPV neufs entre le premier trimestre 2020 et le premier trimestre 2022. Pour ce qui est de L'Adroit, réalisé sur fonds propres par Naval Group et mis à disposition de la marine française entre 2011 et 2018, il devrait, après rénovation et mise aux standards argentins à Toulon, être livré dès la fin de cette année.
En plus de ces patrouilleurs de 87 mètres et 1650 tonnes de déplacement en charge, Concarneau et Lanester doivent construire les 12 nouveaux bâtiments de guerre des mines belges et néerlandais, Naval Group et ECA, réunis au sein du consortium Belgium Naval & Robotics (BNR), ayant été désignés vainqueurs de la compétition internationale le 15 mars par le gouvernement belge. La procédure d’attribution est cependant gelée actuellement du fait d’un recours déposé par un concurrent. La réponse du conseil d’Etat belge à ce sujet est attendue vers la mi-mai.

Les futurs bâtiments de guerre des mines belges et néerlandais (© BNR)
Si le contrat est bien confirmé, les chantiers bretons devront livrer 12 bâtiments d’environ 80 mètres et 3000 tonnes entre 2023 et 2030. Alors qu’un prolongement avec le futur programme français équivalent (quatre à six bâtiments) est espéré, Kership se positionne également sur les programmes de renouvellement des patrouilleurs de la Marine nationale. Une maquette de son OPV 75 avait d'ailleurs été judicieusement positionnée vendredi sur le parcours de visite de Florence Parly dans les bureaux d'études du chantier concarnois.

Maquette de l'OPV 75 proposé par Kership à la marine française (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Florence Parly visitant les bureaux d'études de Piriou (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
La co-entreprise de Piriou et Naval Group est par ailleurs en compétition ou en discussion avec plusieurs clients sur d’autres contrats potentiels, pour des unités neuves ou encore la cession de l’ancien P400 Tapageuse de la Marine nationale, rénové en 2015 par Piriou et qui pourrait être repris par une marine d’Afrique de l’ouest.

L'ex-Tapageuse à Concarneau (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
En attendant, Concarneau, qui emploie 350 personnes hors sous-traitance, se concentre donc sur les OPV argentins, ainsi que sur les contrats 100% Piriou, dont actuellement la reconstruction de la coque du voilier Bel Espoir et la réalisation d’une barge de transport de fret pour un client antillais. S’y ajoute l’activité de maintenance de Piriou Naval Services, avec notamment, en ce moment, des arrêts techniques de bateaux de pêche, d'un remorqueur de la Marine nationale et du patrouilleur Thémis des Affaires maritimes.

Le chantier Piriou de Concarneau avec la nouvelle coque du Bel Espoir (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le patrouilleur Thémis en arrêt technique à Concarneau (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)