Le sujet commence à agiter le Landerneau politico-industriel. Avec comme d'habitude des questions, des rumeurs et des intrigues, réelles ou supposées : Qui pour succéder à Patrick Boissier, dont le mandat, pour cause de limiote d'âge, doit prendre fin en janvier 2015 ? Pourrait-il se prolonger à la présidence de DCNS au-delà de ses 65 ans ? Fait-il face à une campagne hostile qui aboutirait à son départ dès 2014 ? etc.
Il est en tous cas clair qu’en coulisses, la campagne pour la succession du patron de DCNS est lancée, officieusement bien entendu. En matière de candidats potentiels, plusieurs noms reviennent avec une certaine insistance depuis un moment, notamment celui du directeur de cabinet du ministre de la Défense, Cédric Lewandowski. On parle aussi de Pierre-Eric Pommelet, directeur général adjoint de Thales en charge des systèmes de mission de défense. Ou encore d’Hervé Guillou, d’EADS, dont le nom avait déjà été évoqué pour le remplacement de Jean-Marie Poimboeuf, auquel Patrick Boissier a finalement succédé en 2009. Et puis il y a bien entendu le « candidat maison », Bernard Planchais, actuel numéro 2 du groupe naval.
Option nationale ou européenne
Même s’il faut rester très prudent car ces noms ne font l’objet que de rumeurs qu’évidemment personne ne confirme et qui sont du reste soumises à différentes manœuvres typiques des grandes nominations, il est clair que les choses commencent à bouger. Thales, qui est l’actionnaire industriel de référence de DCNS et a porté sa participation dans le capital de 25 à 35% fin 2011, pourrait être logiquement tenté de prendre les commandes du groupe naval. Mais d’autres industriels peuvent aussi s'y intéresser, par exemple EADS, avec en toile de fond l’idée d’aboutir à une consolidation du secteur en Europe. Un axe franco-allemand pourrait alors, potentiellement, se dessiner. Reste que le projet de rapprochement européen fait toujours office de vœu pieux, maintes fois souhaité mais jamais concrétisé. Les syndicats pourraient d’ailleurs voir cette option d’un mauvais œil, car elle serait porteuse de la crainte d’éventuelles restructurations. Leur préférence devrait en tous cas clairement aller vers un homme issu de l'industrie, si possible issu de entreprise, qu'ils veulent coûte que coûte préserver dans toutes ses composantes.
Pour le moment, Patrick Boissier ne manifeste aucun signe laissant penser à un prochain départ. Le patron de DCNS, qui fêtera ses 64 ans au mois de janvier, pourrait même, pourquoi pas, être tenté de poursuivre sa mission à la tête du groupe. Pour cela, il faudrait cependant une modification des statuts de l’entreprise, qui fixent pour l’heure l’âge limite du président à 65 ans. Une solution qui ne serait pas forcément rejetée par les personnels, mais qui devrait obtenir l’aval de Thales, ainsi que celui du ministre de la Défense, avec lequel Patrick Boissier a eu maille à partir récemment.