La Direction Générale de l’Armement présentait hier le bilan de ses activités pour 2013. L’année dernière, la DGA a cumulé 10.83 milliards d’euros de paiements à l’industrie, auxquels il convient d’ajouter 776 millions d’euros au titre des plans d’études amont. Malgré les restrictions budgétaires qui affectent une nouvelle fois les programmes militaires, Laurent Collet-Billon, délégué général de l’armement, a réaffirmé la volonté du ministère de la Défense de continuer à investir pour préparer l’avenir, pérenniser les capacités opérationnelles des armées françaises, préserver la souveraineté du pays et soutenir l’industrie nationale pour lui permettre de rester compétitive dans un environnement de plus en plus concurrentiel. « Plus que jamais nous devons savoir investir, savoir innover, savoir faire pour gagner la bataille sur le terrain, la bataille de l'économie, de l'export et rester sur le podium international », a dit le patron de la DGA.
Une maison qui se modernise
Ce dernier en a profité pour souligner l’évolution considérable qu’a connue cette administration depuis qu’elle a succédé en 1977 à la Délégation Ministérielle pour l’Armement (DMA), qui regroupait quelques 100.000 personnels. Aujourd’hui, ils sont dix fois moins nombreux et, à l’image de son environnement, la DGA a entrepris de se moderniser et de se réorganiser pour être plus efficace. Laurent Collet-Billon, ancien ingénieur de l’armement, veille au grain depuis 2008 avec une belle maîtrise des dossiers, comme en témoignent régulièrement ses amicales passes d’armes publiques avec certains grands patrons, qu’il a l’art et la manière, si besoin, de recadrer en pleine conférence. Même si les industriels continuent parfois de se plaindre de l’inertie administrative et dans certains cas d’un manque de pragmatisme, notamment au niveau de spécifications techniques, les progrès sont bien réels. Maison d’ingénieurs, la DGA fait monter son expertise en puissance au profit de la Défense et de l’industrie. Et le suivi de tous les programmes mobilise ses différentes compétences : gestion de projets, achat, finances, expertise technique et essais. En 2013, ce sont ainsi près de 6.5 millions d'heures d'essais qui ont été réalisées dans les centres de la DGA.

Laurent Collet-Billon, patron de la DGA depuis juillet 2008 (© DGA)
Efforts importants dans la R&T et soutien aux PME
Dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire, qui couvrira la période 2014 – 2019, le développement des compétences clés de l'industrie de défense fait l'objet d'une priorité, qui se traduira par un effort sur le budget recherche de plus de 4.4 milliards d'euros sur la durée de la LPM. Cette enveloppe doit conforter la France comme première nation européenne dans le domaine de la recherche et technologie (R&T) de défense. « Cet effort de recherche, voulu par le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian, s'appuie sur un tissu dynamique de PME françaises innovantes que la DGA accompagne notamment à travers le dispositif RAPID (régime d'appui pour l'innovation duale). Avec 64 projets sélectionnés en 2013 pour un total de 40 millions d'euros, RAPID rencontre un succès croissant. Son budget sera augmenté de 25% d'ici 2015 conformément aux dispositions du Pacte Défense PME », souligne la DGA.
Concernant 2013, année de transition en attendant le vote de la nouvelle LPM, les armées ont enregistré la livraison des deux premiers avions de transport militaire A400M, ainsi que des premiers véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) « félinisés ». Dans le même temps, la DGA a notifié le nouveau standard F3-R du Rafale, la rénovation des avions de patrouille maritime Atlantique2, ainsi que le missile moyenne portée (MMP) remplaçant du Milan.
2014 : Le Barracuda 4, l’ANL et la guerre des mines pour la marine
En 2014 de grands programmes emblématiques seront lancés : SCORPION pour le renouvellement des véhicules blindés de l’armée de Terre, l'avion ravitailleur MRTT pour l’armée de l’Air, ou encore la commande du quatrième sous-marin nucléaire d'attaque Barracuda pour la Marine nationale. De nouveaux programmes en coopération verront également le jour, a confirmé Laurent Collet-Billon. D’abord le développement du futur missile antinavire léger, mais aussi la phase de faisabilité du système de combat aérien du futur (SCAF), ainsi que le système de guerre des mines du futur (MMCM).
Hausse des ventes à l’export
Signe, selon la DGA, « de l'excellence et de la maturité de l'offre française qui a fait ses preuves sur les derniers théâtres d'opérations, les prises de commande à l'export sont en hausse significative, comme l'a annoncé en janvier dernier le ministre de la Défense : 6.3 milliards d'euros, soit une progression de l'ordre de 31% ». Et les nouveaux programmes lancés au cours de la LPM doivent préparer les contrats futurs, le marché international étant indispensable à la pérennité du tissu industriel français, qui ne peut plus vivre uniquement sur les commandes domestiques. « Avec un niveau d'investissement soutenu sur l'équipement des forces et une vingtaine de programmes nouveaux à lancer, les compétences de maîtrise d'ouvrage et d'expertise technique de la DGA seront une composante indispensable pour atteindre les objectifs de la LPM ».