Chaque fois un peu plus impressionnante cette marine chinoise qui, désormais, déploie des moyens sur toutes les mers du globe. Les escales en France des bâtiments de l’Armée populaire de libération sont un bon baromètre du développement considérable que connaît la flotte chinoise depuis une décennie. En 2007, lors de l’un de ses premiers grands déploiements jusqu’en Europe, la Chine avait envoyé le destroyer lance-missiles Guangzhou (du type type Lujang I, mis en service en 2004, long de 155 mètres et présentant un déplacement de 6800 tonnes à pleine charge) et le pétrolier ravitailleur Weishan Hu (type Fuchi, 2003, 178.5 mètres, 23.000 tpc), qui s’étaient arrêtés à Toulon. En 2013, c’était au tour des frégates Hengyang et Huangshan (type Jiankai II, 2008, 134 mètres, 3900 tpc), accompagnées par le pétrolier-ravitailleur Qinghai Hu (1996, 179 mètres, 37.000 tpc), d’entrer dans la base navale varoise.

Le Guangzhou à Toulon en 2007 (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le Weishan Hu à Toulon en 2007 (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le Hengyang à Toulon en 2013 (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le Qinghai Hu à Toulon en 2013 (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Et c’est un groupe naval encore plus imposant qui est arrivé hier matin à Toulon avec, en plus de la frégate Yuncheng (type Jiankai II), le pétrolier-ravitailleur Chao Hu (type Fuchi) et, surtout, le transport de chalands de débarquement Changbai Shan.

Le Yuncheng hier à Toulon (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le Chao Hu hier à Toulon (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
Les nouveaux TCD chinois
C’est la première fois qu’un bâtiment de projection chinois sillonne les eaux européennes et, en attendant que ce soit un jour au tour d’un porte-avions, cela a déjà clairement du sens. Troisième TCD du type Yuzhao, le Changbai Shan, mis en service en 2012, est l’une des plus grandes unités de combat de l’APL. Long de 210 mètres pour une largeur de 28 mètres et affichant un déplacement de plus de 17.000 tonnes en charge, le Changbai Shan est conçu pour les opérations amphibies. A cet effet, ce bâtiment, armé par 175 marins, peut transporter 75 véhicules, y compris des blindés, ainsi que 500 hommes de troupe (jusqu’à 1000 pour une courte période). Son radier est dimensionné pour abriter quatre chalands de débarquement de 25 mètres de type Yuchin ou quatre aéroglisseurs de 22 mètres de type Jingsah. Doté d’une vaste plateforme avec deux spots d’appontage, le Changbai Shan dispose d’un hangar pour deux hélicoptères lourds. Il est arrivé à Toulon avec deux Z-8, version chinoise du Super Frelon français. Ce TCD dispose enfin d’importantes infrastructures de commandement et d’un hôpital embarqué.

Le Changbai Shan hier à Toulon (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le Changbai Shan hier à Toulon (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le Changbai Shan hier à Toulon (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Le Changbai Shan hier à Toulon (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

Z-8 sur le Changbai Shan (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
La troisième flotte mondiale
Le Changbai Shan est l’un des symboles de la montée en gamme de la marine chinoise, devenue la troisième flotte mondiale avec quelques 450 bâtiments de combat et un tonnage de plus de 550.000 tonnes. Alors que le premier porte-avions chinois, le Liaoning (ex-Varyag russe), a été livré en 2012 et poursuit sa mise au point, un second porte-avions au moins est en chantier. Quant à la flotte sous-marine, elle se développe également, avec de nouveaux bâtiments à propulsion conventionnelle ou nucléaire.

Le porte-avions Liaoning (© : DR)
Un outil hauturier de puissance et d’influence
Se bornant autrefois à la protection des côtes, la marine chinoise est progressivement devenue hauturière. Outil essentiel de la politique expansionniste de Pékin, elle impose sa puissance en mer de Chine, mais réalise aussi des déploiements de plus en plus fréquents à l’étranger. Comprenant l’importance militaire et diplomatique que représente une grande marine, la Chine dispose ainsi de l’un des principaux attributs des grandes puissances et démontre sa capacité à projeter des forces militaires très loin de leurs bases. On trouve les bâtiments chinois en océan Indien, où ils participent depuis plusieurs années à la lutte contre la piraterie, dans les grandes étendues du Pacifique où la Chine marque ainsi sa présence face aux Etats-Unis et au Japon notamment, mais compte aussi étendre par ce biais son influence en Afrique, dont les matières premières font l’objet de toutes les convoitises. Enfin, la marine chinoise se montre de plus en plus présente en Méditerranée et monte jusqu’en Europe du nord.

La frégate Yuncheng à Portsmouth (© : ROYAL NAVY)
Un groupe déployé depuis plus de six mois
A ce titre, le périple réalisé par la force navale arrivée hier à Toulon est très intéressant. Parti de Chine le 1er août 2014, c'est-à-dire il y a plus de six mois, l’Escort Task Group 989 a été engagé dans la lutte anti-piraterie au large de la Somalie et a fait des escales dans huit pays africains avant de rejoindre l’Europe, avec des escales à Hambourg, Rotterdam, Portsmouth et maintenant Toulon. Le Changbai Shan, le Yuncheng et le Chao Hu traverseront ensuite la Méditerranée pour rejoindre Suez et amorcer leur retour vers la Chine via la mer Rouge et l’océan Indien. Non sans avoir, au préalable, fait escale dans le port grec du Pirée, dont les terminaux à conteneurs sont gérés depuis 2008 par le groupe chinois Cosco.
L’arrivée à Toulon en images
Pour finir, nous revenons en images, avec le reportage photo de Jean-Louis Venne, sur l’arrivée à Toulon des trois bâtiments hier matin. Les marins chinois ont été accueillis au son de la Musique des équipages de la flotte, avec un piquet d’honneur sur le quai, un parterre d’autorités, dont l’ambassadeur de Chine, ainsi que plusieurs dizaines de ressortissants chinois invités pour l’occasion, avec drapeaux et banderoles.
















