C’est le 25 octobre que la troisième frégate multi-missions réalisée par DCNS a appareillé pour la première fois de Lorient, marquant le début de ses essais en mer. Seconde FREMM française, la Normandie rejoindra l’an prochain l’Aquitaine, tête de série du programme, livrée fin 2012 à la Marine nationale et dont on attend toujours l’admission au service actif. Quant au deuxième bâtiment de la série, le Mohammed VI, il doit être livré fin novembre (normalement le 25) au Maroc, premier client export de la nouvelle frégate française.
Concernant la Normandie, dont la construction a débuté en octobre 2009 et la mise à flot est intervenue en octobre 2012, elle a débuté ses essais en mer par une sortie de trois jours au large de Lorient. Avec pour commencer une phase dite « d’appropriation » au cours de laquelle, selon DCNS, « les équipes à bord ont procédé à la vérification du bon fonctionnement de toutes les installations et dispositions de sécurité, telles que la lutte contre les sinistres (incendie et voie d’eau), l’évacuation du navire, la manœuvrabilité ou encore la tenue au mouillage ».

La FREMM Mohammed VI lors de ses essais en mer (© DCNS)
Tests sur l’appareil propulsif puis le système de combat
Dans un deuxième temps, les essais se sont concentrés sur la propulsion. Hybride, celle-ci est du type CODLOG (COmbined Diesel eLectric Or Gas), avec des diesel-alternateurs MTU et des moteurs électriques de propulsion Jeumont lui permettant de naviguer très silencieusement jusqu’à 16 nœuds, ce qui constitue un atout pour la lutte anti-sous-marine, qui sera la mission principale de cette frégate. Pour les vitesses élevées, la propulsion bascule sur une turbine à gaz (GE LM2500), développant 32 MW et permettant au bâtiment d’atteindre 27 nœuds. On rappellera que la FREMM dispose, en outre, d’une propulsion de secours assurée par un moteur rétractable Brunvoll permettant de rejoindre un port à la vitesse de 6 nœuds.
Après quelques semaines passées à quai, la Normandie, dont la réalisation se déroule selon DCNS « conformément au planning et au budget », reprendra la mer début 2014 pour, cette fois, tester son système de combat. L’année prochaine doit également être marquée par le premier tir du missile de croisière naval (MdCN/Scalp Naval) conçu par MBDA pour équiper les FREMM (une autre version étant développée pour les sous-marins du type Barracuda). C’est la Normandie qui devrait effectuer, au printemps, les essais embarqués de cette nouvelle arme, qui permettra de neutraliser des cibles terrestres et durcies à très grande distance (plus de 1000 km).
Concernant la suite du programme, la Provence, mise à flot le 18 septembre dernier, est en achèvement à quai, où elle a récemment reçu sa mâture. Ses essais en mer débuteront l’an prochain. La frégate suivante, qui sera baptisée Languedoc, est actuellement en cours d’assemblage dans la forme de construction de Lorient. Quant à cinquième FREMM française, prévue normalement pour s’appeler Auvergne mais dont DCNS n'évoque plus aujourd’hui le nom, elle en est au stade de blocs.

La FREMM Normandie (© BERNARD PREZELIN)
Incertitudes sur la fin du programme
Le rythme de production des frégates va être ralenti, conformément aux exigences de la loi de programmation militaire, qui entend étaler de cette manière le coût financier du programme. La cadence va, ainsi, passer d’une livraison tous les 10 mois à une livraison tous les 14 mois. Selon la LPM, seules six FREMM auront été réceptionnées par la Marine nationale en 2019, contre huit suivant le planning initial. Les septième et huitième frégates bénéficieront, par ailleurs, de capacités antiaériennes renforcées afin de succéder aux Cassard et Jean Bart au début de la prochaine décennie.
Quant aux trois dernières FREMM (9 à 11), c’est en 2016 que l’Etat doit décider de leur sort. Soit elles seront abandonnées et « remplacées » par les nouvelles frégates de taille intermédiaire (FTI), qui doivent également succéder aux La Fayette, soit elles seront maintenues. Avec alors deux possibilités : le recours au même design que les huit premières ou bien une évolution, par exemple avec l’adoption d’un nouveau radar de veille à quatre faces planes, le Sea Fire, que Thales propose par ailleurs d’intégrer sur les FTI.

Design de FREMM dotée d'un radar Sea Fire (© DCNS)