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Le ministère grec de la Défense, via son agence d’acquisition d’équipements (GDDIA), a annoncé le 29 octobre avoir signé une lettre d’intention avec les Pays-Bas pour l’achat de deux frégates du type M et six chasseurs de mines tripartites (CMT). Le document a été paraphé deux jours plus tôt, à l’occasion de la Conférence des directeurs nationaux des armements (CNAD) de l’OTAN. Les modalités de cet accord, qui reste à boucler sur le plan financier, n’ont pas été précisées, en particulier le calendrier de livraison des bâtiments si la cession est actée.

En toute logique, le transfert des frégates pourrait avoir lieu dès 2022, la Grèce souhaitant rapidement renforcer sa flotte de surface en attendant l’arrivée de frégates neuves, son choix s’étant porté en la matière sur les FDI françaises, dont la commande doit être bouclée en décembre pour une livraison des deux premières unités en 2025 et d’une troisième en 2026. La reprise des deux dernières frégates néerlandaises du type M, les Van Amstel et Van Speijk, correspond au fameux « gap filler », la solution intermédiaire souhaitée par la marine hellénique pour assurer la transition avec ses frégates de nouvelle génération. La France avait dans ce cadre proposé de céder gracieusement la frégate antiaérienne Jean Bart (1991) et la frégate anti-sous-marine Latouche-Tréville (1990), mais Athènes a écarté cette option (le JB étant par conséquent désarmé cet été, le LTT devant l’être en 2022).

Un peu plus récentes, puisque mises en service en service en 1993 et 1995 dans la Koninklijke Marine, les Van Amstel et Van Speijk ont été modernisées dans les années 2010 avec la rénovation de leur système de combat ainsi que des moyens radar et sonar. Ces bâtiments de 122 mètres et plus de 3300 tonnes en charge, capables d’atteindre 30 nœuds, disposent d’un système surface-air à lancement vertical Sea Sparrow (16 missiles), 8 missiles antinavire Harpoon, une tourelle de 76 mm, un système multitube Goalkeeper, de l’artillerie légère et quatre tubes lance-torpilles. Le hangar a quant à lui été adapté pendant la dernière rénovation pour pouvoir accueillir un hélicoptère de type NH90. Il devrait donc être assez grand pour les Seahawk grecs.

 

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© GIORGIO ARRA

La frégate grecque Aegeon, du type néerlandais Kortenaer (© : GIORGIO ARRA)

 

On rappellera que neuf des treize actuelles frégates de la marine grecque sont d’origine néerlandaise, en l’occurrence des unités du type Kortenaer mises en service entre 1978 et 1983 (deux ont été livrées dès leur construction et les autres transférées entre 1993 et 2004). Les quatre autres, du type allemand Meko 200 HN, sont entrées en flotte entre 1992 et 1998 et Athènes souhaite les moderniser (la France a aussi proposé comme alternative la construction de corvettes neuves du type Gowind).

L’acquisition des Van Amstel et Van Speijk constitue une bonne opportunité pour la Grèce, ces bâtiments assez récemment rénovés, en particulier en matière de lutte anti-sous-marine, disposant encore d’un bon potentiel et représentent donc un bon compromis en attendant les FDI. D’autant qu’ils seront sans doute acquis pour un prix très modeste, les Pays-Bas souhaitant profiter de l’occasion pour se débarrasser de ces unités vieillissantes avant leur remplacement par les nouvelles frégates belgo-néerlandaises, même si ce ne sera pas avant 2027. En attendant, la Koninklijke Marine se contentera de ses quatre frégates du type De Zeven Provincien, et de l’appui des frégates belges Leopold I et Louise Marie, qui sont elles mêmes deux anciennes unités néerlandaises du type M transférées en 2007 et 2008 à la Belgique. Les quatre autres frégates de ce type dont disposaient les Pays-Bas ont pour mémoire été vendues dans les années 2000 au Chili et au Portugal.

 

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© JEAN-CLAUDE BELLONNE

Le chasseur de mines néerlandais Urk (© : JEAN-CLAUDE BELLONNE)

 

Dans le même esprit, les Néerlandais, indiscutablement très doués pour revendre leurs bâtiments sur le marché de l’occasion, devraient donc céder à la Grèce leurs derniers chasseurs de mines tripartites (CMT), dont quinze unités avaient été construites dans les années 80 dans le cadre d’un programme commun avec la Belgique et la France. Sur les neuf déjà retirés du service dans la flotte néerlandaise, cinq ont été vendus à la Lettonie en 2005 et deux à la Bulgarie en 2019. La Koninklijke Marine n’aligne plus aujourd’hui que les Makkum (1985), Schiedam (1986), Urk (1986), Zierikzee (1987), Vlaardingen (1989) et Willemstad (1989). S’y ajoutent deux CMT retirés du service en 2011 (Haarlem et Middelburg) et conservés depuis sous cocon. Alors que les Pays-Bas annonçaient en juin dernier la vente de deux de leurs CMT au Pakistan, les six derniers doivent donc maintenant partir pour la Grèce. Comme les frégates du type M, toute la série des CMT devrait ainsi être cédée. Ces bâtiments en composite de 51 mètres et plus de 600 tpc disposent pour mémoire d’un sonar de coque et de robots pour l’identification et la neutralisation des mines.

Là encore, les Néerlandais privilégient le commerce à leurs capacités opérationnelles puisque les six nouveaux bâtiments de guerre des mines appelés à succéder à leurs CMT ne seront livrés qu’entre 2025 et 2030. Il s’agit du programme belgo-néerlandais MCMV qui porte sur la construction de douze navires (six pour la Belgique et six pour les Pays-Bas) mettant en œuvre des systèmes de drones. Commandés aux Français Naval Group et ECA Group, réunis au sein du consortium Belgium Naval & Robotics, leur réalisation a été sous-traitée à Kership (société commune de Piriou et Naval Group). La cérémonie de mise sur cale de la tête de série, prévue pour être livrée à l’été 2024 à la marine belge, doit ce dérouler à la fin de ce mois de novembre au chantier Piriou de Concarneau.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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