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Après 46 ans de service, le célèbre porte-hélicoptères Jeanne d’Arc a bien perdu de son lustre. Depuis 2010, la Jeanne n'est plus qu'un numéro de coque, Q 860, qui flotte dans la base navale de Brest. L'ex-croiseur Colbert quant à lui, désarmé en 1991, après avoir servi de musée à Bordeaux, a rejoint Landévennec en 2007. Leur fin de vie est bien programmée. L'appel d'offres pour ces deux «navires condamnés», longs de plus de 180 mètres, vient d'être publié au Journal officiel. Pas question pour la Marine nationale de se lancer dans des péripéties comme celles du Clemenceau, parti pour l'Inde pour revenir à Brest avant d'être démoli en Grande-Bretagne. Désormais, tout est bordé, le cahier des charges très détaillé. Avec une priorité: le respect de l'environnement.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

L'ex-Jeanne d'Arc à Brest (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

48 mois de démolition

Dans l'appel d'offres, il est précisé que le démantèlement de l'ex-Jeanne d’Arc et de l'ex-Colbert - soit 19.000 tonnes pour les deux coques - et le traitement des déchets doivent être réalisés dans un pays membre de l'Union européenne. Il est souligné que les bassins des bases navales de la marine «ne sont pas mis à disposition» du titulaire du marché. Il s'agit d'un démantèlement complet des deux navires condamnés «depuis leur prise en charge sur leurs lieux de stationnement actuels, jusqu'à l'élimination et la valorisation du dernier déchet ou matériau». Le transport vers le(s) sites(s) de démantèlement fait partie du programme, tout comme les opérations de dépollution, de déconstruction, de ségrégation des déchets, d'élimination des déchets dangereux ou non recyclables, et de recyclage ou la vente des matériaux valorisables. Le texte précise encore que dans l'hypothèse où le démantèlement ne se ferait pas en France, le marché prendra en compte «les exigences imposées par la réglementation relative au transfert transfrontalier des déchets». L'attribution de ce type de marché, fort complexe, prend du temps. La notification pourrait intervenir fin 2013. Il faudra ensuite 48 mois pour la démolition.

 

L'ex-Bouvet à Lorient (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

Plusieurs candidats potentiels

 

Qui aura le marché? Le candidat qui présentera «l'offre économiquement la plus avantageuse». En tenant compte des délais et de l'environnement. Le chantier Able UK d'Hartlepool, en Grande-Bretagne a notamment réussi la déconstruction du «Clem». Le chantier franco-belge Galoo et sa filiale Van Heyghen Recycling viennent, pour leur part, de se voir notifier la déconstruction de l'ex-Bouvet, utilisé comme brise-lames à Lorient et qui va rejoindre le port de Gand, en Belgique, où est également traité l’ancien méthanier Tellier de GDF Suez. En France, le seul acteur positionné sur la déconstruction des grands navires est, pour le moment, la société Bartin, acquise fin 2007 par le groupe Veolia. Installée à Bassens, près de Bordeaux, elle travaille actuellement sur le démantèlement du Matterhorn, un cargo de 105 mètres remorqué depuis Brest en juillet (ce navire a été saisi après l’abandon de son armateur suite à un déroutement vers Brest en mai 2009 pour pollution maritime).

 

Bâtiments désarmés à Toulon (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

Une centaine de coque à déconstruire

 

En dehors de ces candidats potentiels, d’autres opérateurs devraient certainement se positionner. Seule certitude, les propositions devront être des plus solides. Car la Marine nationale est extrêmement pointilleuse avec la question du démantèlement. Après avoir  essuyé les plâtres avec le Clemenceau, elle maîtrise aujourd’hui son cap. Au printemps dernier, l'amiral Jouot, chargé du dossier déconstruction à l'État-major de la Marine, annonçait la couleur: «Nos bâtiments sont déconstruits dans le respect de l'environnement et à des coûts maîtrisés, tout en privilégiant la sécurité des personnes qui travaillent sur les chantiers ainsi que la traçabilité des matières». En tout, une centaine de bâtiments de toutes tailles, soit environ 100.000 tonnes de vielles coques désarmées, doivent être déconstruites dans les prochaines années.

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