La Marine nationale avait décidé de la traiter comme un non évènement, les Bretons se sont chargés, en venant nombreux la saluer, de prouver le contraire. L’ultime départ de la Jeanne d’Arc, qui a quitté Brest samedi pour rejoindre son chantier de déconstruction à Bordeaux, a été suivi par des centaines de personnes. Curieux, passionnés, marins et anciens marins étaient massés sur la côte pour voir passer une dernière fois le célèbre porte-hélicoptères et bâtiment école, entré en service en 1964 et qui a fait durant plus de quarante ans partie intégrante de la vie brestoise.

L'ex-Jeanne d'Arc quittant la base navale (© : LE TELEGRAMME - STEPHANE JEZEQUEL)

Le départ de l'ex-Jeanne d'Arc (© : MICHEL FLOCH)
A l'heure prévue, les remorqueurs de la Marine nationale ont lentement déhalé la vieille coque et lui on fait franchir les passes de la base navale. Chargé de lui faire traverser le golfe de Gascogne, le RMT Penfret, de l’armement Thomas, l’a ensuite prise en charge et s'est doucement mis en route vers le goulet. On aurait pu s’attendre à ce que les remorqueurs de la marine l’accompagnent encore un peu et même, en guise d’adieux, que quelques jets d’eau apparaissent.

Le départ de l'ex-Jeanne d'Arc (© : MICHEL FLOCH)

Le départ de l'ex-Jeanne d'Arc (© : MICHEL FLOCH)

Le départ de l'ex-Jeanne d'Arc (© : MICHEL FLOCH)

Le départ de l'ex-Jeanne d'Arc (© : MICHEL FLOCH)
L’indifférence de la marine, l’émotion de la foule
Mais non, sitôt l’encombrant colis transféré au Penfret, les militaires sont bien vite rentrés au bercail, ne laissant sur place que les vedettes de la Gendarmerie maritime chargées de la sécurité du plan d’eau. Un manque d’égard vis-à-vis d’un bateau qui a rendu tant de services et a formé tous ceux qui commandent aujourd’hui la flotte française ? Ils sont nombreux à le penser, surtout qu’il n’aurait pas fallu grand-chose pour marquer le coup. Mais la marine en avait décidé autrement et n’a accordé aucun traitement de faveur au « mythe collectif », traité comme n’importe quelle vielle coque bonne pour la casse. Alors forcément, face à une attitude aussi froide que l’acier passant devant leurs yeux, certains avaient samedi un peu d’amertume sur le cœur. Il faut dire que l’indifférence de l’armée contrastait avec l’émotion bien palpable au sein d’un public nombreux venu observer le passage du convoi. A défaut d’une petite reconnaissance de la part d’une institution qu’elle a servi pendant 46 ans, la Jeanne aura donc eu le droit à un bel hommage populaire. La météo était en plus de la partie et, comme l’ancien porte-hélicoptères s’est ébranlé dans l’après-midi, ceux qui le souhaitaient ont pu venir le voir une dernière fois. Avec à la clé un beau spectacle, notamment lors du passage devant le Minou. Alors que le public s’était installé au pied du phare, certains agitant même des drapeaux bretons en guise d’adieux, la goélette La Recouvrance, autre navire emblématique de Brest, croisait la Jeanne.

Passage devant le Minou (© : LE TELEGRAMME - STEPHANE JEZEQUEL)

(© : MICHEL FLOCH)

La Recouvrance et le Jeanne se croisent devant le Minou (© : MICHEL FLOCH)

Le départ de l'ex-Jeanne d'Arc (© : MICHEL FLOCH)

Le départ de l'ex-Jeanne d'Arc (© : MICHEL FLOCH)
L’ancien Duperré parti vendredi à la tombée de la nuit
Celle-ci est attendue ce lundi à Bordeaux, où le groupe Veolia va procéder au démantèlement de l’ex-Jeanne d’Arc sur le site de Bassens. En dehors de l’ancien bâtiment école, une autre unité désarmée de la Marine nationale a quitté la Bretagne. Il s’agit de l’ex- Duperré, qui était en attente au cimetière marin de Landévennec, sur la presqu’île de Crozon. Le vieil escorteur d’escadre, ancien bâtiment amiral de l’escadre de l’Atlantique, a fait un départ encore plus discret puisqu’il a quitté traversé le goulet de Brest vendredi après le coucher du soleil. Tracté par le remorqueur néerlandais Multratug 18, l’ex-Duperré devrait arriver demain au port belge de Gand, où il sera déconstruit par le groupe Galloo.

L'ex-Duperré à bâbord de l'ex-Colbert à Landévennec (© : MICHEL FLOCH)
Toulon : L’ex-Commandant Rivière sur le départ
A noter qu’un autre remorqueur néerlandais, le Multratug 20, descend vers Gibraltar avec Toulon pour destination. Devant arriver dans le port varois le 14 octobre, ce navire prendra probablement en charge l’ex-aviso-escorteur Commandant Rivière, qui va lui aussi être déconstruit en Belgique.

L'ex-Commandant Rivière à Toulon (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)