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Siroco, Meuse, Albatros, Athos, Aramis…  La Marine nationale va voir la flotte de surface se contacter encore en 2015 avec le désarmement, la cession ou le transfert de cinq « grands » bâtiments. La nouvelle a été confirmée mercredi par le ministère de la Défense, lors de l’annonce des effets pour l’an prochain du plan de restructuration des armées, imposé par les restrictions budgétaires. En fait, aucun départ d’unité n’est réellement une surprise, la plupart ayant déjà été programmés et annoncés. A noter le cas du Montcalm, frégate mise en service en 1982 et qui devait prendre sa retraite l'an pochain. Elle attendrait finalement 2016, assure l'état-major. C'est en effet à cette période la Languedoc, quatrième FREMM française mise à flot cet été sur le site DCNS de Lorient, doit arriver à Toulon pour la remplacer. Son aînée, la Provence, la précedera en 2015 afin de succéder au Dupleix (1981), retiré du service en juin dernier.

 

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© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE

Le Montcalm (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

Plus que trois ravitailleurs après le départ de la Meuse

 

Pour ce qui est du pétrolier-ravitailleur Meuse, opérationnel depuis 1980, on savait déjà qu’il devait quitter le service actif, une mise en complément étant évoquée l’an dernier. Cette solution avait été présentée comme permettant de réarmer le bâtiment en cas d’indisponibilité prolongée du Var (1983), de la Marne (1987) ou de la Somme (1990), dont le remplacement par les trois nouveaux bâtiments logistiques du programme FLOTLOG a été repoussé après 2019. Mais il fait dire qu’il n’y avait pas grand monde pour croire à cette mise en « réserve », déjà perçue comme un désarmement définitif déguisé. Les choses sont désormais officielles puisque la Meuse sera belle et bien retirée du service actif l’an prochain, la décision concernant le port où elle sera stationnée n’étant pas encore arrêtée. Contraints de faire durer leurs trois derniers bâtiments de ravitaillement au-delà de la limite d’âge initialement prévue, les marins pourraient se servir de cette coque comme d’un stock de pièces détachées. Il conviendra également de voir si le retrait de la Meuse entraine le rapatriement à terme de la Somme à Toulon, le bâtiment étant basé à Brest depuis 2011.

 

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© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE

La Meuse (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

Le Siroco en attente d’un repreneur

 

Le retrait du service du transport de chalands de débarquement Siroco était également connu depuis la publication du nouveau Livre Blanc sur la Défense et le vote de la Loi de Programmation Militaire (2014 – 2019) qui en a découlé. Le format de la flotte de bâtiments amphibies a en effet été resserré à trois unités au lieu de quatre, entérinant de facto l’abandon de la construction d’un quatrième BPC du type Mistral et la vente du Siroco. Sistership de l’ex-Foudre, rachetée en 2011 par le Chili, le dernier TCD de la marine française dispose encore d’un bon potentiel, puisqu’il ne date que de 1998 (soit 8 ans après la mise en service de la Foudre) et a été bien entretenu et mis à niveau. Il peut donc intéresser une marine étrangère, le Chili faisant bien entendu figure de repreneur le plus logique. Des discussions sont en cours pour la vente du Siroco, leur aboutissement  devant conditionner la date de retrait du service du bâtiment au sein de la flotte française.

 

Le Siroco (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

L’épineux problème du remplacement de l’Albatros

 

Le désarmement de l’Albatros en 2015 était lui aussi prévu, le bâtiment, à bout de souffle, ne pouvant plus être prolongé. Ancien chalutier construit en 1967 et racheté en 1984, le patrouilleur assure depuis trente ans la surveillance de l’espace maritime des archipels français de l’océan Austral. Malgré la nécessité de cette mission, qui permet notamment d’éviter que les ressources halieutiques des TAAF soient pillées, aucune solution de remplacement de l’Albatros n’a pour le moment vu le jour. Les réflexions sont toujours en cours, notamment sur le plan interministériel, pour financer un moyen capable d’assurer la relève. En attendant, le vieux patrouilleur doit, si les prévisions sont respectées, quitter La Réunion l’été prochain pour rejoindre Brest, où se dérouleront les opérations de retrait du service. Une fois désarmée, la coque de l’Albatros devrait rejoindre Lorient afin de remplacer l’ex-bâtiment de soutien mobile Rhône comme brise-lames. Le retrait du service de l’Albatros pourrait néanmoins être conditionné par la remise en service de la frégate Nivôse, sérieusement endommagée par un incendie fin septembre au large de La Réunion.

 

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© MARINE NATIONALE - LUDOVIC PICARD

L'Albatros (© MARINE NATIONALE)

 

La DGA n’avait plus besoins des PSS de Bayonne

 

La Marine nationale va, enfin, cesser d’armer les patrouilleurs de surveillance des sites Athos et Aramis.  Livrés à la Direction Générale de l’Armement en 1980 et 1981, ces bâtiments avaient été spécialement construits pour assurer la surveillance et la protection des approches maritimes du centre d’essais des Landes. La DGA ne souhaitant plus conserver ces bâtiments, dont les missions vont être confiées à un prestataire privés, l’Athos et l’Aramis ne seront plus mis en œuvre par la marine en 2015. Une décision qui entraine la fermeture de la base navale de l’Adour, créée spécialement, en 1983, pour soutenir les deux PSS. Ces bâtiments devraient être transférés à une autre administration. On parle notamment de la Gendarmerie maritime, qui serait intéressée par l’Athos et l’Aramis afin, notamment, de remplacer le vieux patrouilleur Glaive à Cherbourg.

 

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© MICHEL FLOCH

L'Athos (© MICHEL FLOCH)

 

La flotte largement sous la barre des 100 unités

 

Au final, déjà passée sous la barre symbolique des 100 bâtiments en 2010, va voir son format réduit à un peu plus de 80 unités de combat et logistiques en 2015 (sous-marins, porte-avions, BPC, frégates, patrouilleurs, bâtiments de guerre des mines et de soutien). Les désarmements ne seront en effet que très partiellement compensés. Celui du Montcalm le sera par l’arrivée de la Languedoc, qui rejoindra l’Aquitaine et la Normandie. La Marine nationale prendra également livraison du premier des trois bâtiments multi-missions (B2M) destinés à remplacer les bâtiments de transport légers, dont les deux derniers exemplaires (Dumont d’Urville et La Grandière), devraient être mis en retraite en 2016, année de la livraison des deux autres B2M, mais aussi des deux PLG. Les nouveaux patrouilleurs légers guyanais remplaceront La Capricieuse et la Gracieuse, deux unités du type P400 opérationnelles depuis 1987. Le contrat devrait être prochainement notifié, la compétition se jouant probablement, puisque l’appel d’offres impose des bateaux en acier, entre le Boulonnais Socarenam et les chantiers bretons.

 

664 suppressions de postes en 2015

 

Côté effectifs, les personnels de la Marine nationale sont aujourd’hui au nombre de 36.500, dont 2800 civils. Le chiffre de 36.500 tombe à 31.000 si l’on exclut les personnels détachés, notamment dans les structures interarmées. Cette gestion complexe des personnels va d’ailleurs être améliorée puisqu’à compter du 1er janvier 2015, chaque armée comptabilisera de nouveau, dans ses effectifs, l’ensemble de ses personnels, où qu’ils soient.

En matière de réductions de postes, la marine doit en perdre 664 l’an prochain (sur les 7500 prévues pour l’ensemble du ministère de la Défense), après les 500 postes déjà supprimés cette année (liés à la fin des réductions d’effectifs entérinées par la précédente LPM et le début de celles actées par la nouvelle LPM). La déflation se poursuivra dans les années qui viennent, même si on ne connait pas leur ampleur exacte. En fait, l’Hôtel de Brienne a décidé de ne pas attribuer d’entrée de jeu, comme ce fut le cas précédemment, un objectif chiffré à chaque armée sur la période de la LMP. La nouvelle méthode fixe un objectif global pour l’ensemble du ministère, une étude fonctionnelle permettant année après année de déterminer les postes, services et implantations à supprimer, réorganiser ou fermer. L’avantage de cette approche est qu’elle permet d’aborder les suppressions de manière beaucoup plus fine et intelligente, évitant le travers des coupes mécaniques (x postes à supprimer dans chaque armée sur 5 ans) négligeant la réalité du terrain et celle des besoins opérationnels. Il y a néanmoins un revers de la médaille : le fait que les arbitrages soient rendus tous les ans engendre une guerre interne entre les armées, qui jouent désormais des coudes en permanence pour sauver ce qui peut l’être.

 

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