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Subissant elle aussi les contraintes budgétaires, la flotte française est néanmoins parvenue à conserver l’ensemble de ses capacités, faisant d’elle, désormais, la seule marine globale d’Europe. Son groupe aéronaval, qui s’est illustré sur de nombreux théâtres d’opérations, va gagner en puissance avec une chasse embarquée axée uniquement autour du Rafale et la refonte du Charles de Gaulle, qui vient de débuter et verra le porte-avions français reprendre du service au second semestre 2018. Afin d’assurer la permanence de la disponibilité du groupe aéronaval, très employé ces dernières années, la question du second porte-avions français refait également surface. Les études pourraient reprendre dès le début des années 2020 mais, vu que le Charles de Gaulle est opérationnel depuis 2001 et que la réalisation d’un sistership ou dérivé n’est plus possible, la France visera probablement, cette fois, un programme de deux nouveaux bâtiments, plus grands et probablement à propulsion conventionnelle.

 

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© MARINE NATIONALE

Le Charles de Gaulle (© : MARINE NATIONALE)

 

La chasse embarquée française a, quant à elle, achevé sa transformation en 2016 suite au retrait du service des derniers Super Etendard. Ses trois flottilles (11F, 12F, 17F) sont désormais toutes équipées de Rafale Marine. L’aéronautique navale dispose aujourd’hui de 42 avions de ce type, le dernier des 10 premiers appareils livrés au standard F1 et retrofités au standard F3 allant reprendre du service en 2017. Les commandes en cours prévoient la livraison de deux Rafale supplémentaires, qui ne devraient pas sortir des usines de Dassault Aviation avant 2020. Les trois avions de guet aérien E-2C Hawkeye vont quant à eux être modernisés entre 2017 et 2019, leur remplacement par des E-2D Advanced Hawkeye étant envisagé à la fin des années 2020.

 

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© MARINE NATIONALE

Hawkeye et Rafale sur le Charles de Gaulle (© : MARINE NATIONALE)

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Concernant les hélicoptères, la Marine nationale a réceptionné en décembre 2016 son 18ème Caïman Marine (NH90). Neuf autres doivent être livrés d’ici 2021 afin d’achever le renouvellement des Super Frelon et Lynx. A noter que les deux EC225 qui ont servi temporairement pour les opérations de sauvetage en mer à partir de 2010 ont été transférés en 2016 à l’armée de l’air.

Alors que les 16 Panther ont été récemment modernisés et que 11 Dauphin sont en service, le remplacement des 20 dernières Alouette III encore en parc est à l’étude. On s’oriente pour le moment vers un programme interarmées, le HLI, qui devrait voir le jour au début des années 2020 mais qui s’annonce complexe puisque certains besoins des aviateurs, marins et soldats français sont difficiles à faire converger. La Marine nationale souhaite, de plus, se doter au cours de la prochaine décennie de drones embarqués à voilure tournante. Les expérimentations menés depuis 2012 avec le Camcopter S-100 vont se poursuivre dans le cadre des études devant conduire au développement du futur système de drone aérien de la marine (SDAM). 

 

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© MARINE NATIONALE

Atlantique 2 (© : MARINE NATIONALE)

 

La modernisation des avions de patrouille maritime Atlantique 2 a quant à elle débuté. 15 à 18 appareils (sur 23 en parc) doivent être rénovés – première livraison en 2019 - afin de pouvoir voler au-delà de 2030 avec un système d’armes répondant aux besoins prévisibles en matière de lutte contre les sous-marins mais aussi aux actions au-dessus de la terre. Les ATL2 sont en effet employés de manière intensives dans les opérations de l’armée française en Afrique et au Moyen-Orient.

 

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Le nombre d’avions de surveillance maritime Falcon 50 a pour sa part doublé avec la transformation de quatre anciens appareils de l’armée de l’Air, venus s’ajouter entre 2014 et 2016 aux quatre F50M livrés à la marine au début des années 2000.

Quant aux cinq vieux Falcon 200 Gardian basés à Tahiti et à Nouméa, ils continuent de voler en attendant le lancement, plusieurs fois retardé, du programme des nouveaux avions de surveillance et d’intervention maritime. Les AVSIMAR remplaceront non seulement les Gardian, mais également les 10 Nord 262 retirés du service en 2009, puis les Falcon 50. En tout, 15 nouveaux avions sont souhaités par la marine.

 

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© MARINE NATIONALE - M. PRIGENT

La FREMM Aquitaine (© : MARINE NATIONALE)

 

Dans le domaine des frégates, le renouvellement bat son plein. Après les deux frégates de défense aérienne (FDA) Forbin (2010) et Chevalier Paul (2011) du type Horizon, les frégates multi-missions (FREMM) succèdent aux F70 ASM et constituent avec l’hélicoptère Caïman un redoutable tandem, notamment dans le domaine de la lutte anti-sous-marine. Au printemps 2017, quatre FREMM auront été livrées (et trois admises au service actif). Quatre autres s’y ajouteront d’ici 2022, dont deux aux capacités de défense aérienne renforcées (FREDA) afin de remplacer les Cassard et Jean Bart (F70 AA).

 

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© DCNS

La future FTI (© : DCNS)

 

Ce programme sera suivi par celui des cinq frégates de taille intermédiaire (FTI). Destinés à remplacer les La Fayette, ces bâtiments doivent être commandés en avril 2017 en vue d’une livraison de la tête de série à partir de la fin 2023 par DCNS, qui décline cette plateforme à l'export sous le nom de Belharra. Les FTI permettront à la Marine nationale de disposer d’un parc d’au moins 15 frégates de premier rang modernes et dotées d’importantes capacités dans tous les domaines de lutte.

Concernant les sous-marins, la refonte des quatre SNLE du type Le Triomphant s’achèvera d’ici 2019 avec la remise en service du Téméraire, qui était le dernier à mettre en œuvre le missile balistique M45, remplacé par une nouvelle version du M51. Les études concernant leurs successeurs ont déjà débuté, le premier SNLE 3G devant entrer en service au début des années 2030.

 

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© MARINE NATIONALE - ALAIN MONOT

SNLE du type Le Triomphant (© : MARINE NATIONALE)

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Du côté des SNA, la tête de série du programme des six Barracuda, le Suffren, doit être livrée en 2019, avec deux ans de retard par rapport à la date initialement prévue. Cela conduit la marine à prolonger le Rubis (1983) au moins jusqu’à l’été 2017. Le Suffren sera suivi de ses cinq sisterships d’ici 2029. Ces bâtiments, plus grands et plus puissants que les actuels Rubis, vont apporter de nouvelles capacités stratégiques, à commencer par la mise en œuvre du missile de croisière naval, qui sera opérationnel cette année sur les FREMM. Une arme très précieuse et unique en Europe – car elle équipe aussi bien des frégates que des sous-marins – qui permet à la France d’enrichir sa palette d’outils militaires pour traiter des cibles ou des menaces terrestres depuis la mer. Il est également à noter l’accent qui a été porté à la mise en œuvre des forces spéciales à partir des Barracuda.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Le patrouilleur léger guyanais (PLG) La Confiance (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

 

La situation est en revanche plus complexe dans le domaine des patrouilleurs. Si les moyens sont renouvelés en 2017 en Guyane avec la mise en service des deux nouveaux bâtiments du type PLG, qui remplacent les vieux P400 La Capricieuse et La Gracieuse, datant de 1987,  la flotte française connait ailleurs des trous capacitaires. Et il vont rapidement s’accentuer du fait que le programme des bâtiments de surveillance et d’intervention maritime (BATSIMAR), destiné à assurer le renouvellement des deux derniers P400 (Nouvelle-Calédonie), des 9 avisos du type A69 (Brest et Toulon), de l’Arago (Polynésie), du Malin (La Réunion), ou encore des trois PSP du type Pluvier basés à Cherbourg, a été renvoyé à la prochaine loi de programmation militaire (2020-2025).

 

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Ce programme est si important pour les besoins maritimes dans les immenses territoires ultramarins que son avancement a été demandé. La Marine nationale, qui souhaite la construction de 18 unités de ce type, espère ainsi une livraison de la tête de série dès 2021, au lieu de 2024. Prévus pour être basés à raison de trois ou quatre exemplaires sur chaque façade métropolitaine ainsi que deux unités dans les principaux territoires ultramarins (Antilles, Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie), ces futurs bâtiments sont destinés à marquer la souveraineté française, défendre les intérêts stratégiques à coût modéré et remplir une grande variété de missions (assistance, sauvetage, lutte contre la pollution…)

 

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© KERSHIP

B2M (© : DCNS - KERSHIP)

 

En attendant la mise en service des BATSIMAR, le déficit en patrouilleurs va être partiellement compensé Outre-mer par les quatre nouveaux bâtiments multi-missions (B2M), dont deux exemplaires sont déjà opérationnels en Nouvelle-Calédonie (D’Entrecasteaux) et en Polynésie française (Bougainville). Le troisième (Champlain) le sera cette année à La Réunion et le quatrième (Dumont d’Urville) aux Antilles fin 2018. Ces plateformes très polyvalentes ont néanmoins pour mission principale le soutien logistique – notamment en cas de catastrophe naturelle – en remplacement des bâtiments de transport léger (Batral). S’y ajoutera en 2017 le patrouilleur polaire L’Astrolabe (PLV), qui assurera à la fois le remplacement de l’Albatros, désarmé début 2016, et celui du ravitailleur civil éponyme chargé du soutien logistique des bases françaises en Antarctique.

 

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© PIRIOU

L'Astrolabe en achèvement à flot (© : PIRIOU)

 

En charge de la réalisation des B2M et du PLV, Piriou livrera également via Kership (sa société commune avec DCNS), en 2018 et 2019, quatre bâtiments de soutien et d’assistance hauturiers (BSAH). Les futurs Loire, Rhône, Seine et Garonne remplaceront les remorqueurs de haute mer Tenace (1973) et Malabar (1976) à Brest, les bâtiments de soutien de région Gazelle (1978) et Taape (1983) à Toulon, ainsi que le BSR Elan (1978), basé à Cherbourg.  

 

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© KERSHIP

 

Alors que les études se poursuivent en vue du remplacement au début des années 2020 des chasseurs de mines par des moyens basés sur l’emploi de drones au travers du programme SLAMF, avec un volet en coopération avec les Britanniques, le renouvellement de la composante amphibie est essentiellement achevé, même s’il reste à trancher la question de la succession des vieux chalands de transport de matériel. Les capacités et la disponibilité des bâtiments de projection et de commandement (BPC) du type Mistral, livrés entre 2006 et 2012, ont permis de réduire le format à trois unités au lieu de quatre, niveau jugé à ce jour suffisant pour répondre aux besoins.

 

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© MARINE NATIONALE

BPC du type Mistral (© : MARINE NATIONALE)

 

Enfin, la Marine nationale attend avec impatience le lancement du programme FLOTLOG, qui permettra de remplacer au début de la prochaine décennie sa flotte logistique, indispensable notamment pour assurer l’autonomie du groupe aéronaval. Toutefois, compte tenu des contraintes budgétaires, seulement trois nouveaux bâtiments devraient succéder au Var, à la Marne et à la Somme, ainsi qu’aux Meuse, Jules Verne et Loire déjà retirés du service.

Dans l’ensemble, la Marine nationale parvient donc à maintenir son rang mais fonctionne à flux tendu compte tenu de la démultiplication de ses engagements et de sa présence désormais permanente sur quatre à cinq théâtres d’opération (au lieu de deux prévus par le dernier Livre Blanc). Heureusement, l’attention portée aux équipages et les efforts conjoints réalisés par le Service de Soutien de la Flotte et DCNS ont permis d’accroître le taux de d’utilisation des bâtiments, qui atteint un niveau remarquable et dépasse significativement celui constaté dans la plupart des grandes marines.

 

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© MARINE NATIONALE

(© : MARINE NATIONALE)

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