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La ministre des Armées, Florence Parly, s’est rendue hier à Cherbourg pour faire le point sur l’avancée du chantier de réparation de la Perle. Le sous-marin nucléaire d’attaque de la Marine nationale, victime d’un grave incendie le 12 juin dernier alors qu’il était en cale sèche à Toulon, a été pour mémoire transporté en décembre par cargo jusqu’à la pointe du Cotentin afin d’être remis en état par Naval Group. Il s’agit notamment de remplacer le tiers avant, kiosque compris, par une section prélevée sur le Saphir, SNA du même type (le premier des six Rubis à avoir été retiré du service) désarmé à Cherbourg en 2019. L’arrière de la Perle, abritant notamment la chaufferie nucléaire, n’a pour mémoire pas été touché par le sinistre, ce qui a permis de sauver ce sous-marin, en service depuis 1993 et qui est le plus récent des six Rubis.  

Le 24 novembre, après une phase de préparation, la Perle sortait du bassin où a eu lieu l’incendie dans la base navale de Toulon. Le 10 décembre, le sous-marin quitte le port varois après avoir été embarqué dans le radier du navire semi-submersible Rolldock Storm, qui l’amène jusqu’à Cherbourg, où le convoi solidement escorté arrive le 18 décembre. La Perle est débarquée, remorquée dans la base navale et, le 6 janvier, est placée sur le dispositif de mise à l’eau (DME) de la zone Cachin, qui sert habituellement à la mise à l’eau des nouveaux sous-marins produits par le chantier cherbourgeois de Naval Group. Installée sur le terre-plein faisant face à la nef d’assemblage Laubeuf, la Perle voit, après une nouvelle phase de préparation, sa partie avant découpée le 23 février.

 

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© NAVAL GROUP

Sous le SNA Perle, le 23 février 2021, deux trains d'oxycoupage découpent la coque du sous-marin (© NAVAL GROUP)

 

Pendant ce temps, l’ex-Saphir, qui était en attente dans la zone du Homet, a lui aussi été préparé de novembre à février par les équipes de Naval Group, qui ont procédé à des découpes d’éléments de structures intérieures et de tuyauteries, tout en séparant le câblage entre la partie avant qui va être prélevée et le reste de la coque. Des travaux d’étanchéité sont également menés afin de permettre le transfert vers la zone Cachin. L’ancien Saphir rejoint finalement le DME, est lui aussi mis au sec et sa partie avant découpée.

 

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© NAVAL GROUP

A gauche l'avant de la Perle, en haut à droite l'arrière du Saphir et en bas l'arrière de la Perle (© NAVAL GROUP)

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(© NAVAL GROUP)

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© NAVAL GROUP

(© NAVAL GROUP)

 

En mars, les équipements et structures nécessaires à l’opération de jonctionnement sont mis en place, alors que les quatre sections de coque des deux sous-marins sont déplacées au moyen de marcheurs en prévision du soudage de la partie avant du Saphir avec la partie arrière de la Perle, prévu d’ici la fin du mois d’avril. L’avant endommagé de la Perle sera également soudé à la partie arrière du Saphir, qui ne sera pas déconstruit avant des années et doit retrouver la zone d’attente du Homet.

Les deux coques ainsi reconstituées doivent être remises à l’eau au début de l’été. La Perle rejoindra temporairement la forme du Homet pour quelques mois, dans le cadre de la poursuite des travaux, dont le raboutage des câbles et collecteurs. Quant au Saphir, il sera mis en attente à quai avant de prendre la place de la Perle lorsque celle-ci repartira pour Toulon, normalement à l’automne.

Ce chantier de réparation concerne un tiers environ des installations du sous-marin, soit 55 sur 157. En plus des opérations de découpe et de soudage sur la coque, mais aussi la confection de nouveaux ponts et cloisons, les travaux comprennent quelques 2000 reconnexions sur 120 câbles électriques (50% de câbles gainés, 50% de câbles souples) et pour la tuyauterie 60 collecteurs à souder. L’opération représente 250.000 heures de travail sur le plan industriel, auxquelles il faut ajouter 100.000 heures d’études, réalisées notamment via une maquette numérique et ayant nécessité la création et la mise à jour de 2000 plans et documents. En tout, 300 personnes seront mobilisées.

 

 

Une fois la Perle revenue dans la base navale varoise, les travaux de son ultime arrêt technique majeur (IPER) reprendront là où ils avaient été interrompus par l’incendie. Il conviendra notamment de réintégrer à bord tous les équipements qui avaient été débarqués dans le cadre d’opérations de visites techniques ou de modernisation, la partuie avant du bâtiment étant par chance quasiment vide au moment du sinistre. Quant à la chaufferie nucléaire, dont les éléments combustibles avaient été débarqués quelques semaines plus tôt, elle sera rechargée. Au final, la Perle devrait reprendre du service en 2023. Elle pourra naviguer jusqu’en 2030, date à laquelle son successeur, le sixième et dernier SNA du programme Barracuda (dont la tête de série, le Suffren, a été livrée par Naval Group en novembre dernier), sera réceptionné par la flotte française.  

On notera qu’à l’issue de sa remise en état, la Perle, qui mesurait 73.6 mètres de long pour 7.6 mètres de diamètre et un déplacement en plongée de 2670 tonnes, sera légèrement plus grande et lourde. Le bâtiment verra en effet sa longueur augmenter d’environ 1 mètre et son déplacement croître de 68 tonnes du fait de la conservation d’un anneau supplémentaire, les parties avant de la Perle et du Saphir n’ayant pas été découpées exactement au même endroit (cela pour faciliter la reconnexion des installations internes). Ce léger agrandissement permettra de créer deux nouveaux locaux, un gain appréciable en matière d’emménagement à bord de ce sous-marin particulièrement compact où l’espace est une denrée très rare.

Alors qu’à ce jour la Marine nationale ne compte plus que quatre SNA en service (Rubis, Casabianca, Emeraude et Améthyste) pour un format normal de six, il a été décidé de prolonger le Rubis jusqu’à la fin 2022 pour compenser l’indisponibilité plus longue que prévu de la Perle (qui devait initialement être de nouveau opérationnelle cette année après son IPER). La flotte va également pouvoir compter sur son premier Barracuda neuf, le Suffren, dont l’admission au service actif est normalement prévue d’ici la fin de cette année. Son premier sistership, le Duguay-Trouin, est actuellement en achèvement à Cherbourg où sa mise à l’eau est prévue cet été, une fois que la Perle et l’ex-Saphir auront libéré le DME. Devant être livré en 2022, le Duguay-Trouin sera suivi en 2024 par le Tourville, puis en 2026 le De Grasse et enfin, en 2028 et 2030, par les nouveaux Rubis et Casabianca.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.

 

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