Disposant historiquement de la première puissance navale d’Europe, le Royaume-Uni a fait les frais de coupes budgétaires répétées qui ont réduit significativement sa flotte depuis 15 ans. Ombre de ce qu’elle était autrefois, la Royal Navy, qui pointe désormais au quatrième rang mondial en tonnage (407.000 tonnes) derrière ses homologues américaine, russe et chinoise, a désarmé en 2014 le dernier de ses trois porte-aéronefs du type Invicible, le HMS Illustrious. Il doit en être de même en 2018 pour le porte-hélicoptères HMS Ocean, qui sera alors âgé de seulement 20 ans mais dont le Royaume-Uni a décidé de se séparer prématurément pour des questions d'économies.

Le porte-hélicoptères HMS Ocean (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)
La Royal Navy va néanmoins reprendre de la vigueur dans les années qui viennent avec ses deux nouveaux porte-avions. Le HMS Queen Elizabeth prépare ses premiers essais en mer alors que l’assemblage de son sistership, le HMS Prince of Wales, s’achève en Ecosse en vue d’une mise à l’eau cet été. Dotés de F-35B à décollage court et appontage vertical, ces bâtiments permettront aux Britanniques de recouvrer une composante de projection de puissance aéromaritime, sans pour autant disposer de capacités aussi importantes que celles offertes par un porte-avions à catapultes comme le Charles de Gaulle, qui peut mettre en œuvre des aéronefs lourds comme des chasseurs multi-rôles conventionnels et des avions du guet aérien. Une longue phase de mise au point et de tests, ainsi que le réapprentissage de la mise en œuvre d’une aviation embarquée (capacité que les Britanniques ont perdu fin 2010 avec le retrait du service des Harrier), est prévue avant le premier déploiement opérationnel du HMS Queen Elizabeth, prévu à l’horizon 2021.

Les futurs HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales (© AIRCRAFT CARRIER ALLIANCE)
Pour le reste, la Royal Navy renouvelle progressivement ses moyens. Après les six destroyers antiaériens du Type 45, la prochaine décennie sera consacrée au remplacement des treize frégates anti-sous-marines du Type 23 par les futures Type 26. Les huit bâtiments de ce type, dont le premier verra sa construction débuter cet été, seront complétés par cinq frégates multi-missions plus légères, les Type 31.

OPV du type River (© BAE SYSTEMS)
Dans le domaine des patrouilleurs hauturiers, la Royal Navy a décidé fin 2016 de porter de trois à cinq le nombre des OPV du type River, dont les deux premiers exemplaires, les HMS Forth et HMS Medway, entreront en flotte cette année.
Concernant les forces sous-marines, Londres a définitivement acté en 2016 le programme Successor de renouvellement de ses quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Vanguard. La construction de la tête de série, le HMS Dreadnought, a débuté en octobre en vue d’une mise en service vers 2030.
Par ailleurs, le programme des sept nouveaux sous-marins nucléaire d’attaque (SNA) du type Astute se poursuit. Le troisième exemplaire est entré en service en mars 2016 et le quatrième devrait suivre cette année. L’arrivée de ces unités est d’autant plus cruciale que la Royal Navy peine à maintenir ses derniers SNA du type Trafalgar.

Le futur SNLE HMS Dreadnought (© BAE SYSTEMS)
Alors que la future composante de guerre des mines britannique fait l’objet d’une coopération avec la France dans le cadre du programme MMCM, la Royal Fleet Auxiliary doit s’enrichir cette année du premier des quatre nouveaux bâtiments logistiques du type Tide. L’importance du soutien a, il faut le rappeler, toujours été une priorité britannique, ce qui caractérise une marine vraiment océanique.

Le RFA Tidespring, première unité du type Tid (© SEAQUEST MARINE PROJECT)
Quant au trou capacitaire en matière de patrouille maritime, lié à l’abandon du programme Nimrod MRA 4 de la Royal Air Force en 2010 et qui fragilise la dissuasion nucléaire britannique, il va être enfin comblé par l’achat de 9 P-8A Poseidon américains. Ces appareils, dont le premier devrait être opérationnel en 2020, seront opérés par la RAF à partir de la base écossaise de Lossiemouth.
Concernant l’aviation embarquée, suite au retrait du service des Harrier, il conviendra de voir comment la marine britannique se reconstituera avec les F-35B, sur lequel le flou persiste quant aux moyens qui seront attribués aux nouveaux porte-avions. On se souvient que la fusion des appareils de la RAF et de la Fleet Air Arm dans les années 2000 avait entrainé une grave perte de compétences dans l’aviation embarquée, les anciens appareils de la Royal Navy étant mobilisés sur des théâtres d’opération terrestres.
Au niveau des hélicoptères, les derniers Sea King sont remplacés par des AW-101 Merlin (67 prévus, dont 25 provenant de la RAF), dont une dizaine va être gréée pour l’alerte lointaine à partir des futurs porte-avions, alors que les nouveaux AW-159 Wildcat (28 commandés) succèdent aux Lynx.
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